mercredi 14 janvier 2015

Aujourd’hui, #JachèteCharlie


Aujourd’hui, après le raz de marée populaire de dimanche, où nous avons été près de quatre millions à défiler pour la liberté d’expression et contre les horreurs commises la semaine dernière, on peut espérer un nouveau raz de marée chez les libraires, avec la sortie du nouveau Charlie Hebdo.


Un petit geste pour la liberté

Il faut être honnête, ce sera la première fois que j’achèterai Charlie Hebdo, mais en faisant ce geste, c’est un moyen de rendre hommage aux victimes des barbares islamistes et signifier mon attachement aux valeurs de la République, la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité. Plus Charlie Hebdo se vendra, plus les fondamentalistes perdront. Et le fait que le grand mufti d’Egypte soit choqué pousse plutôt à en faire la publicité au nom de la liberté d’expression, d’autant plus que cette une, expliquée par Luz au Figaro, est assez remarquable. Non seulement, en dessinant Mahomet, le journal ne recule pas, courageusement, démontrant que la barbarie n’a pas gagné. Mais en plus, il le fait d’une manière très élégante, la réaction de vrais républicains qui ne tombent pas dans la logique du pire.

Un vrai message d’espoir

« Devenir soi », ce terrible impératif moral postmoderne (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus.



Je n’ai pas lu le dernier avatar de la pensée attalienne et ne le lirai très probablement pas. Même s’il est toujours nécessaire de se confronter aux idées que l’on ne partage pas, d’autres lectures, bien plus intéressantes, m’attendent bien mieux que cette énième élucubration du gourou du libéralisme postmoderne en mal de reconnaissance et qui, à défaut d’être capable de porter un projet politique cohérent, se console – chacun fait comme il peut – en se disant qu’il pourra illuminer le petit peuple de l’Olympe de ses lumières toutes droites sorties des hauteurs de son énarchie[i]. Au passage et au demeurant, s’il on fait le choix de se fader du Jacques Attali, je conseille plutôt de revenir à ses premiers écrits : les Verbatim de ses années Mitterrand[ii] qui permettent de cerner à la fois l’ampleur des renoncements de la gauche, l’amorce de son virage et de sa conversation néolibérales et le génie politicien (et non génie politique : contrairement à ses airs florentins, Mitterrand n’a jamais été un Prince au sens machiavélien du terme puisque son génie a bien davantage servi sa soif de pouvoir que l’intérêt général[iii]) de son mentor[iv].

mardi 13 janvier 2015

Macron vante l’envie d’être milliardaire


L’actualité l’a fait un peu oublier, mais c’est une déclaration tellement révélatrice qu’il faut revenir dessus : le ministre de l’économie a dit à Las Vegas (sic) : « il faut des jeunes qui aient envie d’être milliardaires ». C’est le moment Rolex d’Emmanuel Macron, que l’actualité a bien protégé.



Dis-moi qui tu nommes à Bercy

Parler de milliards et non de millions a un sens : celui de la démesure d’une certaine élite. Pire, Macron est un énarque qui s’est mis en disponibilité à peine quatre ans après sa sortie de l’ENA pour devenir banquier d’affaire chez Rothschild. A quoi bon former sur fonds publics des hauts fonctionnaires qui partent aussi vite dans le privé ? Il n’est pas innocent non plus qu’il vienne de la finance. Dire qu’il y a cinq ans, les politiques dénonçaient les excès de cette finance qui nous avait plongé dans la pire crise économique depuis 80 ans. Aujourd’hui, ils tergiversent sur la taxe Tobin. Et faut-il s’étonner de la désindustrialisation quand on confie l’économie à un financier qui ne connaît rien à l’économie réelle ?

Son choix est également très révélateur d’un point de vue idéologique. En 2007, Emmanuel Macron a été le rapporteur de la commission pour la libération de la croissance française de Jacques Attali, mise en place par Nicolas Sarkozy. Quel meilleur exemple de cette proximité idéologique trop grande qui existe entre le PS et l’UMP que cet homme qui a servi un ancien conseiller de François Mitterrand qui servait Nicolas Sarkozy, puis qui devient ministre de l’économie quelques années après. Comment s’étonner ensuite que la loi qui porte son nom ressemble étrangement aux recommendations de la commission Attali, réalisant une partie de ce que l’ancienne majorité de droite n’avait pas osé faire.

L’impasse euro-mondialo-néolibérale

lundi 12 janvier 2015

#JeSuisCharlie : merci Jacques Sapir et Olivier Berruyer


Samedi, après avoir lu les effarants papiers de Boulevard Voltaire, je me suis demandé si tous les vrais démocrates n’étaient pas Charlie. Après avoir lu les papiers d’Olivier Berruyer, je peux y répondre par la négative, même si je persiste à pencher plus dans le sens de Jacques Sapir.


Des critiques pertinentes

L’émotion soulevée par le tragique assassinat de douze personnes à Charlie Hebdo peut compliquer toute forme de réflexion sur ce qui se passe. Les premières remises en question que j’ai pu lire ont un caractère volontiers islamophobe et s’en dégageait un semblant de justification absolument révoltant. Heureusement pour notre démocratie et la réflexion citoyenne, Olivier Berruyer, connu pour ses analyses économiques et sa lecture de la crise ukrainienne, propose une réflexion alternative absolument pas teintée du moindre relent xénophobe ou complaisant à l’égard de ce qui s’est passé. Avec « (Mission accomplished) : bien joué à tous » et « (Indécence) Rendons hommage à Charlie Hebdo : boycottons la manifestation du 11 janvier (pour 10 raisons », il propose deux papiers qu’il faut avoir lu.


Dans son premier papier, il fait un parallèle troublant avec les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, en notant que Manuel Valls utilise la rhétorique de Georges W Bush… Et il dénonce les lois liberticides qui en sont issues, dans un esprit qui semble finalement très fidèle à Charlie Hebdo. Dans un second papier, où il appelait à ne pas manifester pour rendre hommage au journal, il met en garde contre la récupération de la part de dirigeants européens qui bombardent l’Irak, il dénonce la présence du président ukrainien, qui a des soutiens néo-nazis, il rappelle qu’il n’adhère pas à tout ce qu’a fait Charlie Hebdo et critique l’ostracisme à l’égard du FN, sachant qu’il n’est pas plus complaisant que moi envers le parti lepéniste. Il conclut en disant qu’il n’est pas manipulable et en appelle au débat d’opinion.

Malgré tout, #JeResteCharlie

dimanche 11 janvier 2015

Le sens de la hausse des tarifs du service public


Il y a quelques jours, de nombreux médias se sont émus de la hausse du prix de certains tarifs du secteur public ou para-public, le Monde titrant « pas de déflation pour les tarifs publics ». Mais, tristement, peu se posent la question des raisons de ces augmentations.



Pourquoi une telle inflation ?

A dire vrai, les médias mélangent des choux et des carottes, au point que le Monde en profite pour annoncer une hausse de son tarif de 10%, suite à la baisse de sa diffusion ! Elle est sans doute liée aux hausses de son prix et à un ciblage de plus en plus assumé sur les lecteurs les plus fortunés. Il ne s’agit pourtant pas d’un service public, même si l’Etat aide largement la presse. L’augmentation de 4 centimes des taxes sur le gazole sera largement compensée par la baisse récente du prix du baril et réduit un écart difficilement justifiable avec l’essence. Mais le ponpon est décerné à la Poste pour la hausse du prix du timbre, devant l’abonnement téléphonique d’Orange ou celle de la SNCF.

L’augmentation du prix du timbre vient en bonne partie de l’effondrement du volume du courrier et du recul moins rapide de sa couverture du territoire. Mais il ne faut non plus oublier les effets de la libéralisation de la distribution des colis, probablement plus rentable, qui elle, progresse. Bref, la partie la plus juteuse du chiffre d’affaire de la Poste a été ouverte à la concurrence, contrairement à la partie en chute. Pas étonnant que les tarifs du timbre s’envole. On peut aussi voir dans la hausse du prix de l’abonnement téléphonique d’Orange un effet de la libéralisation du marché. Quand à la SNCF, la crise joue sans doute un rôle, que la différenciation toujours plus grande des tarifs peut amplifier.

L’attaque contre le secteur public

samedi 10 janvier 2015

Les vrais démocrates ne sont-ils pas tous Charlie ? #JeSuisCharlie


Demain sera un jour de recueillement, avec les manifestations de souvenir aux victimes de l’odieux carnage à Charlie Hebdo. Mais même maintenant, il est difficile de rester silencieux devant les réactions de certains à ces horreurs, qui amènent forcément à se poser des questions sur leurs motivations.



Quand Voltaire renie Charlie

Internet est véritablement devenu le dépotoir de notre société : quelle indignation et quelle honte de voir des personnes, souvent derrière la protection de l’anonymat que peut offrir Internet, se réjouir des assassinats de mercredi ! Mais un fumet bien peu ragoutant se dégage également de la réacosphère, souvent herbégée Boulevard Voltaire. Dominique Jamet écrit : « les tueurs aux gages d’une religion de ténèbres ne se sont pas trompés de cibles », comme si les assassins de mercredi étaient les représentants de la religion musulmane, globalisant ce qui ne devrait pas l’être, surtout en ce moment !

Toujours sur ce triste boulevard, Robert Ménard soutient : « non la rédaction de Charlie Hebdo n’a pas été attaquée par des gens adversaires de la liberté de la presse. Elle a été attaquée parce qu’elle avait osé, courageusement, librement, critiquer l’islam ». Comme si on pouvait dissocier les deux ! C’est bien parce que ces barbares sont des adversaires radicaux de la liberté de la presse et des fous heureusement marginaux qu’ils ont réagi de telle manière contre ceux qui ont critiqué leur religion. Il est totalement absurde de prétendre le contraire, comme Robert Ménard.

Cela est d’autant plus incompréhensible que Dominique Jamet et Robert Ménard sont aussi des journalistes et qu’il est bien évident que Boulevard Voltaire pourrait être une victime des terroristes islamistes. Comment ne peuvent-ils pas comprendre que, peut-être plus que d’autres, ils sont Charlie ? Ce faisant, on peut se demander s’ils ne sous-entendent pas en fait que tous les musulmans sont capables demain de faire la même chose, dans leur ligne de guerre de civilisation.

Plus intolérant que quoi que ce soit ?

vendredi 9 janvier 2015

Euro moins cher et conséquences





Le cours d’une monnaie pour les nuls

Dans le zoom éco d’Europe 1, Axel de Tarlé s’est lancé dans un décryptage effarant de qui profiterait de la baisse de l’euro. Dans son monde, les entreprises (exportatrices) seraient les gagnantes : on dit qu’Airbus gagne 1 milliard pour une baisse de 10 cents de l’euro. En revanche, les ménages y perdraient puisque ce que nous importons serait 15% plus cher, Axel de Tarlé évoquant les téléphones et le pétrole, tout comme le tourisme aux Etats-Unis. Dans sa bulle, il confond les classes moyennes avec les quelques pourcents de la population qui peuvent voyager outre-Atlantique. Et ses exemples sont bien mal choisis puisque le prix de l’essence baisse et que le prix des téléphones est stable…

C’est ainsi qu’il fait un parallèle ridicule avec les mesures du gouvernement en disant que la baisse de l’euro revient à prendre aux ménages pour donner aux entreprises. D’abord, il oublie que la la majorité de nos importations viennent de la zone euro, où rien ne change. Puis que le pétrole représente un quart du reste et voit son prix baisser. Bref, l’impact de la baisse de l’euro concerne à peine 7 à 8% de la consommation. Ensuite quand nos entreprises vendent plus, elles embauchent plus et peuvent payer un petit peu plus. Bref, les ménages perdent bien moins que suggéré et gagnent aussi, contrairement à ce qu’Axel de Tarlé dit en récitant le catéchisme de soutien à une monnaie chère.

Les conséquences de l’euro moins cher

jeudi 8 janvier 2015

Une pensée pour Charlie Hebdo, une pensée pour notre démocratie


Hier, la barbarie a frappé le journal Charlie Hebdo. Douze personnes ont été assassinées parce qu’elles s’exprimaient librement et avaient osé critiquer l’Islam. Un acte abominable tellement inhabituel dans notre pays qui a provoqué une réaction bienvenue.

Ma première pensée va naturellement aux familles, aux proches et aux collègues des victimes, ainsi qu’à tous les journalistes qui étaient les cibles de ces terroristes, dont l’ambition est de faire peur et d’imposer une censure. Ce faisant, c’est la démocratie qui était visée puisque leur objectif est de restreindre la liberté de penser et d’écrire en créant des interdits qui ne sont pas ceux de notre République. Du coup, Charlie Hebdo est devenu un marqueur très important de ce qu’est une véritable démocratie, où les médias doivent pouvoir remettre en cause les institutions, y compris de manière très irrévérencieuse. C’est parce qu’il est possible de faire cela que nous vivons vraiment dans une démocratie.



mercredi 7 janvier 2015

Disparition de la gauche et mise en péril de la démocratie (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus.


On serait, tout particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir de M. Hollande et de ses sbires, bien en mal de définir ce qu’est la gauche aujourd’hui.

Pourtant si l'on prend une approche historique, on ne manque pas de concret. En effet, en repartant  du positionnement droite-gauche à la Révolution[i] :
- la gauche est initialement monarchiste constitutionnelle, pour proposer un espace de liberté et d'égalité en opposition à la monarchie absolue ;
- puis républicaine, pour une société où chacun peut accéder aux responsabilités ;
- puis sociale ou socialiste, pour une société qui ne laisse personne au bord du chemin.

A travers le miroir (billet invité)


Billet invité de Marc Rameaux


1.  Civilisation et barbarie

Le monde moderne aime à se présenter comme l’aboutissement et le gardien de la civilisation. « Moi ou le chaos ». Il ne semble pas se souvenir qu’il doit son existence à l’ancienne tradition de la discussion critique et à la lutte contre l’arbitraire monarchique. Un discours - quel qu’il soit - se présentant comme le seul raisonnable et possible est précisément l’inverse d’un discours civilisé. C’est une barbarie avide, qui a pris une apparence convenable pour mieux parvenir à ses fins.