mardi 4 février 2014

Valls, rideau de fumée de l’angélisme du PS sur l’immigration et l’insécurité


Atlantico : Qu’est-ce que cela dit du rapport de la gauche actuelle à l’immigration ? Est-elle écartelée par la question ?
Laurent Pinsolle : La gauche est effectivement en difficulté sur cette question et sa position a beaucoup évolué. Elle a un temps, avec Georges Marchais, tenu un discours de limitation de l'immigration en forte de période de chômage avant de passer à une sorte d'angélisme hérité de la pensée mitterrandienne sur la question. Cette dualité se retrouve dans le gouvernement actuel qui malgré tout, tirant les leçons de l'échec de Lionel Jospin, a décidé d'adopter une posture plus ferme. Toutefois, les chiffres publiés cette semaine montrent bien qu'il ne s'agit, de fait, que d'une posture...



Atlantico : La gauche connait-elle ces derniers temps une difficulté particulière à se positionner par rapport à la question de l’immigration ? Joue-t-elle, par le biais de Manuel Valls notamment, un numéro d'équilibriste entre ses courants ?

Vers la fin du travail ?

Billet invité de Thomas Schott


S’interroger sur le travail, c’est mettre en lumière l’état et le devenir de nos sociétés modernes. Alors que l’emploi est l’alpha et l’oméga d’une condition sociale décente, celui-ci disparaît peu à peu sous le poids des mutations technologiques et de fait, c’est toute la structure de la société et des rapports entre individus qui est remise en cause.



Y aurait-il un “aveuglement médiatique“ ? Alors que dirigeants politiques, intellectuels en vue et experts en tous genres peuplent les médias pour donner leurs solutions face au chômage, aucun écho n’est fait à la disparition du travail.

Éloge du rétroviseur

lundi 3 février 2014

Les dangers de la charte des langues régionales


La semaine dernière, l’Assemblée Nationale a adopté le texte visant à ratifier la charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Par-delà un exposé des motifs qui fait honte à notre représentation nationale, ce texte représente une véritable menace pour notre République.


Une véritable menace

Les promoteurs de cette charte essaient de nous faire croire qu’il s’agit seulement d’une défense de notre patrimoine régional, de nos traditions. C’est une idée à laquelle le bayonnais vivant à Paris que je suis, fortement conscient du fait que la richesse de la France vient aussi de la richesse de ses cultures régionales, pourrait être sensible. D’ailleurs, c’est un peu la manière dont le débat d’Europe 1 a (malheureusement) tourné. Après tout, je ne suis pas contre l’apprentissage des langues régionales et la préservation de ces identités régionales. En revanche, préserver l’unicité de la République et de ce ciment qu’est le français m’apparaît essentiel, d’autant plus qu’il est attaqué de tous côtés.

Car comme le note David Desgouilles dans un papier que je vous recommande vivement, c’est justement ce dont il s’agit ici. Dans le préambule, il est dit « que le droit de pratiquer une langue régionale ou minoritaire dans sa privée et publique constitue un droit imprescriptible ». Du coup, malgré certaines précautions, David souligne que « la Cour Européenne des Droits de l’Homme pourra très bien reconnaître à un justiciable de voir se dérouler son procès en occitant, ou à un couple armoricain de voir célébrer son mariage en breton ». Rien n’est sûr, mais cela reste une possibilité. Et cette manière de faire, assez sournoise et typique de cette construction européenne, a plutôt tendance à confirmer cette crainte.

Honte sur l’Assemblée !

L’introduction des « études de genre » dans les programmes scolaires en biologie, un arrière-goût de pseudo-science soviétique


Billet invité de Diomedéa professeur agrégé de SVT, docteur en géographie

Luc Châtel et Vincent Peillon nous jurent en chœur et la main sur le cœur qu’ils n’ont pas introduit la « théorie du genre » à l’École. D’ailleurs, nous explique-t-on, il n’y aurait pas de « théorie du genre » – ce serait un fantasme intégriste et réactionnaire – mais simplement des « études de genre » universitaires, qui relèvent de la sociologie. La politique ne ferait que s’emparer de ces études comme nouveau levier pour réduire les résidus d’inégalités entre les hommes et les femmes. On nous informe donc qu’il serait ridicule, que c’est une erreur philosophique grossière, de penser que ces études de genre – relevant du champ des sciences sociales – constituent une négation de l’origine biologique des sexes. Les « études » de genre, le paradigme genriste, ne feraient que s’attaquer aux différences « construites socialement ».




Un concept social introduit en SVT


dimanche 2 février 2014

Les mensonges de The Economist


Si The Economist présente le plus souvent les faits de manière honnête au point de prendre le risque de desservir les idées qu’il défend, comme avec les bonus des dirigeants d’ABI, ce n’est pas toujours le cas. Retour sur deux abus caractérisés, que l’hebdomadaire ne pouvait pas ignorer.

Nouveau dénigrement de la France

Avant la conférence de presse du président, et après les vœux de fin d’année, The Economist avait fait un papier intitulé « François Hollande, libéral ? », accompagné d’un petit graphique montrant l’évolution comparée du PIB de la France, de la Grande Bretagne et de l’Allemagne de 2010 à 2014. Si notre pays démarre mieux que notre voisin d’outre-Manche, fin 2014, notre PIB affiche une hausse de 3% seulement, contre 5% pour le Royaume Uni et 6% pour notre voisin d’outre-Rhin. Verdict : la croissance de notre pays serait plombée par notre manque de réformes (libérales s’entend).


Mais ce graphique est très critiquable. D’abord, il ne comprend pas l’Espagne ou l’Italie, qui vont nettement moins bien que nous. Ensuite, on peut contester le fait de prendre en compte les prévisions pour l’année 2014, qui restent encore assez aléatoires, et qui font l’essentiel de la différence entre Londres et Paris. Enfin, le choix de l’année de départ, 2010, n’est pas neutre, puisqu’en 2009, la récession a été nettement moins forte chez nous que chez nos voisins. De 2008 à 2013, si le PIB de la France n’a monté que de 0,7% (contre 3,1% en Allemagne), outre-Manche, il a baissé de 0,8%...



Des crises financières inévitables ?

Référendum en Grande Bretagne : le coup de force des euro-autoritaires


Billet invité d’enfant de patrie dont vous pouvez retrouver le blog ici

Le Premier Ministre Britannique, David Cameron, s’était engagé à organiser un référendum sur la sortie d  ddu Royaume-Uni de l'Union Européenne et à renégocier les traités. Cette nouvelle consultation de la population est désormais remise en question, à la Chambre des Lords (équivalent du Sénat en France). Avec ce nouveau coup de force, visant à museler la parole du peuple Britannique, les euro-autoritaires rompent une nouvelle fois avec l’idéal démocratique.



L'ambiguïté du référendum

Si le Premier ministre britannique a exprimé une ferme volonté d'organiser un référendum, avec pour question « pensez-vous que le Royaume-Uni doit rester membre de l'Union européenne? », il a aussi montré son attachement à l'Europe, souhaitant que les Britanniques restent dans l'Union, expliquant « je ne suis pas un isolationniste britannique ». À travers cette volonté d'une consultation du peuple, le chef du gouvernement d'outre-Manche applique une double stratégie. En effet, le scrutin est conditionné à la réélection de la majorité actuelle, et à la reconduite du mandat de David Cameron. Il espère ainsi récupérer des voix auprès des électeurs de Ukip, dont les intentions de vote ne cessent de progresser. Le second volet vise à envoyer un message aux gouvernants Européens et à la commission, pour obtenir une renégociation des traités. Ce discours est en parfaite adéquation avec l’état actuel de l’opinion publique britannique, très critique à l’égard de l’UE.

En vue de ce référendum, un texte de loi porté par le député James Wharton (parti conservateur), a été soumis à l'approbation de la chambre haute du Parlement britannique, le 10 janvier dernier, qui l'a accepté. À la chambre des lords s’est créée une alliance de circonstance, favorable à l’Union Européenne actuelle, constituée de libéraux démocrates, travaillistes, conservateurs européistes, pour retoquer le texte. Ainsi, cette institution va à l’encontre de la volonté d’une majorité du peuple britannique. 50% des britanniques sont favorables à une sortie de la Grande-Bretagne de l’UE (30% seulement, étaient pour le maintien), dans un sondage mené par le Financial Times, en février 2013. Il est paradoxal que des parlementaires censés représenter les citoyens dans leurs diversités, n'écoutent pas leurs opinions.

David Cameron se retrouve contesté au sein même de sa coalition gouvernementale, par une minorité de conservateurs rejoignant l’avis des libéraux-démocrates totalement opposés au projet.

Une nouvelle dérive euro-autoritaire

L’Europe devait être au service des peuples, qui voient aujourd’hui leurs paroles bafouées. L’un des symboles de cette Europe autoritaire  en France, c’est le référendum sur la Constitution européenne de 2005, ratifié par l’UMP-PS-EELV et les centristes, dans une version quasiment identique, contre l'avis des citoyens français, en 2008. Chose tout à fait absurde et antidémocratique que de questionner le peuple, et de n’en tirer aucune leçon. Le rejet de la souveraineté du peuple, a encore gravi un échelon supérieur, avec l'adhésion de la Lettonie à la zone euro, contre l’avis d’une large frange de la population. Le refus du référendum Britannique, n’est que la poursuite de la politique autoritaire menée depuis de nombreuses années par l’Union Européenne. Cette folle Europe, imposant ses choix aux populations, ne les consultant que pour avaliser les décisions des technocrates de Bruxelles.

Ce débat permet une nouvelle fois aux euro-autoritaires de faire entendre leur voix contre le premier des principes démocratiques, la souveraineté populaire. Ainsi, de nombreux responsables politiques européens ont fustigé la proposition de laisser les britanniques choisirent si leur pays doit rester dans l’UE. L’ancien Premier ministre belge, Guy Verhofsdadt (ADLE, dont le Modem et le Parti Radical sont membres), a estimé qu’il était impossible de renégocier individuellement les traités. Il prévoit une  renégociation collective après les élections européennes de 2014, avec, encore et toujours, plus d’intégration et de fédéralisme. Bien sûr, une fois de plus on imagine qu’ils feront en sorte de ne pas consulter les peuples, qui subiront ce diktat fédéraliste.

Les principaux dirigeants européens se coupent de plus en plus des populations, isolés, n'entendant pas les peuples qui grondent. L'appel lancé il y a quelques années par le parti communiste Grec (KKE), « peuples d'Europe levez-vous », pourrait finir par être entendu, notamment lors des élections européenne, qui se dérouleront en mai. L’Union Européenne n’a plus ni la légitimité, ni l’approbation des populations, qui demandent la renégociation des traités, et le retour à une souveraineté nationale. A fortiori, ce nouveau refus de la démocratie doit être fermement condamné, et devra être sanctionné électoralement lors des prochaines échéances. Nous devons être solidaires face à ce nouveau déni de démocratie.
Enfant de la patrie

samedi 1 février 2014

2014, 2015 : et si la croissance revenait ?



Vous pouvez lire un pronostic différent en lisant le papier de Max


C’est un débat qui anime les cercles alternatifs. Du fait du manque de réforme du système économique, il est bien évident que nous continuons à aller dans la mauvaise direction. Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer la possibilité d’une reprise, certes illusoire, mais significative, de nos économies.



Pourquoi une reprise ?


Je partage absolument tous les arguments présentés par Max, pour son premier (très bon) billet invité sur le blog. Il tient un discours assez proche de celui de Jacques Sapir mais, malgré tout, je ne suis pas d’accord avec la conclusion sur le pronostic pour cette année. Dès janvier 2013, j’avais pronostiqué « une sortie illusoire de crise en 2014 », évoquant un rebond probable du marché automobile, le desserrement des politiques d’austérité et l’aide apportée par la croissance internationale. Bien sûr, je notais que cette reprise « serait aussi faible qu’illusoire pour la grande majorité de la population ».

Le scénario que je dessinais il y a un an semble se confirmer, avec un marché automobile en croissance sur la fin de l’année en Europe et en France. En effet, les politiques d’austérité se sont adoucies puisque les objectifs de réduction des déficits ont été repoussés. Tout ceci va soutenir la croissance pour 2014 et 2015. Il ne faut pas oublier qu’en 2013, le gouvernement avait mis en place un plan d’austérité de 30 milliards, soit 1,5% du PIB. On peut imaginer que cela a coûté à notre pays au moins 1,3 points de croissance, selon les nouvelles estimations du multiplicateur budgétaire du FMI.

L’autre facteur positif, ce sera la demande extérieure (malgré notre déficit, d’autant plus que l’euro reste cher, comme l’a souligné BlackRock). En effet, la croissance accélère dans bien des pays clients de la France : certains ont décidé d’augmenter sensiblement leur salaire minimum (Etats-Unis et Grande-Bretagne) et l’Allemagne d’en mettre un en place. Aux Etats-Unis, avec la fin du sequester, qui avait pesé sur la croissance, et la reprise immobilière, les indicateurs s’améliorent grandement. La Grande-Bretagne, avec la bulle immobilière et financière, affiche une forte reprise. Partout ailleurs en Europe, la croissance s’améliore. Le Japon est officiellement sorti de la déflation.

Quel avenir à moyen terme ?

La France en 2014 : Scénarios


Billet invité présentant un pronostic différent de celui que je livre dans ce papier


La situation de la France ne peut a priori que se dégrader en 2014. Les fondamentaux sont malsains : anarchie commerciale entraînant la dislocation de pans entiers du tissu productif, euro surévalué qui déséquilibre davantage encore le commerce extérieur, stagnation de la demande intérieure et de celle de la zone euro, fiscalité sur le travail et charges administratives pesant fortement sur l'activité. De nouveaux facteurs récessifs vont s'ajouter : coincée entre les pays du Nord rattachés à une structure industrielle allemande restant nettement plus compétitive et les pays du Sud de la zone qui tentent de combler leurs écarts de compétitivité par une politique de déflation salariale, la France compense provisoirement par un relatif maintien de sa demande intérieure. Mais cela a pour effets d'accroître l'endettement et d'augmenter la consommation de produits importés  plus que de revitaliser la production nationale. Cette situation n'est donc pas tenable à terme.



L'année 2014 devrait voir la France passer sous la barre des 3 millions d'emplois industriels. Par ailleurs, la déflation qui gagne la zone euro va avoir pour effet une appréciation de la monnaie unique dans un contexte de guerre des monnaies (c'est-à-dire de chute de toutes les autres monnaies), qui va pénaliser plus encore l'industrie française et que les pays du Sud ne supporteront pas, d'où une nouvelle dépression de la demande intérieure qui engendrera elle-même un nouvel accroissement de la part des exportations, renforçant le cercle vicieux de la déflation, etc. La déflation, la dépression de la demande intérieure due aux politiques d'austérité et le recours accru à la compensation par les exportations vont aggraver la paupérisation de la zone euro, entraînant un ordre encore plus inégalitaire entre Etats (l'Allemagne, déjà dominante, a une plus grande capacité à absorber l'appréciation de la monnaie unique que ses partenaires du Sud) et au sein des Etats (la politique déflationniste de priorité aux exportations entraîne une baisse des revenus du travail et une augmentation des revenus du capital, accroissant les inégalités et fragilisant la cohésion sociale).

vendredi 31 janvier 2014

Mory Ducros : 3000 victimes de plus du « plombier polonais »


Le conflit entre les salariés de Mory Ducros et leur repreneur semble toucher à sa fin. Les près de 3000 salariés qui seront licenciés devraient toucher 10 000 euros en moyenne. Mais beaucoup oublient de se demander pourquoi le transporteur a fait cessation de paiement.


Une cause : la concurrence déloyale

Bien sûr, certaines belles âmes n’aimeront pas cette stigmatisation de l’étranger, mais il faut quand même regarder la réalité du transport routier en face. Si Mory Ducros est au bord de la faillite aujourd’hui, c’est pour une seule et unique raison : la concurrence déloyale des personnes venues d’Europe de l’Est ou du Sud, dont les salaires sont nettement plus bas qu’en France. Pour rappel, le SMIC roumain est environ dix fois plus bas que le SMIC français… Et on le voit sur nos routes, qui accueillent une proportion grandissante de transporteurs espagnols, portuguais, polonais, roumains…

D’ailleurs, dans le transport routier la part de marché internationale (pour tous les transports d’un pays à la France ou inversement) des transporteurs français est passée de 46 à 17% de 1999 à 2010. Pire, le cabotage (les entreprises étrangères qui, après un transport international, en profitent pour faire une mission en France sur le trajet du retour) a déjà pris 3,6% du marché intérieur. Le syndicat de la profession estime qu’un tiers de ses 350 000 salariés sont aujourd’hui menacés, comme le montre malheureusement bien la crise de Mory Ducros, qui ne sera par conséquent pas le dernier.

Le PS et l’UMP sont responsables

La crise de l'euro est-elle derrière nous ?

Conférence de Jean-Jacques Rosa à l'université de Montpellier, animée par Gilles Ardinat


La crise de l'Euro est-elle derrière nous? par GArdinat


J'en profite pour rappeler ma synthèse de son dernier livre sur l'euro :

 

L’économiste libéral fait partie de ceux qui avaient combattu la création de l’euro dans les années 1990. L’histoire lui ayant donné raison, il propose une analyse des dysfonctionnements de l’euro et de sa sortie.


Une Zone Monétaire non Optimale