Une crise
économique
Pour lui, la
crise actuelle est économique et issue d’un défaut de régulation de la
mondialisation. Il fait de nombreux parallèles historiques, rappellant qu’il a
fallu 70 ans pour retrouver le taux d’intégration de 1914. Il note qu’à cette
époque, la France exportait 17% de son PIB, chiffre qui tombe à 8% dans les
années 1960, 15% dans les années 1980 et 25% aujourd’hui. Pour lui, la position des Etats-Unis
ressemble à celle de la Grande-Bretagne il y a un siècle quand la Chine se
rapproche de celle de l’Allemagne. Il rappelle que la libéralisation des
mouvements de capitaux décidée en 1990 existait déjà en 1914… Alors, les
banques dirigeaient l’épargne du pays (la 2ème au monde) à l’étranger : 30% des profits du
Crédit Lyonnais dans la deuxième moitié du 19ème siècle étaient
alors réalisés en Russie.
Les
proximités avec la situation d’il y a un sicèle sont légions. Il cite
Brack-Desrousseaux, dans l’Humanité en 1907 : « La bourgeoisie oppose aux prolétaires de sa nation les prolétaires d’un
autre pays moins avancé dans l’évolution ». Il rappelle que Jean
Jaurès disait : « il importe
que cette expansion de l’épagne française (à l’étranger) se produise avec
prudence et sagesse, en laissant aux œuvres d’industrie nationale une juste
part et en introduisant sur les marchés que des volumes contrôlés »,
un avertissement qui n’aurait pas été inutile dans les années 2000 pour la zone
euro. Il cite aussi Edouard Théry, un économiste qui, en 1901, s’alarmait de la
montée du Japon et de la montée du investissements en Chine : « On oublie trop dans le monde du
libre-échange que (le progrès des communications) (…) a presque supprimé la
distance, décuplé la vitesse de circulation des marchandises, assuré à leur
livraison une régularité presque mathématique, réduit les frais de transport
dans des proportions telles que le prix de revient – surtout quand il s’agit de
produits manufacturés – n’en peut plus être sensiblement affecté ».
En somme, on
redécouvre que l’intégration favorise la
propagation des crises… Or, deux tiers du commerce mondial sont constitués
par des échanges à l’intérieur des firmes. Les transactions du marché des
changes, qui pesaient 20% PIB mondial en 1970, sont 15 fois plus importantes
aujourd’hui, une multiplication par 100 de leur poids en 40 ans. Et parce que
les marchés sont procycliques, leur poids et les innovations (titrisation) les
rendent encore plus dangereux qu’en 1914. Il souligne également que nous
assistons à la même montée des inégalités qu’il y a un siècle. Il note que
l’étalon or a été remplacé par le dollar et souligne la pertinence du
changement de politique du Japon qui a mis fin au yen cher. Enfin, il insiste
sur le déclin de l’Europe, démographique (de 20 à 7% de la population mondiale)
et économique.
Une crise
politique