« On
vous propose un boulot, vous faites quoi ? Vous dites oui. Vous
investissez. Et du jour au lendemain, ils cassent les prix. On a l’impression
d’être des machines » : c’est le témoignage d’un chauffeur
Uber qui manifestait contre la coupe de
20% des tarifs des courses.
Barbarie
économique pseudo moderne
Le plus
effarant avec Uber et ses congénères, c’est
de voir des commentateurs à courte vue vanter son modèle économique sans actif,
paré des atours de la modernité, ou même de l’économie collaborative. Car
les ressorts de ce modèle, même s’il repose sur les nouvelles technologies,
n’est pas si innovant. Uber
est un coucou à la recherche de rente, financé
par des marchés pour cette exacte raison. Un coucou car ce
sont ses chauffeurs qui doivent acheter les voitures et supportent le coût de
tous les services imaginés par Uber, mais qu’ils ne paient pas. Et encore
pire, l’entreprise
peut décider du jour au lendemain de baisser de 20% le prix des courses, pour
gagner des parts de marché, sans se soucier du sort de ses chauffeurs, dont
elle peut boulverser la vie, si ce n’est les mettre sur la paille.
En réalité,
le succès d’Uber tient au fait que les marchés acceptent de payer ses pertes
abyssales (l’entreprise
a perdu autant d’argent qu’elle a fait de chiffre d’affaires en 2014) en
pariant sur le fait qu’une fois arrivé en position dominante, elle
pourra alors dégager des profits colossaux, qui compenseront toutes les pertes
passées. Pour y arriver, il faut attirer un maximum de clients, par des
promotions, et faire le vide dans la concurrence. En baissant les prix de 20%
(alors qu’il perd de l’argent – signe
de la folie du modèle de cette entreprise), Uber vise les deux, tout en
étant assuré d’une perte limitée de chauffeurs étant donnée sa forte position
déjà acquise. Et une fois la concurrence liquidée, alors, Uber
et ses actionnaires pourront alors augmenter les prix et pressurer davantage
les chauffeurs.
La
déconstruction de la civilisation ?