samedi 22 mars 2014

Elections locales, enjeu national... et bien plus encore (billet invité)


Billet invité de l’Oeil de Brutus


C’est une ritournelle traditionnellement initiée par le(s) parti(s) au pouvoir à la veille de chaque élection locale : celle-ci n’est pas le lieu pour sanctionner la politique du gouvernement. Mais là n’est justement pas le propos.

On ne peut aujourd’hui que constater, hors quelques questions sociétales de seconde zone qui servent à amuser la galerie[i],  la convergence idéologique qui réunit la dyarchie PS-UMP au pouvoir depuis plus de trois décennies dans notre pays. A tel point que l’on peut se demander si la France n’est pas gouvernée par un parti unique à l’intérieur duquel deux clans s’écharpent les reliques d’un pouvoir qu’ils se sont eux-mêmes fait un devoir de transférer à d’autres (notre Dieu le « Marché » et ses anges de la finance, la Commission européenne, entre autres), peut-être bien afin de s’exonérer de leurs responsabilités et mettre aux oubliettes toute notion de volonté politique, d’intérêt général et par là-même de démocratie.

vendredi 21 mars 2014

Présidence de la Commission : le cauchemar continue


Comme le rapporte The Economist, le résultat des prochaines élections européennes pourrait influencer le choix du prochain président de la Commission Européenne. Les noms qui sont avancés à date montrent que cela ne devrait améliorer en rien la qualité de la personne choisie…


Le trio infernal

Pour l’instant, cela n’a pas encore vraiment pénétré le débat public, mais a priori, si les membres du Parti Socialiste Européen arrivent en tête, ce devrait être Martin Schulz, un social-démocrate allemand, qui remplacerait Barroso. Si c’est l’alliance de centre-droite du Parti Populaire Européen (dont fait partie l’UMP – mais pas le Parti Conservateur de David Cameron depuis 2009, ce qui pénalise lourdement ce groupe), ce serait Jean-Claude Juncker, l’ancien premier ministre du Luxembourg. Enfin, les libéraux ont pris Guy Verhofstadt, un ancien premier ministre belge, comme tête de gondole pour ces élections. Les partis n’ont pas mieux choisis que les chefs d’Etats dans le passé…

Martin Shulz représenterait en effet un choix très malheureux. Alors que l’Allemagne exerce de facto le rôle principal dans l’Union Européenne, comme le démontrent toutes les négociations, que ce soit sur l’union bancaire ou les différents plans, et qu’elle bénéficie déjà de la présence de la BCE sur son territoire, lui accorder en plus la présidence de la Commission renforcerait encore sa position hégémonique. Le choix alternatif n’est guère plus réjouissant. En effet, alors que l’Union Européenne continue à discuter de réglementations financières, il serait pour le moins paradoxal que le président de la Commission soit issu d’un parasite fiscal notoire et qui, de facto, vole ses voisins….

La démocratie impossible

jeudi 20 mars 2014

Comme une ambiance de fin de régime…


L’hiver 2014 restera sans doute comme une des périodes les plus tristes de notre vie politique. Face à un gouvernement dont la direction semble devenue folle, l’UMP est secouée par des affaires, tandis que les municipales font ressortir des aspects bien troublants du FN.


Une majorité à la dérive

Dimanche, nous sommes près de 45 millions à être appelés aux urnes pour les élections municipales, des élections importantes pour notre vie de tous les jours. Mais une prise de recul sur les trois derniers mois donne le vertige quand on se penche sur l’actualité politique. François Hollande avait sans nul doute élaboré une nouvelle stratégie : une accentuation du virage eurolibéral pour occuper le centre politique, quelques bombes sociétales pour hystériser le débat public et pousser l’UMP aux dérapages. A défaut d’y adhérer, on pouvait reconnaître une certaine logique à cette ligne, d’autant plus que les affaires pénalisent lourdement le parti de l’ancien président avec un flot trop fréquent de nouvelles.

Mais cette stratégie ne fonctionne pas du tout, au point qu’à l’approche des municipales, le gouvernement se fait plus discret, comme s’il voulait limiter l’impact négatif sur ses édiles locaux. La majorité est entre deux feux. D’une part, elle peine à prendre des mesures assez fortes pour changer la donne, notamment en matière d’emploi. Et d’autre part, n’obtenant aucun résultat sur ce front, le fossé, déjà colossal avec les classes populaires, semble se creuser toujours plus, les agitations sociétales n’ayant aucun intérêt pour des personnes en manque d’emplois ou de pouvoir d’achat. Enfin, le manque de professionnalisme et la ligne atlantiste sur l’Ukraine et la Crimée ne rassurent pas…

Une opposition peu ragoutante

mercredi 19 mars 2014

Oxfam dénonce l’explosion des inégalités outre-Manche


Oxfam a publié une enquête qui a fait grand bruit en Grande-Bretagne. Le fait que les 5 familles les plus riches soient aussi fortunées que les 12 millions les moins argentés réunis a capté l’attention, comme l’envolée des inégalités des dernières années, que l’on retrouve ailleurs, notamment aux Etats-Unis.


Un retour au moyen-âge ?

L’étude a attiré l’attention de François Lenglet, qui a consacré sa chronique économique quotidienne d’hier sur RTL à la question. Il en a repris tous les éléments principaux, soulignant, outre le fait que la richesse des 5 familles les plus argentées de Grande-Bretagne est du même niveau que celle, cumulée, des 12 millions de personnes les moins riches du royaume. Il a rappelé que depuis 20 ans, les revenus de 90% de la population ont progressé de 27%, mais que ceux des 0,1% les plus riches, ont doublé, soit un rythme quatre fois plus élevé que celui de la grande majorité des citoyens !

Dans le détail, donné par Atlantico, les 5 fameuses familles ont une richesse cumulée de plus de 28 milliards de livres, soit plus de 5 milliards par famille, quand les 12 millions de moins riches ont un peu moins de 2400 livres. L’association a affirmé que « la Grande Bretagne est en train de devenir une nation profondément divisée, avec une riche élite qui voit ses revenus d’envoler tandis que des millions de familles luttent pour joindre les deux bouts. Ce n’est pas un signe de réussite économique, mais un échec. Loin d’être inévitable, c’est le résultat de choix politiques qui peuvent être modifiés ».

Un problème global


mardi 18 mars 2014

Crimée : les scandaleuses sanctions post-référendaires




Haro sur la démocratie ?

En effet, il faut constater ici que le choix effectué par les habitants de la Crimée, s’il est aussi sans doute le fruit d’un contexte spécifique, est d’une clarté démocratique rarement atteinte. La participation a atteint le chiffre élevé de 83%, malgré les appels au boycott des opposants au rattachement à la Russie, qui ne se sont pas comptés de manière très flatteuse de la sorte. Et plus de 96% des bulletins exprimés soutiennent la sortie de l’Ukraine et l’intégration dans le giron russe. Mieux, il semble que les élections se soient passées d’une manière non critiquable d’un point de vue démocratique.

Devant un choix aussi clairement exprimé par une immense majorité de la population de la Crimée, les critiques deviennent extrêmement suspectes, surtout quand elles viennent de personnes dont le passé n’est pas impeccable d’un point de vue démocratique (élections de 2000 aux Etats-Unis, traité de Lisbonne suivant le « non » des français au TCE en 2005, les irrégularités massives lors des élections pour la tête des deux principaux partis de la vie politique française…etc). Sanctionner un résultat démocratique ne représente-t-il pas implicitement une remise en cause de la démocratie ?

Relents impérialistes…

dimanche 16 mars 2014

Le Japon en voie de sortie de la déflation ?


Depuis 15 mois qu’il est arrivé à la tête du Japon, Shinzo Abe a révolutionné la politique de son pays, pour le sortir de la déflation et de la langueur dans laquelle il est enfermé depuis plus de 20 ans. Les annonces de hausses de salaires dans les grandes entreprises annoncent-elles son succès ?


Un pas dans la bonne direction

Après une année 2013 aux résultats démultipliés par la baisse du yen, qui a considérablement fait progresser leurs profits, les grandes entreprises exportatrices abordaient l’année 2014 avec des marges de manœuvre pour répondre aux demandes du premier ministre d’une augmentation des salaires pour cette année. Toyota a ainsi annoncé une augmentation globale de 7,6% cette année, la plus forte depuis la bagatelle de 21 ans ! L’entreprise n’est pas la seule puisque Nissan, Honda, Panasonic et Hitachi ont déjà annoncé qu’elles allaient suivre la même politique.

Les hausses de salaires sont un élément déterminant dans la politique économique globale du premier ministre pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’idée est de sortir enfin le pays de la logique délétère de déflation ou les prix et les salaires sont orientés à la baisse, un contexte peu favorable à la croissance. Ensuite, cela est essentiel pour compenser la hausse à venir de la TVA, qui doit réduire le déficit public très important du pays et le remettre sur une trajectoire plus soutenable. Bémol néanmoins : les PME ne seraient pas aussi généreuses que les grands groupes exportateurs

Une politique globale cohérente

samedi 15 mars 2014

Les taxis victimes d’une concurrence déloyale




La destruction créative à l’œuvre

Il faut nuancer en précisant que les chauffeurs de taxis ne sont pas des nantis, puisque, selon l’INSEE, ils gagnent 2128 euros net par mois en moyenne, une somme supérieure à la moyenne, mais avec un temps de travail en général largement supérieur à la moyenne, pour un métier qui présente un certain danger, qui plus est. Devant certaines carences, des entrepreneurs ont exploité les failles de la réglementation pour créer des sociétés de VTC qui ne peuvent pas prendre de clients dans la rue, mais qui sont commandés via les applications des téléphones mobiles, souvent de manière très qualitative, avec belle voiture, chauffeur en costume, petite bouteille d’eau, et presse à disposition.

Mais si ces sociétés peuvent offrir un tel service pour un prix en général comparable, ou à peine supérieur, c’est parce qu’elles bénéficient d’avantages concurrentiels forts. Quand une plaque de taxi se négocie plus de 200 000 euros, l’enregistrement d’un VTC revient à 100 euros, sans limitation de nombre. Selon France 2, cela peut représenter une charge supplémentaire de 2 500 euros par mois, 40% des coûts des artisans taxi. Et selon le patron de G7, ils paient 800 euros de cotisations sociales de moins par mois. Bref, la concurrence est totalement déloyale. En outre, le développement des VTC risque de faire s’effondrer le prix des plaques de taxis, ruinant certains artisans lourdement endettés.

Faut-il plus ou moins de réglementation ?

vendredi 14 mars 2014

Chevènement dessine un autre avenir pour l’Europe


Après avoir analysé les raisons de la première guerre mondiale, puis étudié les caractéristiques de la crise que nous traversons, tant économique que géopolitique, Jean-Pierre Chevènement revient sur les ressorts de la crise européenne, et les moyens pour notre continent de s’en sortir.


L’impasse actuelle

Le constat est formel : la monnaie unique est une « usine à gaz », « dans le grand vent de la mondialisation, l’Europe apparaît aujourd’hui comme un navire démâté, privé de gouvernail ». Il dénonce une construction européenne subordonnée aux USA, au contraire de la volonté du Général de Gaulle. Pour lui, « que signifie un marché dont les règles sont fixées par les autres : les Etats-Unis émettant la monnaie mondiale, ou bien la Chine contrôlant la sienne, ses importations et les investissements extérieurs qu’elle reçoit » ? Depuis 1986, « quelle place reste-t-il au « politique » dans une Europe ainsi corsetée de règles ? (…) Elle offre son marché à la pénétration des produits à bas coûts, fabriqués dans des pays dépourvus de protection sociale et environnementale et dotés de surcroît de monnaies sous-évaluées ».

Pour lui, nous faisons la politique de Laval. Il dénonce la négation de l’hétérogénéité des nations et les plans européens : « brandie comme un épouvantail, l’idée qu’un Etat puisse faire faillite, contrairement à la croyance jusque là répandue, a ainsi servi d’alibi au renflouement des banques aux dépens des contribuables ». Et il note qu’« à travers le FMI, les Etats-Unis se sont acquis un droit de regard sur la gestion de la crise de l’euro » ! Il n’accable pas l’Allemagne, qui est un contributeur net et qui veut de la responsabilité. Comme Tood, il pense que l’Europe se construit sur un modèle postdémocratique. Et soit il y aura un sursaut démocratique, soit « les peuples s’accomoderont de leur décadence ».

Le problème franco-allemand

Les fariboles du pacte de responsabilité


Billet invité de Thomas Schott

Le 14 janvier dernier, François Hollande annonçait “officiellement“ sa nouvelle politique économique : “le socialisme de l’offre“. Derrière cet aphorisme issu du théorème de Schmidt se cache un suicide économique pour la France. De fait, cette politique de l’offre n’améliorera pas la situation des entreprises ni de l’emploi.

La preuve par les “subprimes“.

jeudi 13 mars 2014

Chevènement décrit la crise de la mondialisation





Une crise économique

Pour lui, la crise actuelle est économique et issue d’un défaut de régulation de la mondialisation. Il fait de nombreux parallèles historiques, rappellant qu’il a fallu 70 ans pour retrouver le taux d’intégration de 1914. Il note qu’à cette époque, la France exportait 17% de son PIB, chiffre qui tombe à 8% dans les années 1960, 15% dans les années 1980 et 25% aujourd’hui.  Pour lui, la position des Etats-Unis ressemble à celle de la Grande-Bretagne il y a un siècle quand la Chine se rapproche de celle de l’Allemagne. Il rappelle que la libéralisation des mouvements de capitaux décidée en 1990 existait déjà en 1914… Alors, les banques dirigeaient l’épargne du pays (la 2ème au monde)  à l’étranger : 30% des profits du Crédit Lyonnais dans la deuxième moitié du 19ème siècle étaient alors réalisés en Russie.

Les proximités avec la situation d’il y a un sicèle sont légions. Il cite Brack-Desrousseaux, dans l’Humanité en 1907 : « La bourgeoisie oppose aux prolétaires de sa nation les prolétaires d’un autre pays moins avancé dans l’évolution ». Il rappelle que Jean Jaurès disait : « il importe que cette expansion de l’épagne française (à l’étranger) se produise avec prudence et sagesse, en laissant aux œuvres d’industrie nationale une juste part et en introduisant sur les marchés que des volumes contrôlés », un avertissement qui n’aurait pas été inutile dans les années 2000 pour la zone euro. Il cite aussi Edouard Théry, un économiste qui, en 1901, s’alarmait de la montée du Japon et de la montée du investissements en Chine : « On oublie trop dans le monde du libre-échange que (le progrès des communications) (…) a presque supprimé la distance, décuplé la vitesse de circulation des marchandises, assuré à leur livraison une régularité presque mathématique, réduit les frais de transport dans des proportions telles que le prix de revient – surtout quand il s’agit de produits manufacturés – n’en peut plus être sensiblement affecté ».

En somme, on redécouvre que l’intégration favorise la propagation des crises… Or, deux tiers du commerce mondial sont constitués par des échanges à l’intérieur des firmes. Les transactions du marché des changes, qui pesaient 20% PIB mondial en 1970, sont 15 fois plus importantes aujourd’hui, une multiplication par 100 de leur poids en 40 ans. Et parce que les marchés sont procycliques, leur poids et les innovations (titrisation) les rendent encore plus dangereux qu’en 1914. Il souligne également que nous assistons à la même montée des inégalités qu’il y a un siècle. Il note que l’étalon or a été remplacé par le dollar et souligne la pertinence du changement de politique du Japon qui a mis fin au yen cher. Enfin, il insiste sur le déclin de l’Europe, démographique (de 20 à 7% de la population mondiale) et économique.

Une crise politique