vendredi 9 octobre 2015

L’enfumage de l’OCDE sur la désertion fiscale




La fin d’une calamité fiscale ?



Ne rien attendre de la bureaucratie internationale

jeudi 8 octobre 2015

Fallait-il exclure Nadine Morano ?




Juste sanction ou polilce de la pensée ?

Bien sûr, sur le fond, comme je l’ai écrit la semaine dernière, je pense que Nadine Morano a dérapé. Si on peut dire que la France était à l’origine un pays de race blanche, il n’est pas juste de le dire au présent car cela exclut une part non négligeable de nos concitoyens. Et elle a repris des termes qu’affectionne la droite la plus extrême, emboîtant le pas à Marion Maréchal Le Pen, sur les idées délirantes de remplacement, ou d’invasion. Ce faisant elle a cumulé démagogie et xénophobie. On peut aussi penser que les Républicains peuvent définir des règles, et que l’ancienne ministre, actuelle députée européenne, les a enfreintes et doit donc être sanctionné pour cette raison, ce qui justifierait son exclusion de la tête de liste départementale en Meurthe-et-Moselle pour les élections régionales de décembre.

D’abord, même si on condamne ces propos, il est un peu gênant que ce soit le parti de Nicolas Sarkozy qui sanctionne de tels propos, sachant qu’il a tenu des propos guère plus reluisants quand il était président de la République. Son discours de Dakar sur l’homme Africain était inacceptable, et parce qu’il était écrit en amont peut-être bien plus inexcusable. Ensuite, cette affaire pose quand même la question de la liberté de pensée et de parole. Je ne fais pas partie de ceux pour qui il faudrait interdire d’interdire : les Etats-Unis ne sont pas un exemple. Mais ici, ne tombons-nous pas dans une forme de police de la pensée et la parole, un nouvel aspect orwellien à notre époque ? Si la démagogie n’est pas sanctionnable, faut-il vraiment sanctionner la xénophobie, et plus encore la xénophobie seulement implicite ?

Ce que cela dit de notre époque

mercredi 7 octobre 2015

Intempéries, faits divers et information




Déluge de non information

Avec quelques jours de recul, on peut se demander quel était l’intérêt de consacrer jusqu’au trois-quart des journaux télévisés du dimanche soir et encore une part très importante de ceux d’hier et d’avant-hier aux conséquences des intempéries. Bien sûr, un tel événement est traumatisant et marquant. Ces informations pourraient également permettre une prise de conscience des problèmes d’aménagement du territoire ainsi que sensibiliser les pouvoirs publics à agir. Mais tous les reportages étaient-ils vraiment utiles ? N’y avait-il pas aussi une forme de voyeurisme inutile dans cet étalage de destructions et de drames humains ? Bien sûr, certaines personnes n’étaient pas mécontentes de passer à la télévision, et ainsi rassurer proches et famille, mais qu’apportait véritablement ce déluge d’information ?

Ce que cela dit de notre société

mardi 6 octobre 2015

Libération, ni bien, ni pensant

C’était la une de Libération hier, « Contre Zemmour, Finkielkraut, Onfray… Oui on est ‘bien pensants’ et alors ? », suivie par un pseudo décryptage de la « Réac Academy » par Laurent Joffrin. Mais ce faisant, Libé en dit sans doute bien plus sur sa propre nature que sur celle de ceux qu’il dénonce.



Mauvaise foi superficielle

Déjà, cela commence mal avec le titre, davantage digne d’une cour de récréation que du journal de Sartre. Il ne manquerait plus qu’un « nanananère ! » pour couronner cette apostrophe enfantine. Mais le gloubiboulga qui constitue la suite n’est guère mieux. Déjà, Joffrin commence par mélanger Finkielkraut, Onfray, Debray et Polony avec Ménard, Morano, Elisabeth Lévy et Zemmour, comme s’ils formaient un tout homogène sans la moindre nuance… Pourtant, qu’on les aime ou pas (et dans mon cas, j’en apprécie certains et en rejette d’autres), il faut être sacrément ignorant ou de mauvaise foi pour amalguer des personnes aussi différentes. Ce faisant, Joffrin et Libération révèlent la superficialité crasse de leurs raisonnement : ils ne peuvent pas être bien pensants puisqu’ils ne pensent pas !

Il y a un autre aspect détestable dans ce pseudo décryptage qui n’est que la forme outrancière et dérisoire d’une police de la pensée en difficulté. Outre l’oubli de la diversité de la « réac academy » Il est totalement ridicule d’écrire « s’il y a une pensée unique, c’est la leur ». Comme si, dans les débats sur la construction européenne, l’immense majorité des éditorialistes ou des journalistes n’avaient pas fait une campagne sans nuance pour défendre ce projet délétère ? Il est également risible de dénoncer la dénonciation de son camp en procédant exactement à la même chose, d’une manière aussi nuancée qu’Eric Zemmour quand il parle des femmes. La suite du texte est une forme de Disney sans nuance de la pensée, avec des méchants très méchants corrigés par les gentils de Libé. Risible.

Snobisme criard et totalitaire

Contresens dans la querelle des anciens et des modernes sur l'éducation nationale (billet invité)

Billet invité de Marc Rameaux, qui vient de publier « Portrait de l’homme moderne »



Le 12 Juillet 2014, Benoît Hamon alors ministre de l’éducation nationale annonçait l’introduction de cours de programmation informatique sur la base du volontariat, en temps périscolaire, dès la rentrée 2014.

Notre pauvre ministre d’alors fit l’unanimité contre lui. Michel Onfray, tout à la construction de sa nouvelle image de penseur de gauche mais défenseur des valeurs traditionnelle se gaussa, et rappela avec gourmandise qu’il fallait peut-être commencer par apprendre à lire, écrire et compter.

Les tenants de l’introduction de technologies modernes à l’école ne furent pas plus indulgents, l’éducation nationale ne pouvant pour eux qu’être frappée du sceau de la ringardise troisième république. Il est vrai que notre Président faisait revivre au même moment tout le folklore politique de cette époque, demi-mondaines comprises.

Mais pour une fois depuis bien longtemps, un ministre de l’éducation nationale voyait juste, si tant est que l’idée soit venue de lui, ce qui est peu probable. Le débat factice qui suivit sa proposition est riche d’enseignements quant à la perte de la tradition de la pensée en France.

Un affrontement trop prévisible se mit en place, avec la routine mécanique des fausses idées.

lundi 5 octobre 2015

Schengen, Volkswagen : l’Allemagne qui piétine les règles

Cela fait des années que Berlin exige de ses partenaires de suivre ses règles : Pacte de Stabilité, TSCG, accueil des migrants… Pourtant, en quelques jours, l’Allemagne a enfreint deux fois les règles collectives (sur Schengen et avec Volkswagen). Voilà qui en dit long sur les règles de notre époque.



Relativisme teuton sur les règles

Depuis sa réunification, l’Allemagne est assez dure avec les règles européennes. Pour sacrifier son mark, elle avait exigé le respect des critères de Maastricht, imposant une austérité destructrice à ses partenaires européens dans les années 1990, qui avait envoyé des millions de personnes au chômage. Pourtant, au début des années 2000, l’UE avait accepté d’ignorer le non respect par Berlin du Pacte de Stabilité qu’elle avait pourtant demandé de mettre en place quelques années auparavant. Aujourd’hui, on constate que  les pays européens, Allemagne en tête, imposent des quotas d’accueil de migrants aux pays d’Europe de l’Est récalcitrants alors que cela n’augmente que marginalement les quotas, et que Berlin a coup sur coup stimulé puis bloqué l’afflux des migrants, en refermant ses frontières.

Cette insistance de l’Allemagne à imposer à ces pays des quotas est révoltante car les oscillations de Berlin sur la question ont, sans nul doute, empiré les problèmes de la Grèce et des pays d’Europe de l’Est qui forment les frontières extérieures de Schengen. Pire, devant l’envolée des flux, Berlin referme ses frontières, sans respecter les règles européennes, comme le rappelle Eric Conan sur Marianne, et, sans vergogne, elle impose quelques jours après l’accueil de migrants aux pays récalcitrants, sans que ce coup de force ne soit justifié par la moindre raison, cela n’augmentant la capacité d’accueil que marginalement. Bref, dans l’UE, Berlin fait les règles et les impose, sans avoir à les respecter elle-même. Et quelques jours plus tard, on apprend la tricherie massive de Volkswagen, fleuron du pays

La loi du plus fort, habillée en droit

dimanche 4 octobre 2015

Des Etats-Unis, de la liberté, de l’Etat et des tueries

« Permettre ces fusillades est un choix politique » : c’est par ce réumé bien senti que Obama a commenté une nouvelle turie. A défaut d’avoir agi pour proposer à son pays un nouveau choix politique, arrivera-t-il à recadrer le débat pour remettre en cause cet élément mortifère de l’idéntité étasunienne ?


Un massacre régulier et accepté ?

Vu d’Europe, il est sans doute un peu compliqué de comprendre la relation des Etats-Unis avec les 300 millions d’armes à feu de la population (plus d’une par adulte…). Le fait que ce soit le second amendement qui garantisse le droit d’en avoir en dit long dans la place que cela a pris dans la construction du pays, et à quel point les armes à feu font profondément partie de sa culture. Au point que le sujet n’a jamais vraiment été évoqué dans les campagnes présidentielles, tant il semble y avoir une solide majorité de la population qui soutient ce droit et que s’y opposer semblerait disqualificatoire pour tout candidat à la Maison Blanche. D’où le fait, sans doute, que Barack Obama ne se soit jamais aventuré plus loin sur ce sujet, même si, avec le temps, il se fait plus critique, comme il l’a indiqué dans cette phrase.



Pourtant, les chiffres parlent d’eux-même. Obama a évoqué la comparaison entre le nombre d’étasuniens tués dans des attaques terroristes et ceux tués avec des armes à feu. Avec plus de 10 000 décés par an, les chiffres font froid dans le dos par rapport aux pays européens (quelques centaines par an en France ou en Allemagne). Le taux d’homicide aux Etats-Unis est quatre fois supérieur à l’Europee. Et la comparaison est encore plus cruelle quand on note qu’il est équivalent à la Palestine, deux fois plus haut qu’en Israël et trois fois plus qu’en Afrique du Nord ! Pour Barack Obama, « nous ne sommes pas le seul pays sur Terre où il y a des gens qui sont malades et qui veulent faire du mal aux autres. Mais nous sommes le seul pays développé sur Terre où l’on voit aussi souvent de tels massacres ».

Révélateur de loi de la jungle ?

samedi 3 octobre 2015

Un autre regard sur la crise à Air France




Derrière les apparences


Mais cette présentation des choses est un peu courte. Déjà, raisonner en heure de vol est aussi partiel que partial. Les syndicats contestent les chiffres de la direction, qu’ils comparent aux autres grandes compagnies européennes. Il est bien évident que les compagnies à bas coûts ont sans doute pu embaucher à bas prix avec un chômage aussi élevé… D’ailleurs la compétition n’est pas loyale, notamment avec les compagnies du Golfe, qui bénéficient d’avantages colossaux et auquel le gouvernement continue pourtant d’accorder de nouveaux créneaux en France… En outre, on peut comprendre que les syndicats contestent ces nouveaux efforts alors que la compagnie s’est redressée, au point qu’elle va dégager 300 millions de profits en 2015. Enfin, il est étonnant que l’on oublie l’opposition des PNC…

Une logique détestable

vendredi 2 octobre 2015

Chômage, contrat zéro heure : l’abandon de la jeunesse




Un marché du travail toujours plus hostile

Les chiffres révélés hier rappellent la forte dégradation du marché du travail pour les jeunes : « un an après la sortie de leurs études, seulement 62% des jeunes diplômés sont embauchés. C’est dix point de moins qu’en 2010 ». Il faut néanmoins souligner une très grande disparité selon le niveau d’étude : autour de 10% pour les bac+5, contre 50% pour les sans dipôme et 28% pour les titulaires du baccalauréat. Il y a aussi de grandes différences selon les types d’études, les ingénieurs s’en tirant mieux que la moyenne par exemple. Pire, 43% des embauches se font en CDD, neuf points de plus qu’il y a un an, signe cruel de la dégradation du marché du travail pour la jeunesse. Enfin, le salaire moyen a sensiblement reculé. Bref, pour la jeunesse de France, et de bien d’autres pays, c’est toujours plus de précarité.

Et outre-Manche, la situation n’est guère plus riante, avec le développement des contrats « zéro heure », qui pourraient s’appeler les contrats « zéro droit ». Ce contrat symbolise le déséquilibre majeur du marché du travail en faveur des entreprises. Ce type de contrat ne garantit ni horaire, ni même salaire minimal. Il y en aurait un million et demi en Grande-Bretagne. Et naturellement, il n’y a pas de congés maternité ni même d’indemnités de licenciement. C’est une forme de retour à l’âge de pierre, d’avant les droits sociaux, une forme d’organisation de la société où les employés sont des mouchoirs que l’on utilise, ou pas, sans avoir la moindre protection. Ce contrat est sans doute le rêve ultime du Medef, une sorte de destination de ce que peut être concrètement la déconstruction du droit du travail.

Pas de futur pour la jeunesse

jeudi 1 octobre 2015

La baisse des inégalités ne touche pas les patrons du CAC 40




Des rémunérations devenues extravagantes

Bien sûr, ceux qui défendent les salaires des grands patrons prennent soin de revenir jusqu’en 2006 pour montrer que la rémunération moyenne de 2014 n’est pas à son plus haut. Bien sûr, elle atteignait plus de 5 millions d’euros peu avant le grand krach. Mais une telle présentation des choses est biaisée. Car si l’on remonte un petit peu plus dans le temps, au tout début des années 1990, Raymond Lévy, patron de Renault, gagnait alors 1 million… de francs, soit 150 000 euros, par an ! Et la rémunération de Jacques Calvet, alors patron de PSA, avait fait grand bruit quand il avait été révélé qu’elle dépassait 2 millions… de francs, soit plus de 300 000 euros. Aujourd’hui, Carlos Ghosn, patron de Renault et Nissan, touche la bagatelle de 15 millions d’euros, 100 fois ce que touchait son prédecesseur !

Quand le patron de Renault touchait un peu plus de 20 SMICs il y a 25 années, son successeur en ramasse aujourd’hui 1000 en une seule année ! Voici sans doute le meilleur résumé de l’explosion des inégaliltés au sommet de la pyramide, qui rend totalement caduques les analyses de l’INSEE, qui, suivant l’indice de Gini, comparent les 10% les plus riches et les 10% les moins riches. Cette moyenne écrase l’envolée des salaires du 1%, ou même du 0,1% le plus riche, sur laquelle dissertent Thomas Piketty et ses comparses, ou Joseph Stiglitz. Il est vrai que Carlos Ghosn est en pôle position du classement 2014, devant l’ancien patron de Sanofi, qui émarge à plus de 12 millions seulement et celui de Dassault Systèmes, à 11 millions. Un patron du CAC 40 gagne aujourd’hui environ 300 SMICs par année !

L’alliance des grands patrons et des actionnaires