dimanche 11 août 2013

En visant la 5ème République, le Front de Gauche se trompe de cible


Il faut sans doute y voir un reste de l’opposition originelle du PCF à la Cinquième République. C’est une marotte du Front de Gauche : pour changer de système, il faudrait passer à une 6ème République. Sur son blog, Clément Sénéchal affirme que « la 5ème République n’a jamais été ni républicaine ni compatible avec quelque visée socialiste que ce soit ». Une affirmation qui appelle réponse.



Un préalable nécessaire ?

Clément Sénéchal soutient qu’il est « illusoire » de coire qu’il n’y aurait « nul besoin en somme d’un changement de régime pour amorcer un virage social ». Nos institutions seraient « taillées pour maintenir en ordre un capitalisme autoritaire ». Cette vision des choses est totalement fausse. Passons sur l’incohérence qu’il y a à dénoncer dans la partie précédente la trop grande concentration des pouvoirs dans les mains du président de la République pour dire ensuite que nos institutions ne permettraient pas d’amorcer un virage social. A priori, c’est soit l’un, soit l’autre. Si le président de la République a beaucoup de pouvoirs, c’est justement pour pouvoir amorcer des changements importants.

D’ailleurs, l’histoire de la Cinquième République infirme complètement ce prétendu biais. Il n’y a pas besoin de remonter très loin pour le comprendre : en 1981, la France a connu un vrai coup de barre à gauche, qui démontre que nos institutions sont suffisamment plastiques (et neutres politiquement) pour permettre des changements importants dans la direction politique du pays. De même, quand Clément Sénéchal évoque le vote récent de l’ANI pour justfiier son point de vue, il fait un hors-sujet. Que je sache, l’ANI ne fait pas partie de la constitution. Le propre de bonnes institutions est justement de permettre des politiques très différentes, en fonction du souhait du peuple : c’est ce que permet la 5ème République. Il n’y a aucune démonstration solide du fait que nos Institutions freineraient le changement économique. Une autre preuve est que toutes les critiques que fait le FG du système économique actuel peuvent aussi s’appliquer aux autres pays européens, dont les institutions sont pourtant très différentes des nôtres. Le problème actuellement, c’est le système économique, pas nos institutions.

Un exécutif fort pour une démocratie forte

samedi 10 août 2013

Le pic pétrolier, c’est quand ?


En faisant baisser la consommation de pétrole, la crise de 2008 a donné des ailes à ceux qui prédisaient que nous avions atteint le pic pétrolier, ce moment où l’humanité devrait faire avec une production en baisse continue. Mais les dernières années ont montré qu’ils avaient tort, pour le moment.



L’oubli des mécanismes de marché

L’idée que nous ne pourrons plus produire autant de pétrole qu’avant n’est pas nouvelle. Dès les Trente Glorieuses, elle était populaire. Il y a quarante ans, on nous annonçait que nous épuiserions nos ressources en quarante ans et aujourd’hui, on annonce toujours autant de réserves (en oubliant souvent de préciser qu’en réalité, l’ensemble des ressources exploitables est encore supérieur à plus d’un siècle d’exploitation). En 2008, certains ont cru que le pic pétrolier avait été atteint et prévoyait un effondrement de la production dans les années à venir. La réalité a démenti leurs prédictions.



La raison est simple : quand on manque de pétrole, les prix montent, ce qui rend rentable l’exploitation de gisements qui ne l’étaient pas et stimulent la recherche de nouvelles ressources. C’est ce qui explique l’envolée récente de la production de pétrole aux Etats-Unis du fait de l’exploitation des schistes bitumeux, le pendant des gaz de schistes pour le pétrole. Il est donc probable que si l’humanité était confrontée à une pénurie de pétrole, l’augmentation des prix consécutive, non seulement stimulera l’exploration et l’exploitation mais rendra également compétitives d’autres énergies.



Une transition qu’il faut préparer

vendredi 9 août 2013

Energie : le coût de la libéralisation


La libéralisation est toujours présentée comme un moyen d’améliorer un service public qui serait forcément inefficace et trop coûteux. Le problème est que la libéralisation conduit presque systématiquement à une explosion des coûts qui démontre a contrario qu’il s’agit d’une erreur.

Une hausse des tarifs injustifiée



Le contrôle d’EDF par l’Etat poussait encore récemment le gouvernement à modérer les hausses de tarif, mais les règles européennes, acceptées par l’UMP comme le PS, ont fini par avoir raison de la mission de service public de notre ancien monopole, qui devrait augmenter ses tarifs de 5% en 2013, 2014 et 2015 ! Une hausse pour le moins paradoxale sachant qu’EDF a réalisé près de 40 milliards de chiffre d’affaires au premier semestre et 2,9 milliards de bénéfice net. En outre, si l’entreprise a des besoins pour investir, elle pourrait également revendre certaines de ses participations…

Certes, Henri Proglio avance 55 milliards d’investissements pour le parc nucléaire français d’ici à 2025, mais cela est plus que couvert par les bénéfices de l’entreprise au rythme actuel de près de 6 milliards par an (sachant qu’en plus, EDF n’a pas arrêté d’investir entre temps). Bref, la demande d’une hausse annuelle de 5% des tarifs par an est totalement ubuesque. Et le fait qu’un gouvernement « socialiste » l’ait accordée démontre à nouveau que le PS n’est socialiste que de nom, que ce parti ne comprend plus rien à la notion de service public et a oublié les principes du CNR.

La déconstruction d’un service public

jeudi 8 août 2013

Energie : peut-on débattre sereinement des gaz de schistes ?





Le débat impossible

Est-il possible de voir clair sur la question ? D’un côté, les arguments des opposants pèsent lourd. Le documentaire Gasland est édifiant et inquiétant, pointant les risques de leur exploitation, que ce soit sur l’environnement immédiat ou les réserves d’eau potable. En outre, comme le souligne Jean Quatremer sur son blog, les lobbys sont attirés par les sommes considérables qui sont en jeu et il est probable que cela joue grandement sur leur opinion, de même que sur l’opinion de l’hebdomadaire des élites mondialisées, The Economist, qui y avait consacré un dossier sans nuance.

Si l’hebdomadaire balaie trop rapidement les craintes environnementales, en revanche, il soulignait justement l’énorme impact économique de l’exploitation des gaz de schistes, qui fournissent 7% de l’énergie des Etats-Unis et contribuent fortement à la croissance du pays. Mais comment faire confiance à ceux qui refusent d’admettre les problèmes environnementaux ? En même temps, certains opposants n’exagèrent-ils pas quand ils refusent par principe toute exploration ou test. Il est quand même difficile de croire que l’on ne pourra pas les exploiter un jour de manière plus propre.

Non à l’exploitation, oui à l’exploration ?

mercredi 7 août 2013

Energie : le coût du renouvelable


L’éolien et le solaire ont toujours eu bonne presse. En partie à raison : il s’agit d’énergies renouvelables et peu polluantes, alors que les hydrocarbures ne sont pas renouvelables et beaucoup plus polluants. Problème, leur coût considérable est un peu trop souvent ignoré dans le débat.



Une facture colossale

Deux de nos voisins le paient cher. L’Espagne, comme le rapporte un article de The Economist, consacre la bagatelle de 12 milliards d’euros (plus d’1% de son PIB) à subventionner le solaire, une somme qui pose problème doublement. D’abord, en pleine rigueur budgétaire, il est tentant de couper dans les subventions, ce qui créé une instabilité législative peu propice à l’investissement. Ensuite, l’Etat espagnol a payé jusqu’à douze fois le prix du marché à des opérateurs privés qui en retirent de juteux bénéfices. Ne serait-ce pas à l’Etat de réaliser ces investissements pour éviter des rentes ?



L’Allemagne paie cher également ses investissements dans le domaine. Cet article de Christian Stoffaes dans la Tribune fait une comparaison effarante entre le nucléaire français et les énergies renouvelables allemandes : nos voisins ont investi 120 milliards d’euros pour 75 milliards de Kwh quand la France a payé 96 milliards (selon la nouvelle estimation, revue à la hausse, de la Cour des Comptes) pour 410 milliards de Kwh, 5 fois plus ! La raison : « les capacités de production renouvelable fonctionnent 1200 heures par an (sur les 8760 que compte une année) ». Cet article de Contrepoints chiffre l’effort de l’Allemagne à plus de 16 milliards d’euros en 2011 et la bagatelle de 28 milliards en 2015.

Une France plus conservatrice

mardi 6 août 2013

Le scandale de la privatisation des autoroutes


Il y a huit ans, son opposition à la privatisation des autoroutes menée par le gouvernement Villepin avait conforté la bonne opinion que j’avais de Nicolas Dupont-Aignan, après sa campagne contre le TCE. Un rapport de la Cour des Comptes confirme qu’il avait largement raison.




Le verdict de la Cour des Comptes

Le jugement est sévère : « la négociation des avenants aux contrats de concession (notamment les contrats de plan) et le suivi par le concédant (assuré par le seul ministère chargé des transports) des obligations des concessionnaires se caractérisent par un déséquilibre au bénéfice des sociétés autoroutières ». La Cour des Comptes dénonce « des augmentations tarifaires supérieures à l’inflation » et recommande même de « mettre en œuvre les dispositions contraignantes » et de « réaliser systématiquement une contre-expertise (…) de tous les coûts prévisionnels des investissements ».



Ce document de Debout la République montre que la hausse annuelle du tarif des péages est, à l’exception de 2007 et 2010, systématiquement supérieure à l’inflation depuis 2004. Pire, une autre analyse démontre l’envolée des profits des sociétés concessionnaires, qui ont progressé de 70% de 2001 à 2010 contre un peu plus de 25% pour l’ensemble des sociétés non financières. Comme le rappelle Marianne, en utilisant toutes les combines permises par les contrats de concession, les sociétés d’autoroutes ne cessent de faire progresser leurs tarifs sensiblement plus vite que l’inflation.


Une privatisation illégitime

lundi 5 août 2013

L’interminable feuilleton du MON 810 de Monsanto


Cela fait maintenant plus de cinq ans que l’interminable feuilleton politico-judiciaire de l’interdiction du maïs OGM MON 810 de Monsanto agite l’actualité. Après un demi-recul de l’entreprise en Europe annoncé il y a quelques semaines, le Conseil d’Etat vient à nouveau de lui donner raison en France.



Un mauvais feuilleton

Mais quand cela prendra-t-il fin ? L’interdiction de la commercialisation du MON 810 en France suit un scénario qu’aucun cinéaste n’aurait pu imaginer tant il comporte de rebondissements. Après l’échec de la Commission Européenne, qui avait tenté il y a quelques années d’interdire l’interdiction aux Etats-membres en passant par une scandaleuse procédure de majorité inversée, le semencier étasunien tente de passer par la Cour de Justice européenne. En France, après l’interdiction décrétée par la précédente équipe au pouvoir, le Conseil d’Etat a confirmé le précédent avis de 2012.

Cela suit une déclaration ambiguë du semancier étasunien mi-juillet annonçant qu’il retirait toutes ses demandes d’homologations d’OGM pour l’Union Européenne, du fait de « l’absence de perspectives commerciales ». Mais il ne faut pas trop se réjouir car les importations d’OGM continuent à progresser puisque si seulement 3 variétés sont autorisées à la culture, 41 le sont à la vente par les eurocrates délirants de Bruxelles. Et 26 attendent une autorisation, comme le notait le Monde. Pire, ce n’est pas l’accord commercial transatlantique qui risque d’améliorer les choses.

Des réponses insuffisantes

dimanche 4 août 2013

L’Espagne, victime de l’horreur néolibérale


Baisse du coût du travail, amélioration du solde commercial : sur la foi de ces indicateurs, certains osent affirmer que la Grèce ou l’Espagne commencent à voir le bout du tunnel, alors même que ces deux pays seront encore en récession cette année. Une présentation des choses assez horrible.



Le vice transformé en vertu

Il y a quelque chose d’assez effrayant à lire des papiers « optimistes » au sujet de la Grèce ou de l’Espagne. En effet, dans ces deux pays, le niveau du chômage dépasse un quart de la population (et plus de la moitié des jeunes), la population baisse, le pouvoir d’achat s’est effondré, il est de plus en plus difficile de trouver un crédit et 2013 sera une nouvelle année de baisse du PIB. Madrid et Athènes sont dans la situation de l’Allemagne et des Etats-Unis du début des années 1930 et certains parviennent à déceler des motifs d’optimisme, à mille lieues de ce que vit la population.

Et il faut dire que, de manière totalement déshumanisée, on peut voir quelques points positifs : la hausse du chômage et la baisse du PIB ralentissent, les déficits publics se résorbent un peu. Mieux, les néolibéraux un peu barbares notent que le solde commercial s’améliore, au point d’approcher l’équilibre et la compétitivité globale s’améliore. Mais ces quelques points peuvent aussi être interprétés comme des conséquences de la crise :, il n’est pas difficile de comprendre que la balance commerciale s’améliore du fait de l’effondrement du marché intérieur, comme on pouvait le prévoir.

Pire, l’amélioration de la compétitivité (le moyen politiquement correct de parler de baisse de salaire) ne peut mener qu’à une baisse de la demande intérieure, ce qui augure bien mal pour la croissance des années à venir. Encore pire, le fait de chercher son salut dans l’augmentation des exportations, comme l’évoque The Economist est suicidaire : tous les pays ne peuvent pas améliorer leur solde commercial simultanément et le moyen de le faire (la baisse du coût du travail), porte en lui les germes d’une récession interminable par une désinflation compétitive généralisée en zone euro.

Pendant ce temps, l’horreur avance

samedi 3 août 2013

La fable de l’assistanat qui vise l’Etat-providence


Il y a quelques mois, circulait sur Internet un tableau qui affirmait que pour une famille de 5 personnes, il vallait mieux vivre du RSA que travailler au SMIC. Mais un papier fouillé de Rue 89, qui reprend le travail d’ATD Quart-Monde et les travaux de Martin Hirsch démontre que cela est totalement faux.



Un comparatif totalement bidon

Le tableau qui a circulé affirme que pour une famille de 5 personnes, celle dont le chef de famille touche le SMIC aurait 20 280 euros de revenus (en comptant toutes les allocations) contre 20 650 euros pour celle où il ne travaille pas. Mieux, du fait des exonérations de mutuelle santé (CMU), de redevance, d’impôts locaux, de cantine ou des tarifs sociaux, la première famille aurait 12 910 euros de dépenses contraintes (lui laissant 7 370 euros) contre 7 300 pour la seconde (lui en laissant 13 350). En clair, en France, notre système social ne pousse pas à travailler et pousserait à l’assistanat.

Mais cette rhétorique apparemment démontrée par le tableau ne tient pas une seconde, comme le démontre ce travail de fond réalisé par Rue 89. La liste des erreurs est impressionnante : l’oubli du RSA famille pour la première famille, la surestimation des allocations touchées par la seconde, l’allocation logement de la première famille est sous-estimée, alors que celle de la seconde est à nouveau sur-estimée. Dans le domaine des dépenses, le tableau oublie que la famille au SMIC peut elle-aussi bénéficier des exonérations ou des tarifs sociaux dont bénéficie la seconde famille.

Le bilan global n’a strictement rien à voir. La famille dont le chef travaille au SMIC a plus de 5 500 euros de revenus supplémentaires (25 812) alors que celle où il est au RSA en touche plus de 2 000 de moins, soit 18 560. L’écart dépasse 7 000 euros par an. Du coup, pour toutes les autres dépenses (nourriture, vêtements, téléphone…), il reste près de 17 000 euros par an à la première famille contre un peu plus de 9 600 euros pour la seconde. Le fait de travailler augmente le pouvoir d’achat de 75% hors dépenses contraintes (logement, transport, eau, électricité, cantine, impôt locaux).

Les leçons de cette mauvaise fable

jeudi 1 août 2013

Dior : l’anorexie, j’adore !


La maison de couture Dior vient de lancer le second volet de sa campagne Secret garden, tourné dans le cadre idyllique du château de Versailles. Un film qui aurait pu être très beau si la marque de luxe française n’avait pas cédé à la mode mortifère des mannequins maigrissimes.



Quand la mode vire à l’horreur

Il y a vraiment quelque chose de pourri dans l’esprit de certaines personnes pour faire de femmes aussi maigres des modèles de beauté. Bien sûr, il ne s’agit pas de jeter l’opprobre sur l’ensemble d’une industrie qui apporte beaucoup à la France. On peut aussi considérer que la majorité des personnes qui y travaillent ne font que se conformer aux canons de beauté de leur secteur sans forcément se poser la question de la pertinence de ces canons de beauté. Mais comment peut-on faire de femmes au corps si maladivement maigre des modèles de beauté pour la société ?



En vingt ans, les mannequins semblent avoir perdu une dizaine de kilos. Alors que les égéries des années 1990 (déjà très minces) affichaient à peine moins de 60 kgs pour 1,80 m, la génération qui a suivi affichent des mensurations de plus en plus inquiétantes. Plus aucune ne semble dépasser 55 kgs et certaines affichent même moins de 50 kgs. Les mensurations des mannequins Dior sont effrayantes : Daria Strokous pèse 54 kgs pour 1,8 mètres et affiche un 80/62/89 famélique. Pire, Melissa Stasiuk semble encore plus maigre avec des mensurations oscillant entre 76/58/85 et 83/60/88.



Alors bien sûr, dans les films ou les publicités, elles peuvent faire illusion, avec l’aide du maquillage, de l’éclairage et des retouches. Mais dans la réalité, même si elles peuvent avoir de beaux visages, la plupart de ces femmes ni sont ni belles ni désirables. La photo de Melissa Stasiuk dans son tee-shirt YSL montre le côté maladif de cette maigreur et, dans sa photo de book, elle apparaît complètement disproportionnée. De même, un regard attentif à la dernière publicité Dior révèle des bras qui ressemblent à des baguettes, des épaules décharnées et osseuses, et un visage si maigre…

De l’urgence d’agir, par la loi