mardi 31 juillet 2012

Inégalités, parasites fiscaux : la loi de la jungle continue


Décidément, l’économie ne tourne pas rond. Aux Etats-Unis, alors que les profits battent des records, les inégalités ne cessent de progresser puisque le taux de pauvreté est au plus haut depuis 47 ans. En même temps, on apprend que 25 000 milliards restent cachés dans les parasites fiscaux.

Des parasites fiscaux à peine égratignés

Ils avaient été mis au pilori pendant le pic de la crise financière. Nicolas Sarkozy avait même osé affirmer qu’ils étaient finis, mais une récente étude du Tax Justice Network démontre qu’entre 17 et 25 000 milliards d’euros seraient encore cachés dans ses trous noirs de l’économie mondialisée. Ils sont bien improprement appelés « paradis fiscaux » par ceux qui ne se rendent pas bien compte que ce terme véhicule une connotation positive qui ne devrait pas être acceptée.

Malgré les effets d’annonce, dans la réalité, rien n’a changé. En effet, les parasites fiscaux signent des conventions les uns avec les autres. Et des sommes grandissantes (des multinationales ou des riches particuliers) échappent à l’impôt citoyen. Il est proprement sidérant que les Etats laissent faire ce véritable pillage de leur ressource fiscale, que certains ont chiffré à 40 à 50 milliards d’euros de perdus pour notre seul pays, soit l’équivalent de la moitié du déficit !

L’envolée des inégalités

Et alors qu’une partie des plus riches échappent à l’impôt en utilisant les parasites fiscaux, nous assistons à une envolée de la pauvreté et des inégalités. En Allemagne, le pouvoir d’achat est stable depuis 20 ans. Bref, les salariés n’ont touché aucun gain de productivité ! Certes, il n’y a pas régression, mais il n’y a pas de progrès. Pire, si la moyenne est stable, on peut imaginer que du fait de l’explosion des hauts revenus, la majorité a perdu, comme l’a montré Sapir en France.

Aux Etats-Unis, la situation est désastreuse puisque le taux de pauvreté est au plus haut depuis… 47 ans ! Cela est d’autant plus choquant que les profits des entreprises sont au plus haut. Olivier Berruyer a compilé sur son blog de nombreux indicateurs qui montrent que les inégalités sont au plus haut depuis 70 ans, que l’on prenne l’indicateur Gini où la part dans les revenus totaux du 1% qui gagne le plus (plus de 20%) ou du 0.1% qui gagne le plus (plus de 10%).

Une société injuste

lundi 30 juillet 2012

Alerte aux excès de profits aux Etats-Unis !


Non, il ne s’agit pas d’un jugement de l’Humanité ou de Jean-Luc Mélenchon, mais d’un article de The Economist qui se penche sur la remontée fulgurante des profits des entreprises aux Etats-Unis, déjà 20% plus hauts qu’en 2007, point le plus élevé depuis la Seconde Guerre Mondiale.

La crise, quelle crise ?

Le graphique représentant la part des profits des entreprises dans le PIB des Etats-Unis est sidérant. En 2007, ce chiffre avait rejoint les records de 1929, au-delà de 12% du PIB. Ce chiffre avait progressé de 3 à 6% dans les années 1980, avant d’atteindre 9% dans les années 1990. La grave crise de 2008 a fait plonger ce chiffre à 7% (soit encore davantage qu’au début des années 2000) avant de rebondir à près de 15% du PIB cette année, 20% de plus que le pic précédent.

L’hebdomadaire anglais souligne que ce sommet aura du mal à être battu car les prévisions de profits des entreprises sont moins fortes pour les trimestres à venir et elles ne parviennent plus à battre aussi facilement les prévisions des analystes. Il y a des raisons structurelles. Tout d’abord, les entreprises se sont adaptées très rapidement à la crise, n’hésitant pas à licencier massivement. Ensuite, il y a la pression des pays émergents qui limite les revendications salariales.

De nouvelles explications

Mais The Economist souligne qu’en principe, cette rentabilité devrait pousser à une vague d’investissement, plus de compétition et du coup, moins de profits. Mais les entreprises gardent aujourd’hui l’argent qu’elles gagnent. Le journal y voit trois explications. La 1ère serait la crainte d’un excès de réglementation à la veille des élections présidentielles. La 2nde est la faiblesse de la demande, étant donné que les consommateurs se désendettent et la faible croissance des exportations.

Le journal souligne enfin le cercle vicieux où la hausse des profits diminue automatiquement la part des revenus et déprime donc par conséquent la demande, accentuant le conservatisme des entreprises. Enfin, il souligne le rôle néfaste des stock-options dans les choix des dirigeants d’entreprise, qui préfèrent les actions augmentant le résultat court terme des entreprises (et les rachats d’action) aux investissements à long terme, qui tendent à réduire les profits dans un premier temps.

Un capitalisme dysfonctionnel

dimanche 29 juillet 2012

Que faire avec les gaz de schistes ?


The Economist vient de consacrer un long dossier de 14 pages sur l’opportunité que représentent les gaz de schistes. Un plaidoyer à sens unique en faveur de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels qui amène à se poser la question des ressources qui existent en France.

Révolution énergétique aux Etats-Unis

Il y a seulement douze ans, personne n’exploitait les gaz de schistes outre-Atlantique. Avec la mise au point de la technologie dite de fracturation, très peu chère, la production a explosé et représente aujourd’hui pas moins de 7% de la consommation totale d’énergie du pays, un tiers de la consommation totale de gaz. La baisse très forte du prix du gaz (équivalent à 15 dollars l’équivalent baril de pétrole), a profondément transformé la première économie mondiale.

Tout d’abord, il y a eu un remplacement massif des centrales de production d’électricité à charbon par des centrales à gaz, qui relâchent 50% de CO2 de moins. Du coup, les Etats-Unis parviennent enfin à réduire leurs émissions globales, au moment même où l’inverse se passe en Europe puisque les prix très élevés du gaz importé (basés dans des contrats long terme indexés sur le pétrole) provoquent au contraire une conversion vers des centrales à charbon, notamment en Allemagne !

Mais les effets de l’exploitation des gaz de schistes ne s’arrêtent pas là. En effet, la persistance d’un prix du gaz largement inférieur au prix mondial aux Etats-Unis (-80% en moyenne !) produit d’autres conséquences très positives pour le pays. Outre le bonus commercial, les industriels qui utilisent beaucoup d’hydrocarbures ont donc intérêt à produire aux Etats-Unis, ce qui provoque un rapatriement d’activités pétrochimiques, qui pourrait apporter jusqu’à 0,5 point de croissance par an !

Que faire en France ?

samedi 28 juillet 2012

La zone euro sur le radeau de la méduse


Un scénariste paresseux de sitcom n’oserait pas écrire un tel script. Depuis deux ans et demi, les sommets s’enchaînent, les déclarations se suivent, avec une ressemblance troublante, sans qu’aucune solution ne parvienne à être trouvée pour faire fonctionner la zone euro. Nouvel exemple cette semaine…

Des marchés fébriles

Mercredi soir, c’était la catastrophe. Les marchés étaient devenus fiévreux depuis la fin de semaine dernière et les manifestations en Espagne. Le taux des obligations espagnols avait alors passé le cap des 7,5%, renchérissant dangereusement le coût de la dette du pays et compliquant encore davantage le plan d’austérité annoncé par Mariano Rajoy. Au sommet de la crise, un communiqué sortait exigeant l’application immédiate des annonces du dernier sommet.

Las, cette initiative de Madrid, qui associait Rome et Paris à cette demande, semble avoir été un peu trop précipitée et a été désavouée dans les deux autres capitales, ajoutant à la confusion ambiante. Des rumeurs de sortie prochaine de la Grèce de la zone euro (du fait du FMI) commençaient à circuler. Mercredi, Moody’s plaçait la note de l’Allemagne et du fonds de secours européen sous surveillance négative. Tout semblait réuni pour une répétition des crises précédentes.

Mais finalement, un répit s’est installé cette fin de semaine après les déclarations de Mario Draghi qui a assuré que « la BCE sera prête à tout pour préserver l’euro (…) Croyez-moi, ce sera suffisant ». L’idée serait que la BCE et le FESF rachètent conjointement de la dette espagnole et italienne. Cette simple perspective a permis au CAC 40 de gagner 6% en deux jours, aux taux espagnols de passer sous les 7% et les taux italiens sous les 6%, un recul de plus d’un demi-point.

La zone euro, toujours dans l’impasse

vendredi 27 juillet 2012

Le besoin de monétisation


C’est une curiosité du débat public dans notre pays. Alors que les pays anglo-saxons débattent ouvertement et sereinement des politiques de monétisation pour lutter contre la crise, en France, cela reste tabou, malgré les montants colossaux de monétisation réalisée au bénéfice des banques.

Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne

Dans ces deux pays, comme le rapporte ce long et passionnant papier de The Economist, on peut débattre de la monétisation calmement. C’est ainsi que l’hebdomadaire anglais pose la question du besoin d’une nouvelle vague de Quantitative Easing (QE) pour soutenir une croissance bien faiblarde. La Banque d’Angleterre vient d’augmenter son programme de 50 milliards de livres, à 375 milliards depuis le début de la crise, soit environ 5% du PIB chaque année.

Aux Etats-Unis, les économistes se demandent si la Fed devrait mettre en place un nouveau programme, après les deux plans de QE et l’opération Twist de fin 2011 (vente de titres à court terme pour acheter des titres à long terme). La conclusion de The Economist est que cela reste nécessaire du fait de la faible croissance mais que cela doit s’accompagner d’un relèvement temporaire de l’objectif d’inflation (à 3%, ce qui reste modéré) pour assurer une meilleure efficacité.

Une Europe centrée sur les banques

Les deux principales banques centrales anglo-saxonnes ont racheté des titres de dettes souveraines de leur pays respectif, faisant faire une double économie au Trésor, par la baisse des taux et l’autofinancement que cela représente. En revanche, en Europe, la quasi totalité de la monétisation réalisée par la BCE s’est faite au seul profit des banques, qu’elle refinance de la sorte. Seulement 200 milliards de dettes souveraines ont été rachetés l’été dernier pour calmer la crise d’alors.

En revanche, 1000 milliards ont été prêtés aux banques en début d’année, outre des gros programmes de refinancement qui ont fait gonfler le bilan de la BCE. Bref, la création de monnaie par la BCE est au bénéfice quasi exclusif des banques, qu’elle refinance presque sans limite alors que la Banque d’Angleterre et la Fed utilisent la majeure partie des fonds ainsi créés pour racheter des dettes souveraines, en faisant donc profiter la collectivité, pour qui la dette coûte moins cher.

Remettre la monnaie au service du bien commun

jeudi 26 juillet 2012

PSA : le gouvernement aboie, le plan social passe


Comme on pouvait l’anticiper, la montagne a accouché d’une souris. La virulence des critiques portées contre la direction de PSA par Arnaud Montebourg et François Hollande n’a aboutit qu’à une addition de mesurettes uniquement destinées à donner le change à l’opinion.

PSA dans l’impasse

Hier matin, PSA a annoncé ses résultats semestriels : ils sont très mauvais puisque le constructeur affiche une lourde perte de 819 millions d’euros (contre un bénéfice de 806 millions en 2011). L’entreprise brûle près de 200 millions d’euros de liquidités par mois. Malgré l’internationalisation des ventes et le succès des nouvelles gammes plus haut de gamme (DS pour Citroën, 3008 et 5008 pour Peugeot), le retournement du marché européen a été fatal pour les deux constructeurs.

Car quel constructeur pourrait résister à un retournement aussi violent de son principal marché ? N’oublions pas que GM et Chrysler ont fait faillite, que Nissan avait été sauvé par Renault, et d’autres ont disparus ou été rachetés… En outre, PSA est resté beaucoup plus patriotique que Renault, puisque 44% des véhicules sont encore produits en France (où le coût du travail est le plus cher pour le groupe) contre à peine 23% pour l’ancienne régie, malgré la présence de l’Etat au capital…

Grande bouche, petits bras

Depuis quinze jours, le gouvernement n’a pas eu de mots assez durs pour dénoncer le comportement de la direction de PSA, n’hésitant pas à dire tout et son contraire. Montebourg a dénoncé des carences dans la stratégie. Est-ce à dire qu’il fallait délocaliser plus vite et plus fort ? Et le développement des ventes à l’étranger n’est pas toujours profitable quand la production doit se faire localement, comme en Chine. Enfin, la critique sur la taille implique-t-elle qu’il fallait se laisser gober par un autre ?

Bizarremment, nous n’avons plus de nouvelles de l’expert qui devait rendre son avis hier, comme l’avait annoncé le ministre de l’effondrement productif il y a quinze jours. Le gouvernement a donc annoncé des mesures assez stupéfiantes avec une augmentation des bonus pour les véhicules électriques, qui peuvent sembler excessifs (l’Etat va payer un tiers du prix de la futur Zoé de Renault, qui a beaucoup plus délocalisé que PSA). Et surtout, le plan social ne sera pas amendé.

Paralysie intellectuelle

mercredi 25 juillet 2012

Quand Natixis et Merrill Lynch enterrent l’euro


Lentement, mais sûrement, la tonalité des études sur la fin de la monnaie unique change. L’analyse plus approfondie des faits conduit les personnes sérieuses à souligner les avantages d’un retour aux monnaies nationales, comme l’illustrent les analyses récentes de Natixis et Merrill Lynch.

Les arguments de Patrick Artus contre l’euro

En avril dernier, j’avais évoqué ses études qui affirmaient que l’ajustement par une dévaluation monétaire était beaucoup moins douloureux que l’ajustement par une dévaluation interne (baisse des salaires). Le chef économiste de Natixis est allé plus loin avec deux nouvelles études. La première affirme qu’à la fin de l’euro, le mark se réévaluera de 20%, le franc perdra 2%, la lire 12%, la peseta 20% et la drachme 30%, des chiffres qui confirment les scénarios que j’évoque ici depuis le début.

La deuxième, sur l’Espagne, conclut que si la stratégie actuelle ne donne pas « des résultats rapides, la stratégie présente va échouer : il faudra réduire encore beaucoup plus les salaires pour faire disparaître le déficit extérieur et le déficit public restera très élevé (…) La stratégie de dévaluation et de défaut peut être efficace comme en 1992 avec la forte élasticité-prix des exportations, le fait que la totalité du déficit de la balance courante vient des intérêts payées sur la dette extérieure ».

Le risque italien identifié par Merrill Lynch

La banque étasunienne vient de publier une étude assez détaillée et novatrice basée sur la théorie du jeu, en analysant les gains et les pertes de chaque pays européen en cas de fin de la monnaie unique. Surprise, il y aurait bien des gagnants et des perdants à la fin de l’euro. A mille lieues de l’analyse catastrophiste d’ING (qui validait néanmoins les scénarios de parité monétaire), cette analyse affirme que l’Allemagne pourrait perdre 7% de PIB, du fait de pertes d’exportations.

A l’inverse, les pays en déficit, qui dévalueraient, gagneraient, avec l’Irlande en pôle-position et un gain de 7% de PIB, puis l’Italie, avec 3%. Merrill Lynch estime également que la Grèce ferait des économies sur le coût de la dette (sans prendre en compte la possibilité de monétisation) et que l’Allemagne y perdrait son statut de pays refuge de la zone euro. En fait, pour la banque, tout dépendra de la capacité de l’Allemagne à convaincre l’Italie de rester, outre un gros risque en Grèce.

Ce plan B qui existe

mardi 24 juillet 2012

Vel d’Hiv : la faute de François Hollande


Dimanche, à l’occasion des cérémonies de commémoration de la rafle du Vel d’Hiv, François Hollande a mis ses pas dans ceux de Jacques Chirac en parlant de « crime commis en France par la France ». Une déclaration critiquée par de nombreux patriotes républicaines, à juste titre.

Une erreur historique

Je vous invite à lire le très bon papier de Yohann Duval, qui prend la distance qu’un chef de l’Etat devrait être capable de prendre quand il s’empare de notre histoire, prenant appui sur des déclarations de Philippe Séguin et Jean-Pierre Chevènement. François Hollande a bien fait une faute dimanche en parlant de « crime commis par la France ». Ce faisant, il fait comme si la France n’avait été représentée que par Vichy. Il casse le fil de notre République, qui a fait un détour par Londres.

Jean-Pierre Chevènement écrivait en 1992 qu’avec un tel amalgame « Charles de Gaulle ne serait qu’un général dégradé, déserteur et condamné à mort par coutumace. (…) Les résistants ne seraient que des terroristes. Les Juifs qui ont échappé aux rafles seraient des délinquants, s’étant soustraits à la loi. Les hommes de la Milice et de la LVF serait des anciens combattants (…) » et que la France aurait alors été considérée comme un pays vaincu à la fin de la guerre.

La révolte des patriotes

Bref, derrière la pseudo-modernité de la déclaration, il y a une profonde erreur historique, remettant même en cause les lois de la République, qui ont déclaré Vichy nul et non avenu, une erreur stupéfiante pour un président. Heureusement, un certain nombre de voix se sont exprimés pour dénoncer une telle lecture de notre passé commun. Henri Guaino a souligné l’abomination que lui inspirait la rafle tout en disant que la France « était à Londres, elle était avec la France libre ».

Jean-Pierre Chevènement a fait un rappel historique pour souligner l’erreur de François Hollande. On pourrait y ajouter qu’il s’agissait alors de la zone occupée. Nicolas Dupont-Aignan a répondu sur Twitter en disant « qu’une autre France était à Londres ! Une autre France résistante ! Une autre France a caché les Juifs ! En les niant, on les fait mourir deux fois ! ». Debout la République a publié une tribune d’un jeune adhérent, dénonçant ce mauvais procès.

L’internationalisme des imbéciles

lundi 23 juillet 2012

Quand The Economist dénonce les banksters


C’est bien pour cette raison que l’hebdomadaire libéral anglais reste recommandable, malgré un biais partisan extrêmement fort. C’est un journal qui n’est pas toujours dogmatique et qui n’hésite pas à être très critique contre le système économique actuel quand il le juge nécessaire.

Un procureur juste et brillant

A l’automne 2008, devant les sauvetages des banques, The Economist n’avait pas hésité à dénoncer « la privatisation des profits et la collectivisation des pertes » dont bénéficiait le système bancaire, avec une verve que l’on ne trouve plus au Parti Socialiste et qui ne se trouve que chez Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan dans le cercle politique républicain. De même, l’hebdomadaire a consacré de nombreux papiers sur le scandale de la manipulation du LIBOR.

Dans son édition du 14 juillet, il a consacré la rubrique Buttonwood à dénoncer l’aléa moral dont bénéficient les banques. On aimerait que l’ennemi en carton de la finance qui occupe l’Elysée soit capable de faire des propositions concrètes pour combattre les dysfonctionnements du système actuel. Avec ce sens de l’ironie tellement anglais, The Economist y décrit les quatre règles d’or de la finance après un sous-titre indiquant « elles (les banques) font les règles et empochent l’or ».

Lordon, sors de ce corps !

On croierait en effet le lire avec ces quatre règles d’or. La 1ère  indique que « la loi de l’offre et de la demande ne s’applique pas », pour les salaires des banquiers, qui ne baissent avec le nombre de candidats. La 2nde indique que « le succès vient de mon génie, l’échec est la faute de quelqu’un d’autre » soulignant que les dirigeants des grandes banques ont démontré une assez incroyable incapacité à savoir ce qui se passe chez eux, confinant à un « Alzheimer précoce » !

La 3ème règle « ce qui est chanceux pour un trader peut être malchanceux pour la banque », soulignant que les règles de promotion des banques font que les erreurs sont toujours commises quand le trader gère un gros portefeuille, maximisant les pertes. Enfin, la 4ème règle indique que « le renvoi ou la démission peut être un plan de retraite » du fait des salaires extravagants du secteur et des parachutes dorés qui existent dans la profession, le plus souvent de manière discrète…

Un système bancaire à revoir complètement

dimanche 22 juillet 2012

Pourquoi les Etats-Unis s’en sortent mieux que la zone euro ?


C’est une question dérangeante pour la zone euro. Même si tout n’est pas rose, loin de là, aux Etats-Unis, la situation s’y améliore progressivement alors que les pays européens s’enfoncent dans une nouvelle récession, moins de trois ans après la grande crise.

Etats-Unis 2, Europe 0

Bien sûr, le taux de chômage outre-Atlantique reste au-delà de 8%, un niveau extrêmement élevé pour eux (minoré par toutes les personnes qui ont quitté le marché de l’emploi), mais ce taux a baissé de près de deux points alors qu’il bat des records en Europe, à plus de 11%. Et même si la croissance faiblit, autour de 2%, elle reste positive, quand la zone euro va traverser une nouvelle récession en 2012, dont on se demande s’il sera possible d’en sortir en 2013…

Cette situation est paradoxale car la crise que nous traversons est venue de la finance dont New York est un centre mondial (comme Londres et Singapour) et que le marché immobilier étasunien s’est totalement effondré. Du coup, théoriquement, la récession devrait être plus dure outre-Atlantique que chez nous et la reprise plus lente. C’est tout l’inverse en réalité. La récession a été aussi forte des deux côtés de l’Atlantique, et nous ne parvenons pas à relancer l’économie.

Pourquoi un tel écart ?

Les raisons de cette divergence atlantique sont nombreuses. Les deux principales sont assez évidentes. A Washington, on compte sur la reprise économique pour réduire les déficits et priorité claire est donnée à la première. Dans les capitales européennes, une austérité sauvage a cassé la croissance dans beaucoup de pays, fragilisant du coup le rééquilibrage des finances publiques. Cette austérité suicidaire est notamment dénoncée par Paul Krugman et Joseph Stiglitz.

Mais il y a également eu une grande divergence dans la politique monétaire. Alors que la BCE augmentait légèrement ses taux il y a un an, avant de les baisser, constatant son erreur, la Fed les a maintenu au plus bas. En outre, alors que la BCE aide presque exclusivement les banques (en leur prêtant notamment 1000 milliards en début d’année), la Fed monétise la dette publique, poussant les taux à la baisse. Bref, la banque centrale soutient bien plus l’activité outre-Atlantique.

Un écart qui devrait s’accentuer

samedi 21 juillet 2012

La dérisoire lutte de pouvoir à l’UMP


Jean-François Fillon ou François Copé ? Qui prendra la tête de l’ancien parti majoritaire et avec une option pour la candidature aux élections présidentielles de 2017 ? A moins que les petits outsiders comme Christian Estrosi et Nathalie Kosciusko-Morizet ne troublent ce face-à-face…

Querelles d’ego

Tout le monde savait que Jean-François Copé essaierait de récupérer définitivement le parti après la défaite de Nicolas Sarkozy. Il ne s’en était pas caché. La surprise vient plutôt de la déclaration de candidature de François Fillon, dont la transparence pendant les cinq années du mandat de Nicolas Sarkozy ne semblait pas indiquer une ambition ou un caractère suffisamment affirmés pour essayer de prendre la tête de l’opposition et se positionner en vue des élections de 2017.

Mais finalement, comme toujours, les sondages sont un puissant aphrodisiaque qui peut révéler une ambition contenue jusque là. Et ceux de François Fillon sont largement meilleurs que ceux du secrétaire général de l’UMP. Certes, les sondages ne sont pas toujours bons conseillers. Ils avaient couronné Edouard Balladur en 1995, Ségolène Royal en 2006 ou Nicolas Hulot pour les Verts en 2011. Ils peuvent donc être de mauvais conseillers et conduire à un échec sévère.

En effet, Jean-François Copé contrôle l’appareil, ce qui équilibre le débat entre les deux hommes, même si le dernier sondage de Paris-Match indique une préférence à 81% des sympathisants UMP pour l’ancien Premier Ministre. Du coup, les éventuelles candidatures de Christian Estrosi et Nathalie Kosciusko-Morizet apparaissent comme d’autant plus anecdotiques qu’on ne comprend pas pourquoi ils se présentent, la palme revenant au club « la France droite » de NKM.

Une querelle dérisoire

vendredi 20 juillet 2012

L’Europe s’enfonce dans l’euro-dépression


La zone euro devrait être la seule région au monde à connaître un recul de son PIB en 2012. Une preuve éclatante à la fois de la nocivité des politiques d’austérité menée sur le continent mais aussi des conséquences fâcheuses de l’unification monétaire.

Le suicide économique de la zone euro

Joël Halpern a déniché sur son blog cette belle citation de Keynes : « en temps de paix, timides, timorés, hésitants, manquant de persévérance et de détermination, ils pensent qu’un emprunt n’est qu’une dette, et non un moyen de transformer en actifs utiles un surplus de ressources qui autrement serait gaspillé (…) Il ne devrait pas être difficile de comprendre que 100 000 maisons constituent un capital national et 1 million de chômeurs une charge pour la nation ».

Elle synthétise parfaitement la politique économique européenne menée actuellement. S’il est évident qu’il faut gérer les deniers publics avec rigueur, les politiques d’austérité sauvage menées sur le continent sont absurdes. Les coupes drastiques dans les dépenses publiques dépriment la croissance et les rentrées fiscales, limitant grandement l’amélioration des finances publiques, comme on le voit bien en Grèce et en Espagne, qui ont du mal à réduire leurs déficits.

La baisse des dépenses publiques est en grande partie compensée par la baisse des rentrées fiscales, malgré la hausse des impôts et la baisse du PIB provoque une envolée du poids de la dette. Bref, les politiques menées sont totalement ubuesques. C’est ce qu’explique très bien Yann dans son papier « Suicide à l’espagnol ». Il est proprement effarant que les dirigeants européens ne tirent pas les leçons de l’impasse dans laquelle ils sont depuis plus de deux ans.

Un plan B existe

jeudi 19 juillet 2012

Les Etats-Unis se sédentarisent


La question de la mobilité des travailleurs a une place à part dans la théorie économique car il s’agit d’une condition importante pour une union monétaire. Une récente étude de la Réserve Fédérale de Minnéapolis révêle que la mobilité baisse fortement depuis 20 ans aux Etats-Unis.

Un changement culturel

La mobilité des étasuniens est une donnée profondément culturelle dans ce pays. En effet, le thème de la frontière fait partie intégrante de la façon dont les Etats-Unis se sont construits. Mais ce mythe fondateur a trouvé une manière de se prolonger dans l’économie moderne d’une double façon. Tout d’abord, les étasuniens n’hésitent pas à quitter leur Etat pour trouver un autre emploi, de même qu’ils vont fréquemment faire leurs études supérieures ailleurs.

Mais selon cette étude rapportée par The Economist, la mobilité interne (le pourcentage de résidents du pays qui ont démanagé dans un autre Etat) aurait largement reculé en vingt ans, passant d’environ 3% au début des années 1990 (niveau historique) à 1,5% en 2011. Ce phénomène est régulier et ne s’explique pas uniquement par la récente explosion de la bulle immobilière, qui n’a pas spécialement accéléré la sédentarisation des ménages étasuniens.

Cette étude souligne que la baisse de la mobilité concerne toutes les classes sociales et les types de foyer. Pour les auteurs, la raison vient du marché du travail, dont 98% de la croissance depuis 20 ans vient de secteurs non échangeables (santé, éducation), plus stables, et d’une répartition plus homogène de l’activité économique. Enfin, les technologies de l’information pourraient réduire la motivation à déménager puisqu’il est possible de connaître un autre Etat sans y aller.

Mobilité et divergence économique

mercredi 18 juillet 2012

Le two pack, la 3ème camisole budgétaire européenne


C’est grâce à la persévérance de Magali Pernin, du blog Contre la Cour, que j’ai creusé la question du two pack. J’avoue ne pas très bien saisir l’intérêt d’une nouvelle initiative européenne pour museler les budgets nationaux, mais ce magma législatif mériterait un référendum.

Une triple camisole budgétaire

On ne mesure sans doute pas bien le poids des pesanteurs que les dirigeants européens acceptent de se voir imposer par le moloch législatif européen. Il y a un peu plus d’un an, j’avais fait un point sur le six pack, suite à une très bonne analyse de Frédéric Vialle, d’Attac. Cette première série de règles introduisait des normes en matière de déficits et de dettes, ainsi que des procédures de sanction contre les Etats qui s’en écartent, donnant la part belle à la Commission.

Le six pack ne semble pas avoir suffi aux faucons de la rigueur qui ont obtenu la création du TSCG, le traité que François Hollande va finalement faire adopter après avoir obtenu un « pistolet à eau » pour la croissance, pour reprendre le mot de Paul Krugman. Le TSCG introduit l’objectif d’un déficit structurel de 0,5%, bien plus sévère que Maastricht, et reposant sur une donnée subjective, le déficit structurel, que la Commission Européenne sera chargée d’estimer.

Malgré cet arsenal déjà riche, les autorités européennes ont jugé bon d’ajouter un troisième étage à la fusée de l’austérité européenne : le two pack. Ici, il s’agit de deux règlements qui se contenteront de passer par la Commission et le Parlement. Le premier concerne le renforcement de la surveillance économique et budgétaire des Etats en difficulté. Le second établit des dispositions pour le suivi et l’évaluation des projets de plans budgétaire et pour la correction des déficits excessifs.

Ces deux règlements, rendus publics en février, ont été votés au parlement européen le 13 juin, comme le rapporte Magali Pernin, avec le soutien des libéraux, de la droite, des centristes, des socialistes et des verts. Des compromis ont été faits entre les groupes du parlement pour obtenir un large consensus. Le nouveau texte inclut notamment des prémices d’euros obligations (mais sans conséquences réelles) et ne mentionne plus la constitutionnalisation de la camisole budgétaire.

Une véritable stratégie du choc antidémocratique

mardi 17 juillet 2012

Fiscalité : Hollande détricote à raison Sarkozy


Europe, austérité, mondialisation, libre-échange, défense de l’euro payée par les peuples : sur de nombreux sujets, notamment économiques, le changement a été marginal le 6 mai. En revanche, sur les questions de fiscalité, François Hollande défait une partie importante des erreurs de Nicolas Sarkozy.

Ci git le paquet fiscal

La loi TEPA a été la première loi poussée par Nicolas Sarkozy, une loi paradoxale car elle privait l’Etat de 10 à 15 milliards d’euros de recettes et creusait par conséquent les déficits publics, qui n’étaient pas la préoccupation d’alors. Elle comportait l’éxonération de charges sociales sur les heures supplémentaires (le « travailler plus pour gagner plus »), l’abaissement du bouclier fiscal à 50%, la déduction des intérêts d’emprunts immobiliers ou la baisse des impôts sur la succession.

Mais ce paquet fiscal a coûté cher à Nicolas Sarkozy, représentant une forme de péché législatif originel, dont les bénéfices revenaient largement aux ménages les plus aisés (heures supplémentaires mis à part). Avec les erreurs de communication de début de mandat, cela a contribué à donner au président élu en 2007 l’image de président des riches. Il faut dire qu’il a persévéré en réduisant très largement l’impôt sur la fortune en 2011 (même s’il a sacrifié le bouclier fiscal à l’occasion).

D’ailleurs, la critique permanente du paquet fiscal a fini par faire reculer en partie le gouvernement précédent qui est revenu sur la déduction des intérêts d’emprunts immobiliers et le bouclier fiscal à 50%. L’équipe de Jean-Marc Ayrault a décidé de revenir sur les deux dernières grandes mesures symboliques de cette loi (les heures supplémentaires et l’impôt sur les successions) ainsi que sur d’autres mesures phares du gouvernement précédent (l’ISF et la TVA sociale).

Un 180° globalement juste

lundi 16 juillet 2012

Délires européens sur l’immigration


C’est une interview assez stupéfiante que la commissaire européenne aux affaires européennes a donnée au journal Le Monde, sur l’immigration. Un entretien révélateur de la vision dogmatique, sans nuance et sans recul qui prévaut dans les cénacles européens et la gauche sociale-libérale.

L’immigration est-elle nécessaire en Europe ?

Pour Cecilia Malmström, « l’immigration sera nécessaire, étant donnée notamment l’évolution de la démographie dans la plupart de nos pays. On estime qu’en 2030, sans nouvelle immigration, la population européenne en âge de travailler aura diminué de 12% (…) d’ici à 2020, le secteur européen de la santé devrait manquer de 2 millions de personnes ». Tout d’abord, il faudrait lui rappeler que le taux de chômage vient de battre un record, à 11% de la population active.

Pire, l’OIT estime que nous risquons d’ajouter 4,5 millions de chômeurs aux 17,4 millions déjà recensés dans les quatre prochaine années. Bref, les pays européens ont surtout besoin d’emplois aujourd’hui, bien plus que de nouveaux immigrés qui auraient toutes les difficultés à trouver un emploi. Et si le secteur de la santé risque de manquer de 2 millions de personnes en 2020, autant former des chômeurs ou des jeunes. Nous avons huit années pour le faire !

Quand Le Monde ne fait pas son travail

L’entretien du Monde est une caricature sans le moindre recul. Il est tout de même stupéfiant que le journaliste ne reprenne pas la commissaire européenne qui évoque la diminution de la population active européenne en lui précisant que la situation varie énormément selon les pays. En effet, si l’Allemagne et l’Italie vont connaître un vrai krach démographique, les populations actives de la France et du Royaume Uni vont continuer à progresser, d’où des besoins différents.

Les questions du « journaliste » sont incroyables de parti-pris et de condescendance : « Comment convaincre à la fois les dirigeants et l’homme de la rue qui, souvent, ressent confusément (l’homme de la rue est un peu bête, dans l’esprit de ce « journaliste ») l’immigration comme une menace ? ». Bien sûr, il ne viendrait pas à l’idée du Monde que la montée du chômage et la crise provoquent un questionnement légitime sur les flux migratoires aujourd’hui

Débattre sereinement de l’immigration

dimanche 15 juillet 2012

Hollande entre tradition, postures et autorité


Hier, le président de la République a repris la traditionnelle interview du 14 juillet, abandonnée par Nicolas Sarkozy après une première tentative guère concluante où il s‘était vu qualifié de « petit garçon » par PPDA. Une intervention dominée par le plan social de PSA et le tweet de sa compagne.

PSA : grosse voix et petits bras

Comme Arnaud Montebourg jeudi soir sur France 2, le président de la République a procédé en trois temps. Il a commencé par exprimer son émotion, évoquant un « choc », disant que « l’Etat ne peut pas rester indifférent ». Puis, dans un second temps, il s’est fait très dur contre la direction, évoquant un « mensonge » sur la date de l’annonce. Martial, il « considère ce plan inacceptable » et qu’il « doit être renégocié » pour réduire le nombre de suppression d’emploi.

Mais, de facto, quand François Hollande annonce que « nous pouvons faire en sorte qu’Aulnay reste un site industriel » et parle simplement d’une réduction du « nombre de suppressions d’emploi », il est bien évident qu’il accepte indirectement la fermeture du site par PSA (en espérant qu’il trouvera un repreneur). Bref, ce ne sont que des mots, car il est bien évident que l’expert, qui remettra son rapport le 25 juillet (pratique, au milieu de l’été) aura du mal à contester le besoin d’un tel plan.

En effet, que dire à une entreprise qui a perdu 700 millions d’euros sur le seul premier semestre et dont l’activité automobile était déjà légèrement déficitaire en 2011. Malheureusement, ce plan d’économie est la conséquence logique de politiques européennes calamiteuses pour les constructeurs automobiles. Et rien ne sera fait sur l’euro cher ou le libre-échange anarchique. Du coup, malgré les mots durs à l’égard de la direction du groupe, le gouvernement laissera faire.

Les affaires privées se règlent (un peu) en public

samedi 14 juillet 2012

Montebourg, de la démondialisation à l’effondrement productif


Arnaud Montebourg s’est démarqué lors des primaires socialistes en se faisant le défenseur de la démondialisation. Mais l’épreuve du pouvoir, avec le plan social de PSA, est un exercice cruel comme l’a montré son passage sur France 2 jeudi soir, d’où n’est pas ressorti grand chose.

Un diagnostic juste

En reprenant le terme de démondialisation, inventé par Jacques Sapir, le député de Saône et Loire avait touché le gros lot lors des primaires, terminant devant Ségolène Royal, avec 17% des suffrages, ce qui lui a valu un beau ministère. Mais il était bien évidemment illusoire d’espérer appliquer ces idées sous la présidence du jospino-deloriste qu’est François Hollande. Le nouveau président sait faire des synthèses improbables mais pas sortir du cadre européen.

Résultat, Arnaud Montebourg est dans une équipe qui ne compte pas remettre en cause la mondialisation et qui cherche seulement à s’y adapter. Et c’est dommage car toutes les analyses qu’il avait reprises à Jacques Sapir (proches des idées de Jean-Luc Gréau) étaient justes. Les ravages de l’euro cher, de l’ouverture anarchique du marché européen aux importations et des politiques d’austérité sauvages expliquent toutes trois la crise que traverse le secteur automobile.

En effet, le cas du plan social de PSA n’est pas celui d’un licenciement boursier pour augmenter les dividendes d’actionnaires cupides, mais le plan d’ajustement d’une entreprise qui a perdu tout de même 700 millions d’euros au premier semestre. Pire, PSA était resté beaucoup plus patriote que Renault en conservant 44% de sa production en France, contre 23% pour l’ancienne régie. En fait, le constructeur automobile est emporté par le marasme du marché européen.

« Un ministre, ça ferme sa g… ou ça démissionne »

vendredi 13 juillet 2012

PSA, triple victime de l’Union Européenne



Victime de la politique européenne

Il ne faut pas négliger la responsabilité des politiques européennes dans les annonces faites hier par PSA. En premier lieu, le trou d’air des principaux marchés de PSA (France, Espagne, Italie) doit beaucoup aux politiques absurdes mises en place par les gouvernements de ces pays. Les politiques d’austérité sauvage poussent les consommateurs de ces pays à repousser le renouvellement de leurs voitures, provoquant un effondrement des ventes, dont PSA n’est qu’une victime.

Ensuite, PSA est aussi la victime du libre-échange anarchique mis en place sur le territoire européen. Alors que tous les constructeurs asiatiques peuvent encore compter sur un marché protégé de la compétition internationale pour leur assurer des marges leur permettant d’affronter le retournement des marchés, les constructeurs européens dépendent d’un marché ouvert à tous les vents. PSA affronte les constructeurs coréens en Europe sans pouvoir vendre en Corée…

Enfin, PSA est également une victime de l’euro cher, qui le rend moins compétitif. En ayant été plus lent à délocaliser sa production que Renault (PSA produit encore 44% de ses voitures en France, contre 23% seulement pour l’ancienne régie nationale), le groupe produit trop dans des pays à monnaie chère (une 208 coûte 700 euros plus cher à produire en France qu’en Europe de l'Est). Comme pour l’aéronautique, l’euro cher pénalise tout ce qui est fabriqué en France.

PSA, victime d’un système

jeudi 12 juillet 2012

A Madrid, Berlin et Helsinki, la crise de l’euro continue…


Comme d’habitude, le 19ème sommet européen consacré à la crise de l’euro n’a rien réglé. Les marchés vont toujours aussi mal, entre la France qui emprunte à taux négatifs et l’Espagne qui n’a jamais emprunté aussi cher… Et les risques de blocage se multiplient en Allemagne et en Finlande.

Quand Madrid suit Athènes

Certes, quelques pays, dont la France, une première, profitent du déversement massif de liquidités par la BCE pour emprunter aujourd’hui à des taux légèrement négatifs, mais outre le fait que la situation est moins riante ailleurs, cela n’est pas un bon signe. Et pour la première fois, les taux d’intérêts à 10 ans de l’Espagne ont passé le cap des 7%, cap jugé critique et qui a déclenché les plans européens dans le passé pour la Grèce, l’Irlande et le Portugal. Madrid est au pied du mur.

C’est sans doute pour cela que Mariano Rajoy a annoncé mercredi de nouvelles mesures d’austérité, très sévères : outre des coupes dans les budgets des ministères et dans les primes des fonctionnaires, le chef du gouvernement a décidé d’augmenter la TVA (3 points de plus pour le taux le plus élevé et 2 points de plus pour le taux médian). Exactement le même genre de potion amère que la Grèce avait décidé de mettre en place en 2010, avec le succès que l’on sait.

Cet ajustement de 65 milliards en trois ans doit permettre au pays de ramener son déficit budgétaire à 3% du PIB en 2014, un an plus tard que prévu. En contre-partie, l’Espagne accepte discrètement de passer sous la tutelle de la troïka technocratique (FMI, BCE, Commission) qui viendra tous les trois mois à Madrid. C’est la condition pour recevoir le plan européen qui permettra au pays de recapitaliser ses banques à moindre coût, et la première tranche de 30 milliards.

Les pays créanciers rechignent toujours

mercredi 11 juillet 2012

La conférence de gestion de la régression sociale

Lundi et mardi se tenait une conférence sociale au Conseil Economique et Sociale, rassemblant l’ensemble des syndicats pour travailler sur de nombreux sujets (emplois, formation professionnelle, coût du travail…). Une démarche intéressante sur la forme mais dont le fond reste désespérement plat.

Une méthode positive

Sur le principe, rassembler pendant deux jours les syndicats pour travailler avec les ministres sans chercher forcément à annoncer des mesures à la fin est positif. Le quinquennat de Nicolas Sarkozy a été marqué par un tourbillon d’annonces et de lois souvent mal conçues et superficielles qui ne traitaient pas vraiment les problèmes de notre pays. Le cas le plus criant est l’augmentation continue des violences aux personnes malgré les innombrables gesticulations législatives.

Hormis pour le Grenelle de l’environnement, une des quelques réussites du président précédent, Nicolas Sarkozy a beaucoup trop négligé le travail de fond, ne se donnant pas le temps de travailler dans la durée sur les sujets qui le nécessitent. C’est pourquoi il est positif de convoquer une telle conférence, de manière à permettre aux syndicats de salariés et patronaux de discuter avec le gouvernement des orientations à prendre pour les prochaines années.

D’ailleurs, cette conférence a fait ressurgir un débat important, celui du financement de notre système de protection sociale. Les syndicats patronaux se plaignent en effet du coût du travail élevé dans notre pays et ont réussi à mettre ce point à l’agenda. Mais Bernard Thibault a jugé qu’il y a eu « des pressions patronales. Nous ne partageons pas cette vision d’un problème de compétitivité ». Un débat sur la hausse de la CSG est apparu, avec un très bon dossier du Monde sur le sujet.

Des perspectives dérisoires