samedi 13 juin 2015

La Grèce au bord de la rupture avec la zone euro




Les négociations dans l’impasse

En arrivant au pouvoir, Alexis Tsipras a beaucoup cédé, au point d’inquiéter. Mais, depuis quelques jours, comme l’a noté Romaric Godin, de la Tribune, le gouvernement semble aborder les négociations dans un état d’esprit beaucoup plus combatif. La troïka demandait de nouvelles coupes sombres dans les retraites, d’1,8 milliard d’euros, soit près d’1% du PIB. Non seulement Tsipras refuse cette demande, mais il avait promis de revaloriser les petites retraites. Et en plus, le Conseil d’Etat a invalidé mercredi une partie des baisses de retraite décidées fin 2012. Cela devrait provoquer une revalorisation de 5 à 15% des retraites de plus de 1000 euros par mois, soit 1 à 1,5 milliards d’euros.


Refuser une saignée inhumaine

vendredi 12 juin 2015

Et si Sarkozy menait la politique de Hollande et Valls ?

Par-delà la malheureuse escapade berlinoise du Premier Ministre, les décisions, notamment économiques, du gouvernement rencontrent peu de résistance, car elles sont portées par une majorité dite de gauche. Empruntant le procédé utilisé par David Desgouilles pour son premier livre « Le bruit de la douche », lu et apprécié par Jacques Sapir, qu’en serait-il si une autre majorité les avait portées ?



De l’austérité à la libéralisation

Peu après son élection, Nicolas Sarkozy se débarrasse de François Fillon et nomme Jean-Pierre Raffarin à Matignon. Il poursuit et accélère le plan de réduction des déficits entrepris en 2011, au point de doubler le total des hausses d’impôts. Rue de Solférino, on n’ose pas trop critiquer, car c’est François Hollande qui a repris la position de premier secrétaire. En revanche, il critique le maintien du blocage du point d’indice des fonctionnaires en soulignant que si un blocage exceptionnel peut être compris, la poursuite de ce blocage est injuste, cajolant un électorat naturel du PS. Après tout, une grande majorité des fonctionnaires votent encore pour le PS, et Hollande veut défendre son électorat.

Devant l’atonie économique de 2012 et 2013, qui ne permet qu’une faible réducation des déficits publics malgré les hausses d’impôt et les coupes de dépenses, Sarkozy décide de prendre un nouveau départ en nommant Laurent Wauquiez premier ministre, après la débacle des municipales. Il annonce un plan de baisse des cotisations sociales de 40 milliards pour les entreprises ainsi qu’un grand plan de simplification. Hollande dénonce une majorité à la solde du Medef, lors de l’université d’été duquel le premier ministre s’est fait applaudir. Et il souligne qu’il n’est pas juste qu’à travers la revalorisation a minima du SMIC, ce soit « ceinture pour les salariés et champagne pour les patrons ».

Toujours plus d’eurolibéralisme

jeudi 11 juin 2015

Les éleveurs de porc dévorés par le dieu marché

C’est une triste mais récurrente information depuis que le démantèlement d’un des principes fondateurs de la PAC : les éleveurs de porc manifestent pour protester contre l’effondrement du prix du porc sous leur prix de revient. Un nouvel exemple des ravages de la libéralisation de l’agriculture.



Le sacrifice d’une profession

Après les producteurs de lait, ceux de fruits et légumes, et déjà les éleveurs, c’est à nouveau le tour des éleveurs de porc de subir les aléas du marché. Alors que produire un kilo de porc leur revient environ 1,50 euro, le prix sur le marché est tombé à 1,23 euro, creusant des pertes abyssales à l’échelle d’exploitations à l’équilibre précaire, et autant de destins individuels et familiaux brisés. Plusieurs raisons : la concurrence de l’Allemagne, et sa main d’œuvre d’Europe de l’Est payée au lance-pierre, et la fermeture du marché russe du fait des conflits récents. Ou quand le suivisme atlantiste et la dérégulation sans limite jettent des personnes qui travaillent dur et honnêtement dans la misère…

Avec l’abandon des prix de soutien, cette belle profession a été abandonnée à la concurrence ‘libre et non faussée’, qui produit des prix extrêmement instables et parfois inférieurs au coût de revient. C’est ainsi que d’une année sur l’autre, leurs revenus peuvent baisser de 40%, sous le SMIC… Comment ne pas se révolter devant la brutalité du traitement infligé aux agriculteurs ? En fonction des aléas du marché, ils peuvent voir leurs revenus passer à tout moment sous leurs charges. « On est tous en train de crever dans les fermes et vous vous en foutez » a dit un agriculteur au ministre. Faut-il y voir la destination que souhaiteraient faire prendre les néolibéraux à l’ensemble de la société ?

L’impuissance organisée

mercredi 10 juin 2015

Les enfants gagnent le droit d’être pauvres !




Toujours plus dur pour les plus jeunes

Les chiffres de l’UNICEF sont effarants : « plus de 3 millions d’enfants, soit un sur cinq, vivent sous le seuil de pauvreté, 30 000 sont sans domicile, 9 000 habitent des bidonvilles et 140 000 arrêtent l’école chaque année ». Un chiffre illustre cruellement les conséquences de la crise de ces dernières années : entre 2008 et 2012, 440 000 enfants supplémentaires ont plongé, avec leurs familles, dans la pauvreté. Les politiques d’austérité menées à partir de 2011, c’est aussi cela : plus d’enfants pauvres. Et encore, notre pays est loin d’être le plus mal loti puisque la proportion d’enfants pauvres n’a augmenté que de 3 points en quatre ans, quand elle a progressé de 8 points en Espgne et 17,5 en Grèce !

Au final, nos sociétés sont bien de plus en plus durs pour les jeunes. Non seulement un nombre croissant grandissent dans la pauvreté, mais en plus, il est toujours aussi difficile de s’intégrer une fois adulte, avec la persistance d’un taux de chômage extrêmement élevé pour les jeunes, lui aussi encore aggravé par la crise des dernières années. Et comme si cela n’était pas suffisant, l’école manque à son devoir d’apprendre les bases, comme on le voit avec l’augmentation de la part des élèves qui ne maitrisent pas les bases, que ce soit en français ou en mathématiques. Et enfin, il semble que nous évoluions vers le système étasunien, où le travail est loin de suffire pour dépasser sa condition sociale.

Des droits contestables et illusoires

Ethique de conviction / éthique de responsabilité - 2ème partie, l'économie (billet invité)

Billet invité de Marc Rameaux, qui vient de publier « Portrait de l’homme moderne »


Conviction :
Je suis un haut dirigeant d’une entreprise du CAC 40. Je suis l’un des grands acteurs du monde économique. Je représente l’esprit d’entreprise, l’initiative économique. Je suis de ceux qui bâtissent le monde et le font aller de l’avant. Je représente également la vision stratégique de mon activité et je tutoie les grands politiques de ce monde.

Responsabilité :
Dans mon entreprise, je n’ai en fait jamais piloté un seul projet, jamais eu à mettre en œuvre ces milliers d’actions coordonnées nécessitant de connaître très bien le cœur de métier de mon entreprise, pour aboutir à un produit fini. Je me suis toujours débrouillé pour être dans ces postes où l’on juge du travail des autres sans jamais être jugé soi-même. Où l’on peut être soi-même très approximatif et brouillon, alors que l’on est implacable vis-à-vis des autres.

mardi 9 juin 2015

Zone euro : et si le fil grec finissait par casser ?




La pression monte…

Dans la partie de poker que la Grèce joue avec ses créanciers, le gouvernement de Syriza vient de marquer un gros point. En effet, il a pris la décision unilatérale de grouper au 30 juin toutes les créances qu’Athènes devait rembourser au FMI ce mois-ci, dont une de 300 millions d’euros qui devait être honorée la semaine dernière, en utilisant une clause du règlement du FMI qui n’avait été utilisée qu’une seule fois dans l’histoire de l’institution, il y a 30 ans, en vertu de laquelle les pays membres peuvent regrouper des versements de courte durée en un seul. Le 30 juin, Athènes devra rembourser 1,6 milliards d’euros au total au FMI. Sans doute une manière de mettre la pression à ses créanciers ?


Verdict dans 3 semaines

lundi 8 juin 2015

Congrès PS : combat de postures dérisoires

Après le dérisoire congrès des Républicains, qui ont tout de l’UMP, sauf le nom, signe de la superficialité de notre époque politique, c’était le tour du PS de se réunir samedi et dimanche. Là encore, pas de véritables surprises, si ce n’est un combat de postures où les différends idéologiques sont dérisoires.



Des frondeurs en carton

Déjà, le vote des motions montrait que le PS n’était pas prêt à un véritable débat. Martine Aubry avait choisi de rejoindre la motion du premier secrétaire, Montebourg et Hamon étaient aux abonnés absents, laissant un Christian Paul guère incisif porter une voix alternative. La ligne eurolibérale a reçu 70% des voix, si l’on compte les près de 10% de la motion de Karine Berger. Le débat, ce n’était pas pour maintenant. On en vient à questionner la sincérité de ces frondeurs, dont la rébellion dérisoire se calme toujours à l’approche des échéances électorales, préférant la cohésion pourvoyeuse de places plutôt que le débat sur une ligne politique qui n’a pourtant rien à voir avec ce qu’ils disent défendre.


Un grand cirque politique

Ethique de conviction - éthique de responsabilité partie 1 : la puissance publique (billet invité)

Billet invité de Marc Rameaux, qui vient de publier « Portrait de l’homme moderne »



Conviction :
Je suis ministre de l’éducation nationale, et je conçois une réforme remplaçant la fin de journée scolaire par des activités éducatives, rythme conseillé par des pédagogues et chronobiologistes. J’ai posé une action aux nobles desseins, et mon nom sera inscrit pour cela dans l’histoire de l’éducation nationale.

Responsabilité :
Je comprends que se libérer à 16h ou payer une nounou est déjà difficile pour la très grande majorité des gens, et que le faire à 15h est proche de l’insurmontable. Mais pour cela il faut s’intéresser à la vie quotidienne des hommes. Que les pédagogues et chronobiologistes sont auto-proclamés et qu’ils appartiennent à un petit cénacle théoricien tournant en boucle fermé depuis des années, imbibé d’idéologie du PS et non de remontées du terrain.  Je comprends qu’il n’est pas opportun de promouvoir une réforme qui coûtera plusieurs centaines de millions d’euros dans un contexte de déficit budgétaire déjà élevé de mon pays, surtout lorsque je n’ai rien prévu du circuit de financement par les communes, dont beaucoup ne peuvent se le permettre.

dimanche 7 juin 2015

La marche vers un néolibéralisme de plus en plus totalitaire et inégal

C’est une série d’articles très intéressants publiés par The Economist, qui indique la tendance préoccupante du néolibéralisme à remettre en cause la démocratie, mais aussi le refus grandissant de la redistribution qui pourrait remettre en cause les inégalités.



La religion néolibérale au pouvoir





Vers un totalitarisme aristocratique ?

samedi 6 juin 2015

Charte européenne des langues régionales : Hollande nourrit la guerre contre le français

Bien sûr, c’était une de ses promesses de campagne. Il y a 18 mois, Jean-Marc Ayrault, avait annoncé sa ratification, mais François Hollande avait préféré se concentrer sur l’économie. Lundi, dans une lettre à un député breton, il a relancé la ratification de la charte européenne des langues régionales.



Nouveau délire européen

En 1992, les euros béats nous avaient vendu le principe de subsidiarité, selon lequel l’UE serait sensée gérer les domaines dont elle s’occuperait mieux que les Etats. Déjà, on peut contester cela car en général, l’UE est juge et partie. Et surtout, pourquoi donc l’UE se mêle des langues régionales parlées dans les pays membres ? Chaque pays a une culture différente et un rapport différent à la question régionale. Et, comme le notait Laurent de Boissieu, « le Conseil constitutionnel a(vait) donc logiquement jugé qu’une telle reconnaissance de minorités linguistiques porterait ‘atteinte aux principes d’indivisibilité de la République, d’égalité devant la loi et d’unicité du peuple français ». Ceci impose au gouvernement de passer par la lourde procédure d’un Congrès pour faire une loi constitutionnelle.


Le français attaqué sur tous les fronts