Jean-Luc Gréau est un des meilleurs chroniqueurs de la crise économique
que nous traversons et qu’il
avait anticipé dès 2005. Aujourd’hui, il nous offre dans un nouveau livre
essentiel son journal de bord de la crise, qui nous fournit tout autant des
constats robustes que des solutions pour en sortir.
Le film de la crise
Ce livre est composé de papiers publiés entre l’été 2008 et l’hiver
2012 dans la revue Le Débat, ainsi
que de textes inédits, ce qui fournit à la fois un compte-rendu des évènements
que nous traversons depuis cinq ans et une remlse en perspective. Les papiers
plus anciens ont un grand intérêt car non seulement ils n’ont rien perdu sur le
fond (où l’on voit que les débats restent les mêmes et que nos dirigeants ne
résolvent rien) mais ils permettent aussi de mieux saisir les étapes du
développement de la crise.
L’auteur commence par souligner que « dérèglementation il y a eu, certes, mais qui n’a pas laissé place à un
chaos, comme se plaisent à le dire tant de commentateurs. Un système complexe,
ancré sur différentes institutions, dont les banques centrales indépendantes et
les agences de notation fournissent les éléments les plus visibles, a pris la
place de l’ancienne organisation qui soumettait les économies à une
réglementation poussée, y compris dans les pays de grande tradition libérale ».
Pour lui, « l’action publique (est)
devenue incongrue depuis sa mise en jachêre au profit de la gouvernance
économique par les marchés financiers et des banques centrales affranchies de
la tutelle étatique ».
Il rappelle que les premiers signes de la crise sont apparus dès 2006,
avec une tension sur les marchés, aboutissant à des mini-krachs, et le niveau
extrêmement élevé de logements invendus. Mi 2007, Bear Sterns (qui fera
faillite 9 mois plus tard) et BNP Paribas décident de fermer deux fonds et la BCE
doit injecter en urgence 50 milliards d’euros de liquidités pour éviter le
blocage des marchés, faisant dire à Jean-Luc Gréau que « les banques centrales agissent aujourd’hui
comme les Etats en temps de guerre. De même que ceux-ci créent de la monnaie
pour subvenir aux besoins exceptionnelles suscités par les combats, les banques
(le font) pour éviter l’asphyxie des marchés du crédit ».
Une crise de la globalisation et l’anarchie financière