vendredi 30 novembre 2012

L’ONU accueille enfin l’Etat Palestinien


Hier, la Palestine a obtenu une plus grande reconnaissance internationale avec le vote positif de l’ONU pour en faire un état non membre permanent (et plus seulement une « entité observatrice »), malgré l’opposition des Etats-Unis, d’Israël et de l’Allemagne. Une avancée loin de résoudre tous les problèmes.



L’obstruction d’Israël

L’attitude des Etats-Unis et d’Israël peut paraitre ridicule. Dans les faits, la Palestine est un Etat, qui a forcément vocation à être reconnu. Mais voilà, l’accès à ce statut pose problème à Washington et Tel Aviv car cela pourrait être le prélude à une accession de la Palestine à la Cour Pénale Internationale, où elle pourrait poursuivre Israël pour l’occupation de son territoire, même si Mahmoud Abbas a, pour l’instant, assuré que ce n’était pas l’objectif du vote d’hier.

Son offensive diplomatique avait surpris tout le monde l’an dernier quand il avait annoncé son intention de changer de statut à l’ONU et qu’il avait obtenu une reconnaissance de la part de l’UNESCO. Il faut dire que comme les négociations piétinent depuis si longtemps avec Israël, il est bien légitime qu’il décide de passer par une autre voie pour faire progresser la reconnaissance de la Palestine. C’est ce qui a été obtenu avec une très large majorité hier et qu’une presse israélienne a soutenu.

Cette reconnaissance intervient après un nouvel épisode sanglant à Gaza où 140 palestiniens et 5 israéliens ont perdu la vie, comme le rapporte The Economist. Cette séquence a de nouveau montré la disproportion qu’il y a entre les actions des deux camps et que la brève guerre menée par Israël fin 2008 n’a absolument rien résolu dans la durée puisque les tirs de roquettes ont fortement repris cette année. Bref, nous restons dans une logique de guerre où Israël profite de sa force.



Que pouvons-nous faire ?

jeudi 29 novembre 2012

L’UE dans une impasse


Vendredi, les dirigeants européens se sont séparés sur un constat de désaccord sur le budget. Ils devront donc se revoir début 2013 pour se mettre d’accord. Mais les désaccords ne s’arrêtent pas là : union bancaire, plan pour la Grèce, sur tous les sujets, l’UE piétine, comme l’a noté Jacques Sapir.

La discorde chez les européens

Les instances européennes ont un sacré culot. Alors qu’elles demandent à tous les pays européens de se serrer la ceinture, Barroso a proposé aux 27 un budget en hausse pour les prochaines années, déclenchant l’opposition de David Cameron, poussé par son opinion publique, UKIP et une partie des conservateurs. Résultat, il a été impossible de se mettre d’accord lors du sommet organisé la semaine dernière. Il n’est pas évident qu’un accord pourra être trouvé dans deux mois.

Parallèlement, les négociations sur l’union bancaire piétinent, comme le rapporte The Economist. Petit à petit, le projet se vide de sa substance. L’Allemagne veut le limiter aux grandes banques transnationales pour exclure ses banques régionales dont elle veut garder seule la supervision. Berlin s’oppose également à la constitution d’un nouveau fonds de résolution des banques ou à un partage supranational des garanties de dépôts qui en ferait in fine le créditeur de dernier ressort.

Mais les désaccords ne s’arrêtent pas là. Alors que la nouvelle tranche d’aide à la Grèce devait être versée en octobre, le FMI veut imposer aux pays européens une restructuration de la dette grecque. Mais Angela Merkel, qui rechigne déjà à rallonger l’aide à Athène d’une quarantaine de milliards d’euros, ne veut pas reconnaître les pertes à seulement dix mois des élections législatives, ce qui échauderait une opinion de plus en plus hostile au projet européenRésultat, les européens sont parvenus à un 3ème plan dont on se doute déjà qu’il en appellera un 4ème

Vers la désintégration de l’UE

mercredi 28 novembre 2012

La Catalogne menace l’unité espagnole


Dimanche, la Catalogne votait pour élire une nouvelle assemblée régionale. Si, au global, les séparatistes ont obtenu un bon score, en revanche, le parti du président Artur Mas a perdu 20% de ses sièges. Si la cause séparatiste semble devoir continuer à avancer, son chemin ne sera pas simple.

La tentation séparatiste

Les tensions entre Madrid et Barcelone ne cessent de s’accumuler depuis deux ans. La communauté autonome de Catalogne a déjà obtenu beaucoup. Elle jouit d’une grande autonomie, elle a imposé le catalan comme la seule langue officielle, à rebours et en réaction à la politique autoritairement centralisatrice de Franco. On peut se demander aujourd’hui si le point de non retour n’a pas été atteint avec la manifestation de soutien à l’indépendance du 11 septembre.

L’objet du conflit est la volonté d’Artur Mas d’organiser un référendum sur l’indépendance de la Catalogne et de lever les impôts et de minimiser les transferts financiers de sa communauté vers les régions moins riches d’Espagne. Ce conflit a sans doute été accéléré par la crise économique qui a plongé les finances espagnoles mais aussi régionales dans le rouge, imposant à la Catalogne une mise sous tutelle d’autant plus humiliante que la région paie plus qu’elle ne reçoit.

Résultat, CU, au pouvoir depuis longtemps, surfe sur la volonté de séparation d’une partie de la population et veut organiser un référendum lors de la législature à venir. Madrid estime qu’une telle consultation n’est pas constitutionnelle et que seul le Cortes à Madrid peut en décider. Mais Barcelone peut aussi jouer sur les mots pour essayer de rester de rester dans le cadre légal. Le bon score global des partis séparatistes semble ouvrir la voie à une prochaine consultation.

Fédéralisme ou séparation ?

mardi 27 novembre 2012

Copé à la tête de l’UMP, Fillon au pied du Rubicon


La partie de poker semble toucher à sa fin. La commission de recours de l’UMP a tranché : elle a proclamé la victoire de Jean-François Copé avec 952 voix d’avance. Après s’être beaucoup avancé à découvert, François Fillon est placé devant un dilemme difficile : poursuivre la lutte ou capituler.

Jean-François Copé, ou le fait accompli

Quelle naïveté de la part de François Fillon ! Comment pouvait-il imaginer une seconde que Jean-François Copé, qui avait les statuts derrière lui, pourrait abandonner une victoire quasi certaine contre une médiation au verdict aléatoire ? Bien sûr, il pouvait sans doute compter sur la pression populaire et militante pour trouver une issue ensemble, mais ce n’était clairement pas l’intérêt du vainqueur. Mais son adversaire sait bien que les heurts de 2012 seront oubliés dans quelques mois. C’est donc en toute logique qu’il a balayé l’idée d’un nouveau vote des militants.

Après tout, Martine Aubry avait réussi à s’imposer comme première secrétaire malgré les conditions de sa victoire et cela n’avait pas empêché le PS de remporter des victoires électorales quelques années plus tard. Du coup, il est parfaitement logique, surtout avec Jean-François Copé, qu’il s’accroche à la présidence de l’UMP malgré la tornade médiatique ainsi déclenchée. En outre, il se paie le luxe de multiplier par dix son avance avec le verdict de la commission de recours.

De plus, le temps joue pour lui. Il a tout de suite pris le rôle de chef de l’opposition en cannonant le Parti Socialiste, laissant la division à ses adversaires et va courtiser quelques fillonistes pour faire des prises qui démontreraient qu’il rassemble sa famille politique. Même si le camp Fillon reste extrêmement uni, il lui sera difficile de remettre en cause la politique de fait accompli du camp d’en face, sans apparaître comme des diviseurs ou des mauvais perdants. Malheur au vaincu !

François Fillon, ou le pyromane qui se brûle

lundi 26 novembre 2012

UMP : le blocus des égos



Les illusions de Fillon et Juppé

Mais comment François Fillon et Alain Juppé, qui ne sont pas des perdreaux de l’année, ont-ils pu croire un moment que Jean-François Copé allait accepter les conditions qu’ils voulaient lui imposer ? Alain Juppé s’est présenté en sauveur désintéressé du parti qu’il avait présidé. Il a cru bon poser ses conditions pour la médiation dans les médias, croyant sans doute que sa volonté allait forcément s’imposer aux statuts de l’UMP, avant même d’en discuter avec les deux protagonistes.

Bref, Alain Juppé a péché par orgueil dans sa manière de procéder. Avant d’annoncer publiquement qu’il était prêt à faire une médiation, il aurait du parler à François Fillon et Jean-François Copé pour voir s’il était possible pour lui de jouer un rôle dans cette tragi-comédie. Il a fait l’inverse, sans doute par orgueil, et il se retrouve le bec dans l’eau, même s’il garde le beau rôle médiatiquement, personne ne remettant en cause le mode assez cavalier qu’il a eu en posant ses conditions.

Mais François Fillon a également été victime de son ego. Trop sûr de sa victoire et de ses sondages, il n’a pas vu que la base militante s’était droitisée. Il n’a rien proposé, comptant uniquement sur son expérience et son image médiatique pour s’imposer. Mais depuis la victoire décernée par la COCOE, il parvient à être à la fois vindicatif (le coup de la « mafia », la menace d’action en justice), en retard sur les évènements et fuyant (ses soutiens ont quitté la Commission de recours).

Copé est-il inexpugnable ?

dimanche 25 novembre 2012

Mariage pour tous : le sale débat


Mon papier d’il y a quinze jours remerciant François Hollande pour son projet de mariage pour tous les couples a de nouveau provoqué la polémique. Par-delà les amalgames plus que douteux, cela a eu le bénéfice de faire avancer certains points du débat sur lesquels je veux revenir.

L’indifférence, ce n’est pas l’indifférenciation

J’ai un point d’accord avec les opposants à ce projet, à savoir qu’il ne faut pas tomber dans l’indifférenciation des sexes, ce qui reviendrait à nier la réalité. Or ce sujet est bien d’actualité comme l’a montré la proposition totalement ubuesque d’une conseillère d’Eva Joly de ne plus différencier les hommes et les femmes par les numéros 1 et 2 à la Sécurité Sociale, comme l’avait rapporté Coralie Delaume. Et pourquoi ne pas imposer des prénoms mixtes tant qu’à faire !

Si je suis favorable au droit à l’indifférence pour les homosexuels, nous ne devons pas tomber dans un excès qui reviendrait à supprimer toute référence à la mère et au père dans nos lois et notre code civil. Même s’il semble que leur remplacement par parent 1 et parent 2 était un fantasme, faire de la place aux couples homosexuels ne doit pas signifier une révision orwellienne de notre appareil législatif sur un plus petit dénominateur commun abstrait.

Les détournements de débat

J’ai encore été effaré par certaines réponses au papier, y compris de la part de commentateurs de qualité. Pour beaucoup, ce serait un pas vers l’acceptation de la polygamie ou de l’inceste car, selon certains, les « arguments sont valides pour les polygames et incestes, c’est un fait ! ». Je pense que cela n’a rien à voir. Il s’agit d’accorder aux couples homosexuels les mêmes droits que les couples hétérosexuels.

Cela n’a donc rien à voir avec la polygamie (foncièrement inégale). L’inceste n’a également rien à voir car il n’y a rien de comparable entre discriminer ou non selon des orientations sexuelles et interdire les relations entre parents (qui le sont pour de bonnes raisons). Autoriser l’un n’amène pas à autoriser l’autre. Abaisser l’âge de la majorité de 21 à 18 ans ne veut pas dire qu’on va le baisser indéfiniment.

Au fond : une logique inégalitaire

samedi 24 novembre 2012

Les implications d’une sortie de l’UE de la Grande-Bretagne


Le débat grandit outre-Manche sous la pression de UKIP et de l’aile eurosceptique des conservateurs, qui n’a pas hésité à défier David Cameron récemment. Sous leur influence, le Premier Ministre pourrait bien organiser un référendum sur la sortie de l’UE, dont l’issue est très incertaine.

Entre conflits et liens qui se distendent

La position de la Grande-Bretagne devient de plus en plus délicate au sein de l’Union Européenne. Londres a toujours eu une attitude ambivalente à l’égard du projet européen. En effet, dans la colonne des plus se trouve la libéralisation poussée par les traités européens, conforme à la tradition économique du pays. En outre,  Londres a réussi depuis le traité de Maastricht a se contruire une Europe à la carte, où elle parvient à ne pas rejoindre les politiques auxquelles elle est hostile (euro, Schengen). Mieux, Margaret Thatcher a obtenu une ristourne à la contribution du pays.

Mais la partie positive du bilan est entachée par plusieurs points très négatifs. La Grande-Bretagne est une île, très attachée à sa souveraineté et à ses particularismes, mais aussi à la responsabilité politique de ses dirigeants et par nature plutôt hostile à la bureaucratie. Du coup, le projet européen heurte de plein fouet sa sensibilité, que ce soit par la volonté d’harmonisation ou le fait de confier les pouvoirs à une bureaucratie peu transparente et irresponsable. La Banque Centrale britannique a une tradition de transparence à mille lieues de celle de la BCE, totalement opaque.

Du coup, les conflits ne cessent de s’accumuler. David Cameron a mis son véto au TSCG, la camisole budgétaire, qui n’a pas pu prendre la forme d’un traité de plein exercice comme prévu. Les négociations sur le budget sont extrêmement tendues puisque la Grande-Bretagne veut réduire l’enveloppe demandée par les instances européennes tout en conservant sa ristourne. La situation se tend de plus en plus et certains, dont The Economist, regrettent la marginalisation du pays en Europe.

Une sortie pour une nouvelle Europe ?

vendredi 23 novembre 2012

UMP : l’incroyable guerre des tranchés se poursuit


Aucun scénariste, pas même le plus imaginatif, n’aurait pu concevoir un scénario aussi alambiqué et avec tant de rebondissements. Même si Jean-François Copé s’accroche à son poste, le fait que les résultats de trois fédérations manquaient bien au verdict de lundi soir a bouleversé la situation.

UMP : Union Minable Pour une république bananière

La séquence qui s’est ouverte depuis mercredi est absolument abracadabrantesque. La COCOE a donc confirmé hier en début d’après-midi ce qu’avançait le camp Fillon la veille, à savoir que les résultats officialisés lundi à 22h par elle-même et les deux camps ne prenaient pas en compte les suffrages de trois fédérations d’outre-mer, où l’avance de François Fillon était d’un peu plus de 120 voix. Leur prise en compte serait donc susceptible d’inverser le résultat final !

La première conclusion à tirer de cette révélation est le manque incroyable de professionnalisme et d’organisation de l’UMP. Il est totalement stupéfiant que 24 heures après un scrutin ayant mobilisé un peu plus de la moitié des militants, la Commission d’organisation des élections omettent les résultats de trois fédérations lors de la publication des résultats. Ce n’est pas comme s’ils avaient publié les résultats au bout de quelques heures. Ils ont eu 24 heures pour le faire !

Soit dit en passant, il est hallucinant que le camp Fillon n’ait pas noté cette erreur plus tôt, dans la journée de lundi, ce qui aurait permis d’éviter l’imbroglio extraordinaire de ces deux dernières journées. Quelque part, cela donne l’impression qu’il a raté la victoire pour une simple négligence dans le suivi des résultats validés par la COCOE. Enfin, il restera toujours un soupçon extrêmement malsain sur cet oubli : s’agit-il d’un oubli volontaire destiné à trafiquer les résultats ou pas ?

Copé contre-attaque, Juppé en embuscade

jeudi 22 novembre 2012

Quand l’Etat abandonne la santé


La semaine dernière, les médecins libéraux et les internes ont manifesté à Paris après avoir déclenché un mouvement de grèves auquel ils ont mis fin vendredi dernier. Si certains n’y voient qu’un mouvement de protestation de personnes qui seraient favorisées, la réalité est bien différente.

Remise en perspective

Il y a fort à parier que le gouvernement a décidé de déclencher une guerre politicienne en s’en prenant aux dépassements d’honoraire, dans la logique bien sarkozyste qui consiste à trouver un bouc-émissaire (les 35 heures, mai 68, les juges) et poser le débat dans un sens qui lui soit plus favorable. La cible est commode : de riches médecins qui se font payer parfois 3 à 4 fois plus que le plafond de la Sécurité Sociale. Le parfait bouc-émissaire pour étouffer un débat plus vaste.

Bien sûr, il y a des abus à traiter. Mais si le dépassement moyen par acte atteint 14,8 euros à Paris, 8 euros à Lyon, il n’est que de 2,1 euros à Bordeaux ou 1,5 euros à Toulouse. Bref, il s’agit d’un phénomène très concentré. Et il faut rappeler deux choses : la plupart des actes médicaux ont été très peu revalorisés (une appendicite est remboursée 190 euros, 30 de plus qu’en 1992). En outre, l’ensemble des dépassements représente 2,4 milliards d’euros, soit 1,3% des dépenses de santé.

Bien sûr, les revenus des médecins sont élevés, mais outre le fait qu’ils n’ont pas progressé (contrairement à beaucoup de professions CSP+ : finance, avocats…) les comparaisons internationales démontrent que les médecins français ne sont pas spécialement bien traités (notamment les généralistes). En outre, leurs salaires ne sont pas délirants étant donnés la durée extrêmement longue des études, le niveau des charges (près de 50% des revenus) ou l’implication demandée.

Enfin, il ne faut pas oublier que les médecins ne sont pas opposés à des mécanismes de régulation, mais à condition que les tarifs du secteur 1 soient revus, ce qui serait la moindre des choses. Le Bloc, qui a été en pointe de ce mouvement, a fait des propositions équilibrées à la ministre. Il faut également noter que les médecins s’opposent également à la réforme du mécanisme de sanction, qui donnerait la main à l’administration, en en excluant les professionnels de santé.

Selon que vous êtes puissants…

mercredi 21 novembre 2012

En Grèce, la sortie de l’euro s’approche


Sur les marchés, c’est désormais le calme plat. Mais on peut se demander si nous ne sommes pas dans l’œil du cyclone. Après tout, la situation économique reste très préoccupante puisque la zone euro vient de retomber en récession. Mais surtout, la situation grecque ne cesse de se détériorer.

Une impasse politique interne

Bien sûr, Athènes a réussi à passer son budget 2013 ainsi que son plan pluri-annuel de réduction des déficits publics, conformément aux exigences de la troïka technocratique. Malgré les leçons de l’histoire et le fait qu’un quart de la population soit déjà au chômage, la majorité au pouvoir - Nouvelle Démocratie, PASOK et DIMAR - continue à préférer la voie de l’austérité à une sortie de la monnaie unique, d’une dévaluation et d’un défaut, conformément au mandat de juin.

Cependant, la situation politique en Grèce continue de se déteriorer et il est tout sauf évident que la majorité en place tienne jusqu’à la fin de son mandat. En effet, à l’occasion du vote du nouveau budget, elle a perdu deux nouveaux élus, un ancien membre de Nouvelle Démocratie et un autre du DIMAR (parti de gauche qui se place entre le PASOK et le plus radical SYRIZA). Tout ceci n’est pas nouveau puisque la précédente législature avait connu le même phénomène.

Or les sondages ne sont guère favorables aux partisans de l’austérité. SYRIZA est en tête avec 30,5% des voix, devant Nouvelle Démocratie (27%), Aube Dorée (14%), les Grecs Indépendants (7%), le KKE (6,5%), le PASOK et DIMAR (5,5% chacun) sachant que seuls 41% des sondés ont exprimé une préférence. Bref, la coalition au pouvoir ne recueillerait que 38% des suffrages contre 58% pour les partis opposés à l’austérité. Cela sent le roussi pour les plans européens.

Une impasse européenne

mardi 20 novembre 2012

UMP : la victoire à la Pyrrhus de Jean-François Copé


Décidemment, quand le résultat est serré, mieux vaut être l’organisateur de l’élection. Après Martine Aubry en 2008 à la tête du PS, Jean-François Copé gagne par une marge encore plus minuscule (50,03% contre 49,97%) la présidence de l’UMP. Il n’avait pas annoncé sa victoire pour rien.

François Fillon, à nouveau second d’un mauvais film

Décidémment, l’ancien Premier Ministre a du mal à occuper le premier rôle. Après avoir été le lieutenant de Philippe Séguin, puis le paillasson de Nicolas Sarkozy à Matignon (ce qui lui a permis d’éviter les coups mais aussi de profiter du rejet de son patron tant il en est différent en style), il échoue dans sa conquête de la présidence de l’UMP. Il faut dire que sa campagne n’a pas été très percutante, à part quelques attaques personnelles dans la dernière ligne droite.

Face à lui, Jean-François Copé a (paradoxalement ?) beaucoup mieux appliqué toutes les leçons du petit sarkozyste illustré. Il a essayé de prendre le contrôle de l’agenda médiatique de la campagne en ne reculant pas devant des déclarations polémiques sur « le racisme anti-blanc » ou le vol de chocolatine… Il s’est battu malgré des sondages défavorables, comptant sans doute sur son style plus dynamique, la droitisation de la base militante de l’UMP et sa position au sein de l’appareil.

Mais du coup, la campagne a été absolument affligeante. Pas la moindre nouvelle idée n’en est sortie. Les cadres du mouvement se sont davantage décidés en fonction de calcul politicien de bas étage ou de rancœurs personnelles recuites. Mais la dernière ligne droite a été encore pire que les longues semaines de campagne avec la journée de dimanche qui a cumulé désorganisation, accusation de tricheries de part et d’autres et proclamations de victoire intempestives.

Quel impact pour l’avenir ?

lundi 19 novembre 2012

L’UMP vote, et perd


Des militants qui attendent des heures pour voter, accusations de fraudes de part et d’autres, les deux camps qui proclament leur victoire peu avant minuit, une commission incapable de proclamer les résultats : c’est bien le pire scénario qui s’est produit à l’UMP hier

Journée noire à l’UMP

Il semblait impossible de faire pire que le PS au Congrès de Reims, mais l’UMP vient de démontrer le contraire hier. Cette journée du dimanche 18 novembre a été totalement ubuesque. Tout d’abord, une partie des militants ont eu le plus grand mal à voter, attendant parfois quelques heures pour exprimer leur opinion, sans que le niveau de participation justifie que le parti n’ait pas eu des capacités d’accueil suffisantes. Mais ceci n’était que l’apéritif de cette soirée complètement folle.

Avant même les proclamations de victoire des uns et des autres, les deux camps s’accusaient mutuellement de fraudes, le cas du Sud-Est et de Nice attirant tous les commentaires, notamment sur les réseaux sociaux. Ce faisant, l’UMP démontre un manque de sérieux extrêmement préoccupant de la part d’un parti qui était au pouvoir il y a quelques mois et qui prétend le retrouver. La crédibilité du mouvement est gravement atteinte, et les séquelles se feront sentir assez longtemps.

Mais le sommet du ridicule a été atteint quand les deux camps ont commencé à proclamer leur victoire peu avant minuit alors que la clarté des résultats semblait loin de permettre de telles déclarations. Pire, après les dysfonctionnements de la journée, la commission électorale de l’UMP a été incapable de s’exprimer dans la nuit car il lui manquait trop de procès-verbaux, ce qui lui impose de reprendre ses travaux ce matin, alors que les deux camps continuent de s’accuser de fraudes.

L’UMP pourra-t-elle s’en remettre ?

dimanche 18 novembre 2012

Quand le FMI critique les politiques d’austérité


Joseph Stiglitz a gagné. Lui qui dénonçait les politiques d’austérité imposées par le FMI dans « La Grande désillusion » en 2001 voit l’organisation qu’il critiquait tant se rapprocher de ses positions, comme le rapporte The Economist sur la foi d’un nouveau papier d’Olivier Blanchard, son chef économiste.

La théorie dépassée par la réalité

Il faut dire que les exemples de la zone euro sont venus largement remettre en question tous les modèles du Fond Monétaire International. En début d’année 2012, il avait apporté son « crédit » à des hypothèses de croissance totalement farfelues pour un énième plan grec. En 2010, on nous disait que la croissance repartirait en 2012. Début 2012, cela devait être pour 2014 (2.5% !). Devant l’effondrement calamiteux de l’économie grecque, plus personne ne semble vouloir s’avancer désormais.

Mais la situation n’est guère plus riante ailleurs en Europe. A l’origine, l’Espagne devait réduire son déficit public à 6% en 2011, 4,5% en 2012 et 3% enfin en 2013. La réalité est tout autre puisque Madrid n’a pas réussi à faire mieux que plus de 9% l’an dernier et plus de 7% cette année. Bref, malgré une austérité sauvage, le rythme de réduction des déficits n’est pas plus rapide qu’aux Etats-Unis, qui laisse l’austérité à d’autres et cherchent plutôt à sortir de la crise par la croissance.

En fait, comme le rapporte The Economist, les économistes du FMI estimaient encore en 2010 que le multiplicateur des plans d’austérité n’était que de 0,5, c’est à dire que quand on baissait les déficits de 1% du PIB, cela provoquait une contraction de l’économie de 0,5%. Bref, en supposant que l’impact sur la position fiscale de l’Etat était de la moitié de cette somme, on pouvait en déduire qu’un effort de 1% du PIB réduisait le PIB de 0,5% et que l’effet net de cet effort (moins l’impact d’une moindre croissance sur les recettes fiscales et les dépenses publiques) atteignait 0,75% du PIB.

Une sévère remise en question

samedi 17 novembre 2012

Nouvelle crise de francophobie à The Economist


La nouvelle couverture du The Economist de la semaine a beaucoup fait parler hier. Pour l’hebdomadaire néolibéral britannique, « la France est la bombe à retardement de l’Europe ». Un nouveau dossier qui ne fait pas honneur au journal, qui tombe dans la caricature totalement outrancière.



L’enfer français

Sur 15 pages, s’étalent des diatribes anti-françaises aussi caricaturales que les interventions de Sophie Pedder sur les plateaux télévisés. Bien sûr, quelques atouts sont évoqués et il faut bien reconnaître que tout ne va pas bien en France, loin de là, mais l’ensemble du dossier est d’un parti-pris absolument incroyable. The Economist pousse le bouchon jusqu’à dire que la France pourrait être demain le point faible de la zone euro, à la place de l’Italie ou l’Espagne. Un simple regard à leurs indicateurs économiques hebdomadaires démontre qu’une telle idée est totalement absurde.

Si une partie du constat est juste, une autre est totalement excessive : « les nouvelles entreprises sont rares », « les entrepreneurs en devenir quittent le pays », « les investisseurs sont indulgents avec la France », nous penserions être « le pic de la civilisation ». The Economist critique le manque de start up alors que notre pays compte trois des plus importantes à l’échelle européenne (Priceminister, Vente privée et Meetic). Paris ne serait plus « ce qu’elle était », dépassée par Londres, Milan ou Barcelone. Marseille est comparé à Rio pour la violence et Marrakech pour la population

Ils citent une femme d’affaire pour qui « aujourd’hui, les riches sont stigmatisés comme les juifs l’étaient il y a 70 ans ». Comment un journal un tant soit peu sérieux peut publier une phrase aussi outrancière ! C’est une véritable insulte à l’intelligence mais aussi aux Français qui ont été déportés. Il est aussi dommage pour la démonstration que les dernières statistiques du PIB démontrent une certaine résistance de notre économie (malgré de vrais problèmes). De même, le dossier semble avoir été écrit avant la publication du rapport Gallois, comme si le gouvernement l’avait presque ignoré.

Pourquoi tant de parti-pris ?

vendredi 16 novembre 2012

Le plombier polonais, ce n’était pas un mythe !


Il avait été l’un des héros de la campagne référendaire de 2005. Pour les défenseurs du TCE, il n’était qu’un bouc-émissaire fantasmé. Pour les opposants à ce traité, il représentait une véritable menace pour l’emploi en France. Un récent papier du Parisien montre que nous avions raison.

Un phénomène qui se développe

Le papier du Parisien est très inquiétant. Officiellement, une note du Ministère du Travail affirme que le nombre des ouvriers détachés a plus que tripler en cinq ans en passant de 40 à 145 mille de 2006 à 2011. Mais ce document va plus loin et estime que le nombre réel serait de 220 à 330 mille, à la fois du fait de pénuries dans certains secteurs mais aussi d’un différentiel de coût important. Outre les ressortissants d’Europe de l’Est, le Sud est aussi concerné.

Pour Jean Arthuis, le sénateur de la Mayenne, « il y a maintenant des emplois que l’on perd en raison d’étrangers qui viennent nous concurrencer sur notre propre territoire ». Le Parisien évoque un marché public de Clermont-Ferrand réalisé par des Polonais payés 5 euros par heure ainsi qu’un sous-traitant d’ERDF qui emploierait des espagnols travaillant 54 heures par semaine. Matignon a réagi en évoquant « un plan afin de mieux contrôler ces prestataires ».

Le Figaro met à disposition la fameuse note. Le quotidien rappelle qu’officiellement, 44% des détachements concernent l’industrie du bâtiment. Mais si le ministre du travail rappelle que payer au SMIC polonais en France est illégal, la CFDT évoque de « nombreuses fraudes » au point que la Fédération du bâtiment réclame plus d’inspecteurs du travail pour éradiquer cette concurrence déloyale ! Que les professionnels du bâtiment veuillent plus de contrôle indique l’ampleur du problème…

Une conséquence prévisible de la libéralisation

jeudi 15 novembre 2012

Les peuples européens se révoltent contre l’austérité


Italie, Espagne, Grèce, Portugal, Belgique, France : c’était le premier grand mouvement de révolte contre les politiques européennes d’austérité promue par les technocrates européens et acceptée par les différents dirigeants des pays concernés. Le début de la fin pour cette UE ?

Le crime économique de l’UE

Jacques Sapir a sonné la charge hier soir en titrant son dernier papier « Grèce : un crime se commet sous nos yeux ! ». Et il a raison ! Les politiques qui sont menées en Europe sont monstrueuses et inhumaines. Et elles sont d’autant plus stupides que nous avons le précédent des années 1930 qui nous a démontré que les politiques d’austérité en pleine crise ne font qu’aggraver le mal sans même résoudre les problèmes qu’elles prétendent résoudre, comme le montre le cas de la Grèce.

Bien sûr, hier, François Hollande a expliqué qu’il avait réorienté l’Europe. Dans la réalité, absolument rien n’a changé. Le pseudo « plan de croissance » signé en juin, et qui permet à l’équipe actuellement au pouvoir de signer la camisole budgétaire de Nicolas Sarkozy qu’elle avait dénoncée, n’est qu’un « pistolet à eau contre un rhinocéros qui charge » selon Krugman. 0,2% de PIB par an d’investissement supplémentaire (seulement la moitié des crédits sont nouveaux), c’est une goutte d’eau par rapport aux efforts de réduction des déficits budgétaires qu’orchestrent cette Europe et ses dirigeants.

Le plus stupéfiant reste quand même que des dirigeants « socialistes » acceptent de mettre en œuvre des politiques aussi ouvertement antisociales (en Grèce, le SMIC a été baissé de 22% et même 32% pour les jeunes). Il est désolant que François Hollande fasse du désendettement et de la compétitivité ses priorités. Comment ne se rend-il pas compte que cette logique est totalement mortifère et sans fin ? Le pire est que les ravages de ces politiques peuvent être constatés en Grèce et qu’ils ont été dénoncés avec brio par les prix Nobel d’économie progressistes Krugman et Stiglitz.

Quelle issue pour la protestation ?


mercredi 14 novembre 2012

François Hollande cohérent dans l’erreur


Hier, François Hollande a fait sa première conférence de presse. Une nécessité pour fixer un cap clair à son action, que les Français peinaient à comprendre. S’il a réussi à remettre de la perspective à son action, pas sûr que sa ligne social-libérale lui permette d’entamer une véritable reconquête.

Une véritable cohérence

Cette conférence de presse a eu un vrai mérite pour l’équipe au pouvoir, à savoir expliquer la cogérence de son action depuis le mois de mai. Et à dire vrai, une véritable cohérence s’en dégageait. Alain Duhamel disait hier matin qu’il pensait que François Hollande avait commencé son mandat avec des mesures socialistes, puis qu’il avait viré social-démocrate avec son budget d’austérité avant de passer carrément social-libéral en acceptant les conclusions du rapport Gallois.

Mais ce n’est pas l’impression que la conférence de presse laissait. Françoise Fressoz du Monde a bien résumé la situation en affirmant que « Hollande assume enfin l’hollandisme ». En fait, ce président à la fermeté un peu surjouée a totalement assumé son social-libéralisme refusant d’admettre le moindre virage. Et pour être honnête, la mise en perspective de ses promesses de campagne et de la politique menée depuis six mois semblait finalement très cohérente.

Le président a commencé par rappeler les mesures de justice prise dès le début du mandat : la baisse de la réumération des ministres et des patrons du service public, la création d’emplois dans l’éducation, les hausses de l’allocation de rentrée et du SMIC, le retour de la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler jeune. Dommage que personne ne l’ait repris sur la hausse du SMIC, en lui rappelant qu’il a été trois fois moins généreux que Chirac en 1995.

Bricolages dans un cadre néolibéral

mardi 13 novembre 2012

En Grèce, l’Europe créé la torture volontaire, mais vaine


L’histoire sera sans aucun doute extrêmement sévère à l’égard des dirigeants de la Grèce qui ont mené des politiques aussi monstrueuses socialement, pour la chimère de rester dans la monnaie unique européenne. Nouvel exemple avec les énièmes plans d’austérité tout juste votés par le Parlement.

Une austérité absolument vaine



Comme je l’avais annoncé en début d’année lors d’un énième plan de sauvetage (des créanciers du pays et de la monnaie unique, aux frais des contribuables européens et au prix d’un véritable massacre social en Grèce), les hypothèses retenues par les technocrates incompétents de la troïka ne sont pas tenues, comme le montre cruellement ce graphe de The Economist. Pourtant, nul besoin d’être devin pour le prévoir, il suffisait de savoir regarder dans le rétroviseur.

Depuis fin 2009, comme nous avions été nombreux à le prévoir, la cure d’austérité sauvage que s’inflige le pays ne peut pas marcher. Déjà, l’immense régression sociale que cela provoque (taux de chômage record, effondrement du pouvoir d’achat) devrait, à elle-seule, faire réfléchir les dirigeants du pays. Mais cette austérité mortifère parvient même à être contre-productive pour la gestion de la dette et des déficits car, en provoquant un effondrement de la demande, elle fait s’effondrer la base fiscale. Résultat, le déficit ne baisse pas plus à Athènes qu’à Washington depuis 2009 !

Résultat, la dette, qui représentait moins de 130% du PIB en 2009, va s’envoler à 190% du PIB en 2013 ! Et les mesures prises par le parlement grec vont encore aggraver les choses. La loi pluri-annuelle votée mercredi prévoit de nouvelles coupes dans les retraites et les salaires, alors que le pays devrait entrer dans sa 6ème année de récession l’an prochain. Dimanche soir, les députés ont adopté le projet de loi de finance pour 2013 qui prévoit 9 milliards d’économie (environ 4% du PIB, l’équivalent de 80 milliards d’euros sur une seule année à l’échelle de la France !).

Pourquoi un tel crime social ?

lundi 12 novembre 2012

Grande-Bretagne : une reprise illusoire


Quelques commentateurs se sont un peu emballés au sujet du chiffre de la croissance en Grande-Bretagne au 3ème trimestre. Certes, Londres affiche une progression de son PIB de 1%, soit 4% en rythme annuel, mais beaucoup de facteurs relativisent cette sortie de récession.

Une sortie de récession illusoire

Bien sûr, alors que l’Europe continentale s’enfonce dans la dépression économique, la sortie du Royaume Uni de la récession peut donner l’impression que Londres a trouvé la recette pour s’en sortir. Cependant, il faut prendre un peu de recul sur les chiffres. Tout d’abord, il ne faut pas oublier qu’après une première rechute au 4ème trimestre 2010, l’économie britannique est retombée en récession avec trois trimestres consécutifs de baisse de 0,3 à 0,4% du PIB jusqu’au 2ème trimestre.

Tout ceci relativise donc le rebond du 3ème trimestre puisque sur une année glissante, la richesse nationale du pays reste tout juste stable. En outre, comme le rappelle Les Echos, l’économie outre-Manche reste 3% sous son niveau d’avant-crise, au contraire des Etats-Unis. De plus, comme l’explique également le journal économique, deux facteurs conjoncturels expliquent ce rebond. Tout d’abord, le jubilé de la Reine (un jour férié additionnel) a provoqué un décalage de 0,5% du PIB.

Sans cela, les chiffres du second trimestre auraient été sans doute équilibrés et la croissance se serait limitée à 0,5% au 3ème trimestre. Enfin, les Jeux Olympiques ont également gonflé la performance du dernier trimestre. Bref, ce rebond n’est pas l’illustration d’une vigueur intrinsèque retrouvée de l’économie de la Grande-Bretagne. Et cela est d’autant plus préoccupant que le plan d’austérité sauvage décidé par le gouvernement il y a deux ans a un puissant effet récessif.

Y-a-t-il un modèle britannique ?

dimanche 11 novembre 2012

Jacques Sapir chiffre le coût de la sortie de l’euro


C’est un nouveau papier essentiel que Jacques Sapir vient de faire sur la monnaie unique européenne. Il y étudie de manière précise non seulement le coût de la sortie de l’euro mais aussi (aspect souvent oublié par les défenseurs de cette tour de Babel monétaire), le coût du maintien. Saignant.

Le coût de la sortie n’est pas énorme

Tout d’abord, il souligne que l’expérience de l’ex-URSS montre que « le coût technique de l’introduction d’une nouvelle monnaie est de 300 à 700 millions d’euros, selon la taille du pays », soit 0,07% du montant des prêts accordées par la BCE aux banques. Pour lui, il n’y aurait pas d’impact sur les dettes publiques dans le cadre d’une dissolution car « toutes les dettes, qu’elles soient publiques ou privées, sont instantanément re-dénominées en monnaie nationale. Telle est la règle de droit internationale ». En outre, Jonathan Tepper rappelle que 85% de la dette français reste de droit français.

Bien sûr, le prix des importations augmentera, mais c’est justement le moyen de rééquilibrer son commerce. Les dévaluations britannique, suédoise et islandaise ont permis de relancer leurs économies… Bien sûr, l’Allemagne exporterait moins, mais elle avait supporté les dévaluations de1993 et la baisse du prix de ses importations apporterait du pouvoir d’achat à sa population. L’argument de la désorganisation des relations commerciales entre les pays de la zone euro est risible : nous arrivions bien à commercer ensemble avant l’euro et nous parvenons toujours à le faire avec des pays qui n’ont pas la même monnaie.

Enfin, il est bien évident qu’une sortie de la monnaie unique aurait des conséquences sur les banques. Néanmoins, pour Jacques Sapir, le coût serait de seulement 35 à 50 milliards d’euros pour l’ensemble de la zone euro (hors restructuration des dettes souveraines), un chiffre très limité par rapport aux montants actuellement engagés pour essayer de faire marcher le machin monétaire européen. Il faut noter que les banques, anticipant cette éventualité, s’y préparent, ce qui limiterait les problèmes…

Le coût du maintien de l’euro

samedi 10 novembre 2012

Rapport Gallois sur la compétitivité : surprises et lacunes



Un rapport mi-figue, mi-raisin

Tout n’est pas à jetter dans le rapport Gallois. Le constat, sévère, est intéressant. Il met des chiffres sur le désastre industriel français : plus de deux millions d’empois perdus en trente ans (dont près d’un million depuis dix ans). Il rappelle que le solde commercial hors énergie est passé d’un excédent à un déficit de 25 milliards d’euros en dix ans, que la part de l’industrie dans la valeur ajoutée est passée de 18% en 2000 à seulement 12,5% en 2011, contre 18,6% en Italie et 26,2% en Allemagne. Il donne une explication structurée de certains de nos problèmes et de leurs causes.

Mieux, même s’il ne dépasse pas les convenances du politiquement correct, il égratigne sévèrement la politique européenne en dénonçant une « stratégie industrielle européenne lacunaire ». Il critique le fait que « la politique de la concurrence domine toutes les politiques européennes ». D’un point de vue commercial, il appelle à une « ouverture équitable », ce qui, en creux, indique que l’Europe s’ouvre sans contre-partie aujourd’hui. Enfin, il appelle à mettre « la politique monétaire extérieure au service de la croissance » et dénonce le niveau élevé de l’euro (qu’il dénonçait déjà en 2008).

Mais s’il évoque rapidement les causes européennes de la crise productive française, ce rapport semble complètement ignorer le fait qu’en Asie, en Afrique du Nord ou en Europe de l’Est, les salaires sont cinq à dix fois plus bas qu’en France, ce qui le principal vecteur du déficit de compétitivité de notre pays dans cette mondialisation. Ce faisant, son constat reste très partiel. Certaines propositions sont intéressantes, mais elles semblent un peu dérisoires pour compenser les écarts salariaux qui existent aujourd’hui, comme je l’avais souligné il y a une semaine ou comme le soutient Attac.

La suprise du gouvernement