Après une pause (salutaire) de
presque un an, je reprends les publications sur l’œil de Brutus. Comme je
l’annonçais, je m’éloigne du suivi de l’actualité politique dont l’extrême
médiocrité a fini par lasser mon goût de l’écriture. Je reprends donc la suite,
entamée en septembre 2016, de la recension de l’un des ouvrages majeurs
d’Hannah Arendt : La Crise de la culture. Nous avions déjà vu les quatre
premiers chapitres : La tradition et
l’âge moderne, Le concept
d’histoire, Qu’est-ce que
l’autorité ? et Qu’est-ce que la liberté ?. Le cinquième chapitre, sans doute le plus important de
l’ouvrage, est consacré à l’éducation. Se basant sur les évolutions de
l’éducation dans l’Amérique des années 1950, Hannah Arendt anticipe, avec une
clairvoyance impressionnante, l’impact de la rupture avec toutes formes de
traditions (sur
ce sujet, relire le chapitre 1) sur l’éducation, et surtout sur la
déconstruction de l’éducation. Nous sommes en 1961 ; et déjà, Hannah
Arendt pressent la dégénérescence de la modernité en une postmodernité (même si elle n’emploie pas le terme) à l’intérieur de laquelle le règne de l’individu-roi (et
par voie de conséquence de l’enfant-roi) atomise tout fonctionnement social et,
à contrecourant de ses objectifs proclamés, aboutit à un entremêlement de
tyrannies : celle du petit Moi[i], celle de la
(supposée) majorité du camp du Bien et celle des minorités agissantes. Cette
anticipation est d’une telle actualité vis-à-vis du système éducatif français
d’aujourd’hui que je laisse, pour l’essentiel, le lecteur avec des citations
intégrales, généralement peu commentées.
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mercredi 8 août 2018
mardi 17 décembre 2013
Le Monde rejoint The Economist pour dénoncer le niveau du SMIC
Déjà, en
2012, Le
Monde faisait déjà partie des opposants au très
maigre coup de pouce au SMIC donné par le gouvernement. Dans un
nouveau papier parlant de « l’exception
française », le quotidien vespéral emboite le pas de The Economist, qui
plaide à nouveau pour un faible salaire minimum.
Le grand
assaut contre le SMIC
C’est
sous la forme d’un dessin innocent que Le
Monde avance son agenda néolibéral : deux personnes qui commentent
deux graphiques, l’un indiquant une hausse du salaire moyen, l’autre la hausse
du nombre de chômeurs, faisaint le lien que tous les néolibéraux font, à
savoir que des salaires trop élevés entraineraient une augmentation du nombre
de chômeurs. L’article souligne que les salaires ont augmenté en moyenne de
1,6% sur un an et les prix de 0,7%. Le directeur de Rexecode affirme qu’alors
que le PIB a augmenté de 9,7% entre 2007 et 2013 et le salaire par tête a
progressé de 13,6%.
Dans
un argumentaire digne du patronat le moins social, le Monde poursuit en valorisant la baisse des salaires de 10% de
2010 à 2012 en Espagne, « recul
salué par le chef du gouvernement espagol ». On se demande comment
la journaliste ne voit pas l’immense contradiction qu’il y a à évoquer
l’Espagne comme un bon exemple. L’Espagne et la Grèce ont baissé leurs
salaires, mais elles ont le taux de chômage le plus élevé, alors qu’elles
avaient déjà des salaires assez faibles pour l’Europe de l’ouest. S’il y avait
un lien, le chômage devrait être plus bas que la moyenne à Madrid et Athènes.
En outre, la
journaliste donne l’impression que le pouvoir d’achat progresse alors que cela
est faux. D’abord, elle ne prend pas en compte la hausse des impôts, qui réduit
le revenu disponible. Puis, elle oublie qu’une
moyenne peut être illusoire et tirée par les plus hauts revenus : le
salaire médian baisse en France depuis le milieu des années 2000, dans
un phénomène proche de celui à l’œuvre aux Etats-Unis. Enfin, le directeur
de Rexecode prend des chiffres hors inflation, une présentation biaisée.
La gauche
social-traître
samedi 28 mai 2016
L’effarant portrait de femmes voilées du Monde
Il y a une
semaine, le magazine hebdomadaire du Monde a publié un long article de 7 pages
« Derrière le voile »
affirmant décrire le « quotidien de
jeunes femmes Françaises (…) qui ont choisi de porter le hijab ».
Un portrait à sens unique, complaisant, et
sans le moindre recul journalistique.
Quand le Monde milite pour le port du voile
Déjà, dans
cette conclusion, le Monde ose faire
un parallèle effarant entre les rigoristes islamistes et les laïcards !
Que l’on sache, les seconds ne produisent pas aujourd’hui de terroristes
meurtriers… Il est tout de même assez incroyable de verser dans une forme de
xénophobie aussi crue à l’égard de ceux
qui pensent que le port du voile n’est pas compatible avec les valeurs de la
République, dont tant ne peuvent pas être soupçonnés du moindre racisme.
Cette inversion des valeurs est stupéfiante et conduit à un article sans le
moindre recul, beaucoup trop à sens unique pour être crédible. En quoi les
jeunes femmes qui vont aux Halles tout en portant le voile sont-elles représentatives
des jeunes femmes qui portent le voile ? N’est-ce pas totalement partiel,
outre le fait d’être partial ?
Le Monde aurait du rencontrer des femmes
que l’on force ou que l’on a forcée à porter un voile contre leur volonté. Et
il est assez effarant de ne pas remettre en cause le discours de jeunes femmes
qui affirment que la religion musulmane impose le voile, alors qu’il me semble
que la question n’est pas aussi tranchée, ainsi
que le démontrent les photos d’Iran ou d’Afghanistan dans les années 1970.
Dans le monde imaginé par le Monde,
il n’y a pas de nuance. Les méchants, se sont ceux qui critiquent les jeunes
qui choisissent de porter le voile (puisqu’elles le font toutes librement). Pas
la moindre réflexion sur le rôle de ce voile dans la société, sur l’évolution
des sociétés où il s’est imposé, ni
encore sur ce que représente le projet de vie de la France, dont il faut bien
reconnaître qu’il semble opposé au voile.
Encore une fois,
le Monde révèle sa superficialité, le caractère aussi partiel que partial de
ses « analyses ». Pourtant, le sujet est intéressant. Et même s’il
décrit une réalité qui existe, il en passe sous silence une autre et passe
totalement à côté du
débat légitime sur les fondements de notre République.
mardi 5 juillet 2016
Le véritable clivage du Brexit (billet invité)
Billet invité de
Marc Rameaux, auteur de « L’homme
moderne »
Gaspard Koenig en
a entrepris une première « analyse » dans le Figaro Vox, dont la
tonalité confine bien davantage au mépris et à la haine profonde qu’à la
volonté de comprendre.
samedi 21 juin 2014
A lire : dossier spécial du Monde diplomatique sur le traité transatlantique (billet invité)
Billet invité de l’œil de Brutus
Dans son édition de juin 2014, Le Monde diplomatique
dresse un dossier très complet sur les débats relatifs au TTIP[i].
Je ne saurai qu’en conseiller la lecture, et pour se faire dresse ci-dessous
les éléments qui m’ont paru les plus saillants[ii].
Les principales menaces du
TTIP[iii]
-
Toute régulation de la finance deviendra
quasi-impossible et le TTIP devrait amener à l’abrogation des quelques
réglementations (déjà bien minimes) mises en place depuis 2008. Ainsi, « les négociateurs américains, conseillés par
des banquiers de Wall Street, ont proposé d’ajouter au traité des règles
contraires aux dispositions américaines visant à interdire les produits dérivés
toxiques, à limiter la taille des banques dites too big to fail »[iv].
-
Au nom de la liberté de commerce, les normes
sanitaires pourraient être revues à la baisse, ce qui induirait, par exemple,
la « libre » commercialisation de viande touchée par la « vache
folle » ou de lait contaminé[v].
-
vendredi 19 septembre 2014
La critique révélatrice du Monde contre la grève des pilotes d'Air France
Bien sûr, il
sera difficile de faire pleurer sur le sort des pilotes d'Air France, mais le
papier du Monde « La
grèves des pilotes d'Air France ne se justifie pas », par son
caractère sans nuance et même assez biaisé, en dit long sur l'état d'esprit qui
règne dans ce quotidien et sur l'évolution récente du débat public.
Une
présentation biaisée du débat
Pour le Monde, la messe est dite : les
pilotes d'Air France voleraient 20 à 25% de moins que ceux de British Airways
ou Lufthansa et leurs salaires seraient 40% plus élevés que ceux de Transavia,
la filiale bas coûts d'Air France. Pour un peu, il appelerait à tailler dans le
gras... Sauf que, contrairement à de nombreux papiers publiés dans la rubrique
souvent intéressante des Décodeurs, la présentation des faits est un peu
courte. Un papier du Nouvel Observateur,
que l'on n'imagine pas spécialement favorable aux pilotes d'Air France, explique
que le niveau des salaires n'est pas si éloigné et que l'écart sur la moyenne
vient du fait que les pilotes d'Air France sont beaucoup plus expérimentés.
En outre, l'argumentation
du Monde est assez limite : il
n'est pas compliqué pour une compagnie de créer une petite filiale à bas coûts
qui paie ses salariés moins pour dire ensuite aux autres qu'il faut baisser
leur salaire ! Et même s'il est évident que les pilotes d'Air France
gagnent plus que 98% de la population, on peut se demander s'il ne s'agit pas
d'une des professions qui mérite le plus une forte rémunération étant donné leurs
responsabilités, la vie de leurs passagers, et que la formation pour devenir
pilote est, heureusement, très dure et complète. Et, plus que le niveau absolu,
il serait intéressant de mesurer l'évolution des salaires depuis 30 ans, qui
n'a sans doute rien à voir avec ce qui s'est passé dans le monde de la finance
ou du sport professionnel, qui ne me semblent pas mériter davantage que les
pilotes...
Une
course vers le moins disant qui ne peut être arrêtée ?
lundi 23 avril 2018
Le dérisoire buzz protectionniste de Donald Trump
Le président
des Etats-Unis n’a pas été un héros de télé-réalité pour rien. Il aime ce qui
fait parler, agiter l’écume, sans se soucier le moins du monde du fond des
choses. Après
deux ans de bruits protectionnistes, la comparaison avec la réalité des
mesures prises, notamment
sur l’acier, par-delà les annonces bruyantes, montre qu’en
matière de protectionnisme aussi, Trump n’est pas à prendre au sérieux.
La
politique économiques, façon clash et buzz
dimanche 21 décembre 2014
Cannabis : le triste et prévisible renoncement du Monde
C’est
l’effarant cadeau de Noël du journal qui se veut la référence du journalisme en
France : un
éditorial soutenant la légalisation du cannabis, avec tout un dossier pour
soutenir cette position. Bizarremment, le Monde
fait largement l’impasse sur les
études scientifiques qui en démontrent tous les dangers…
Une
aberration pour la santé publique
Le Monde profite du dossier de Terra
Nova pour défendre la légalisation du cannabis. Pourtant, il dit que « la
consommation précoce et, plus encore, régulière de cannabis est dangereuse,
tout particulièrement pour les jeunes ; selon toutes les études
scientifiques récentes, elle provoque un ralentissement du développement
intellectuel et accentue les risques de troubles psychiques ».
Mais ceci ne pèse pas lourd face à l’argent que l’état pourrait gagner en
légalisant ce commerce et face à la forte consommation que la pénalisation n’a
pas réussie à réduire. En revanche, il est honteux que les décodeurs n’évoquent
pas la question de la santé dans son papier « Pourquoi
la répression n’est sans doute plus la solution ».
Pourtant, ce
n’est pas comme si le Monde n’en avait pas parlé. En septembre 2012, il titrait
« Cannabis
chez les adolescents : le QI en fumée », au sujet d’une étude
démontrant, sur une durée de 20 ans, que la consommation de cannabis pouvait
provoquer une baisse du Quotient Intellectuel de 8 points ! Pire, les
troubles de la mémoire et de l’attention perdurent si l’on a commencé à
l’adolescence. Outre
la dépendance, la liste des effets est effrayante : problème
de mémoire (jusqu’à une perte de 50% de la mémoire immédiate pour les gros
consommateurs), d’attention, augmentation de 50 à 200% des maladies mentales et
troubles comme la schizophrénie ou les psychoses, et réduction du cortex.
La
démission habillée en laisser-faire
mercredi 23 mars 2016
Le patriotisme est un humanisme (billet invité)
Billet invité de Marc Rameaux, auteur
de « L’homme moderne »
Patriote. Combien de fois le mot ne fut-il
pas maudit dans les dernières décennies, stigmatisé, rabroué, accusé de tous
les maux, considéré comme cause de toutes les violences, en regard d’un monde
idéal et moderne qui s’en serait débarrassé.
La place que le monde post-moderne lui a
assignée était d’être ad vitam aeternam le troisième pilier de la devise de
Vichy. La cocarde ne pouvait plus être l’insigne des hommes épris de liberté,
en lutte contre l’injustice et l’arbitraire, mais au mieux la marque de
nostalgies surannées et douteuses, au pire le fait de fascistes et d’esprits
étroits.
jeudi 9 mars 2017
Qui est M. Emmanuel Macron… (billet invité)
Billet invité de l’œil de
Brutus
Il ne m’est gère courant de
reproduire dans son intégralité un article provenant d’une autre source, mais
celui qui suit paraît tellement bien illustrer la personnalité qui se cache
derrière le sourire du sieur Macron qu’il m’a semblé indispensable de le
transmettre dans son intégralité.
vendredi 18 mai 2012
Grèce : la bêtise effarante du Monde
C’est dans un
éditorial stupéfiant de bêtise que Le
Monde a essayé une nouvelle fois de faire peur au sujet de la probable
sortie de la Grèce de la monnaie unique. Comment ce journal, qui se dit de
référence, peut se laisser aller à une telle démagogie ?
Une
mauvaise foi extraordinaire
Le
dernier paragraphe affirme « Pour
les Grecs, ce (la sortie de l’euro) serait une tragédie pire encore que celle
qu’ils vivent. Ils n’ont guère à attendre du retour à la drachme, qui, même
dévaluée de 50%, n’améliorerait pas leurs comptes extérieurs pour une raison
simple : la Grèce n’a rien à exporter. Le niveau de vie ne tomberait pas
de 10 à 20% comme aujourd’hui, mais de 50%. Le pays a besoin d’investissements
pas d’une dévaluation compétitive ».
Le Monde aurait voulu illustrer mon
papier de mardi sur la gauche sectaire qu’il n’aurait pas fait autrement.
Voici un journal supposé sérieux qui commet un éditorial digne d’un gamin euro
béat qui ne connaîtrait rien à l’économie. Le quotidien vespéral affirme donc
qu’une dévaluation de 50% de la drachme provoquerait une baisse du pouvoir
d’achat de 50%, ce qui serait le cas si la Grèce importait 100% de son PIB.
Mais, selon
l’OCDE, les importations pèsent 20% du PIB.
Bien sûr, le
pouvoir d’achat baisserait de 50% sur les importations, mais rapporté à la
structure économique du pays, cela représente une perte de 10% du pouvoir d’achat.
En outre, si la Grèce importe deux fois plus qu’elle n’exporte, cela indique
tout de même que le pays a des choses à exporter justement (10% de son PIB),
dont les ventes s’envoleraient en cas de dévaluation de la drachme. Idem pour
le tourisme (16% du PIB), qui profiterait très largement d’une sortie de
l’euro.
Une
mauvaise analyse du problème
vendredi 15 août 2014
La voix de la France et la Bosnie oubliée (billet invité)
Billet invité de l’œil de Brutus
« Ô drapeau de Wagram ! ô pays de Voltaire !
Puissance, liberté, vieil honneur militaire,
Principes, droits, pensée, ils font en ce
moment
De toute cette gloire un vaste abaissement.
»
Victor Hugo, Les Châtiments.
Il y a quelques jours, Laurent
Pinsolle publiait un article sur l’état actuel de la Libye et les
conséquences du droit d’ingérence. C’est également l’occasion de se remémorer
un autre territoire, complètement oublié des médias : la
Bosnie-Herzégovine.
Un pays à la dérive
En 1995, les accords de Dayton
mettent fin (provisoirement : 4 ans plus tard aura lieu la guerre du
Kosovo) à la guerre issue de la dislocation de l’ex-Yougoslavie. Ils instituent
de fait un Etat pluriethnique, composé d’une fédération d’Etat, eux-mêmes basés
sur l’homogénéité ethnique. Ces mêmes accords instituent de manière transitoire
un poste de Haut représentant en Bosnie-Herzégovine, placé sous l’autorité du
Conseil de sécurité des Nations Unies. Sauf que presque 20 ans plus tard, la
« transition » perdure et la fonction de Haut représentant est
toujours en place. Celui-ci a même, en violation des accords initiaux,
considérablement accru ses pouvoirs puisqu’il cumule l’ensemble des
prérogatives exécutives, se transformant de facto en techno-autocrate. Il peut
ainsi annuler n’importe quelle décision prise par les instances politiques
bosniennes ou imposer les siennes. Ce dont il ne se prive pas. Le
« Prince » a ainsi, unilatéralement, décidé de la mise en place de
plaques d’immatriculation communes, d’un passeport unique, d’une monnaie
alignée sur l’Euro, d’une loi sur la citoyenneté, des couleurs du drapeau ou
encore de révocations de plusieurs responsables locaux pourtant
démocratiquement élus. La guerre menée au nom du droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes a donc, paradoxalement, accouchée d’un régime politique (ou plutôt
apolitique, puisque pris étymologiquement le mot « politique » n’a
ici plus de sens) complètement autocratique, soumis au fait du
« Prince », sorte de « bien aimé leader » de la communauté
internationale, étranger au pays de surcroit (le titulaire actuel, Valentin
Inzko, est autrichien ; son prédécesseur, Miroslav Lajcak était slovaque).
A côté de cela, la Russie de Vladimir Poutine passe pour une douce démocratie.
Par ailleurs, la terre d’origine
de Zlatan Ibrahimovic reste soumise à de très fortes tensions, pas seulement
ethniques (les Serbes réclament toujours leur rattachement à la Serbie voisine
et les nationalistes croates sont en constante progression) mais aussi sociales :
dans l’indifférence presque complète de nos médias nationaux des
manifestations, parfois très violentes et durement réprimées, se succèdent
depuis le début de l’année. Le système électoral mis en place est foncièrement
discriminatoire puisqu’il contraint les candidats à déclarer leur appartenance
ethnique (bosniaque, croate ou serbe), au point d’en attirer les foudres de la
Cour européenne des Droits de l’Homme[i]. Le chômage
demeure très élevé (27%
en 2013) et la corruption endémique, seules les perfusions financières de
l’Union européenne et du FMI évitent probablement l’effondrement.
Presque 20 ans après, l’échec de
la « communauté internationale » est patent.
Un dangereux précédent
mercredi 17 septembre 2014
Médias : ces assistés qui s’ignorent (billet invité)
Billet invité de l’œil de Brutus.
La presse grand public sonne en
cœur, ou presque, pour lutter contre la dépense publique et l’assistanat. On
retrouve ainsi ci-dessous un florilège de ces unes les plus tapageuses :
La presse dite « de
gauche », si elle procède, sur ce sujet, moins par unes tapageuses, n’est
pas un reste. Le Monde (15/10/2011) s’interroge ainsi : « La France est-elle un pays d’assisté ? »,
la tournure de la question laissant sous-entendre la réponse. Le 5 avril
dernier, il en appelait encore à lutter
contre la dette publique. Dans Les Inrockuptibles (16 novembre
2011), Serge July plaide pour une rigueur « de gauche »[i].
Vincent Giret lui emboîte le pas dans les colonnes de Libération le 6 décembre
2011[ii].
L’inénarrable Christophe Barbier espérait (L’Express, 04/11/2011) un « bon président » qui prendrait des
« mesures précises, douloureuses et
efficaces » pour « ne plus
attendre de l’ « Etat Mama »
les soins et les consolations ». On n’oubliera pas, bien sûr,
l’inévitable, Alain Minc, présent à tour de rôle dans à peu près tous les
médias : « Je crois qu’on est
désormais dans un nouveau paradigme qui est le suivant : la vertu budgétaire
crée la confiance, la confiance crée la consommation et l’investissement. La
consommation et l’investissement créent la croissance. Aujourd’hui, le
paradigme c’est : “Vertu budgétaire, confiance, croissance”. Et donc, de ce
point de vue, les gestes faits pour établir la confiance vis-à-vis des marchés
sont le meilleur encouragement à la croissance, bien plus que ne l’était
autrefois quelques milliards dépensés »[iii].
Nicolas Baverez, incontournable au Point, mais précédemment à l’Express,
pousse, lui, le bouchon encore plus loin : « Autant il est apprécié pour aller dans le Luberon, autant, pour les
couches les plus modestes, le temps libre, c’est l’alcoolisme, le développement
de la violence, la délinquance, des faits malheureusement prouvés par les
études »[iv].
Bien évidemment, ces éditocrates
ne relèvent que rarement parmi tous ces « assistés » qu’ils
vilipendent à loisir, la moitié d’entre eux, par exemple, ne réclame pas le RSA
quand ils y sont éligibles[v].
lundi 15 décembre 2014
Salaires : quand le Monde déborde le Medef par la droite
Voici le
genre d’article qui symbolise la perdition absolue dans laquelle le débat
public se trouve aujourd’hui. Voilà que Le
Monde voit dans la hausse de 1,4% des salaires,
un signe de nos rigidités ! Pour un peu, ils appelleraient
à une baisse du SMIC de 30%, comme
The Economist !
L’économie
pour les nuls
Il faut
croire que depuis la mort de Margaret Thatcher, son
esprit hante une partie des élites intellectuelles dites de gauche. J’ai fait
des copies écran de cet article au cas où le Monde finirait par se rendre compte de l’énormité de ce papier.
Difficile de trouver plus antisocial. Décidemment, ce
qu’on appelle la gauche, quand elle est libérale et libertaire, semble avoir
une capacité assez étonnante à défendre des idées profondément
anti-progressistes. Le Monde rend
compte d’une statistique révélant que le salaire moyen de base a progressé de
1,4% sur un an, soit 1,2 point de plus que l’inflation osant affirmer que
« malgré
la crise, la dynamique des salaires réels ne se dément pas ».
Déjà,
passons sur le fait qu’une progression de 1,2% marque une quelconque dynamique.
Puis, ces chiffres ne portent que sur les entreprises de plus de 10 salariés et
excluent agriculture et emplois publics… Enfin, tout journaliste économique devrait
savoir qu’une moyenne peut être trompeuse. Aux
Etats-Unis, de 2009 à 2012, les revenus ont progressé en moyenne de 6,1%, mais
cette hausse n’a été que de 0,4% si on exclut ceux du 1% le plus riche, et ils
ont même baissé pour 90% de la population ! Idem sur l’indice
d’inflation qui n’est pas le même pour tout le monde. On aimerait aussi que le Monde rappelle la
baisse record du pouvoir d’achat en 2012, ce qui relativise ce maigre gain
théorique.
Thatcher,
sort de ce journal !
samedi 23 janvier 2021
Les illusions de l’investiture de Biden
L’investiture officielle de Biden a été largement saluée par les grands média, communiant dans un sentiment de passage du mal au bien, après les quatre années de l’extravagante présidence Trump. Mais le regard porté sur cette nouvelle administration, portée aux nues sans nuance, risque de provoquer de graves déconvenues dans les prochaines années, tant ses carences sont grandes.
Le président idéal pour le clan Trump
vendredi 16 janvier 2015
Euro, tribunaux d'arbitrage : les choix de mots révélateurs du Monde
Dans le
débat public, le
choix des mots que l’on utilise a une influence considérable. On peut
penser que davantage de personnes sont favorables à une monnaie forte plutôt
qu’une monnaie faible. La rhétorique du Monde
sur
l’euro et les
tribunaux d’arbitrage privés est très révélatrice.
Juste
prix ou faiblesse ?
La
nette baisse de l’euro depuis le milieu d’année dernière déclenche des analyses
très biaisées de la part des média qui soutiennent mordicus la monnaie unique
européenne. Pourtant, à 1,17 dollar, elle est revenue à son cours
d’introduction et à un niveau proche du cours auquel les économistes estiment
qu’elle devrait être cotée. Malheureusement, depuis trente ans en France, nous
sommes pollués par les partisans maladifs et fanatiques d’une monnaie chère
pour qui toute baisse de la parité de la monnaie équivaut aux sept plaies
d’Egypte. Le Monde propose un
décryptage des conséquences de la baisse de l’euro qui équivaudrait à « un
transfert de la valeur des consommateurs vers les exportateurs ».
On est dans
la ligne d’Axel de Tarlé, sur Europe 1,
qui pointait la hausse du prix du tourisme aux Etats-Unis, oubliant que cela
n’est accessible qu’à une infime minorité, et des téléphones ou de l’essence
(non vérifiés à date). Il faut rappeler ici que cette baisse de l’euro ne
provoque une hausse des prix d’importations qui ne représentent que 8% du PIB
environ. Pas de quoi fouetter un chat ! En outre, le consommateur est
aussi un producteur qui profitera du léger rééquilibrage de notre commerce que
provoquent ces mouvements monétaires. Il
est absurde d’opposer consommateurs et exportateurs, à moins d’être un
missionnaire de la monnaie chère, utile pour qui voyage souvent à l’étranger…
Peur
(irrationnelle) ou opposition (démocratique)
lundi 7 janvier 2019
10 ans après (1/6) : ces leçons totalement oubliées
Il y a 10 ans, le monde
sombrait dans la pire crise purement économique depuis 80 ans. Une finance folle a fait
perdre leur logement à 9 millions de ménages outre-Atlantique, envoyé des dizaines
de millions d’autres au chômage dans le monde, et trouvé le moyen de se faire
sauver par les Etats ! Dix ans après, malgré d’innombrables
analyses des ressorts de cette crise, aucune leçon ne semble avoit été tirée.
Un système
s’est sauvé, sans même changer
samedi 26 octobre 2019
Recomposition – Le populisme comme nouvelle force politique (4/4) (billet invité)
Billet invité de Marc Rameaux, qui a publié « Portrait de l’homme moderne », suite de la 1ère partie, de la 2ème partie et de la 3ème
partie
Qui s’est livré à la
démagogie ?
Une notion nous sera utile pour
analyser les démagogies modernes, celle forgée par la philosophe Renée Fregosi
sous le nom de « justicialisme ».
Le justicialisme désigne
l’attitude d’endosser un habit de justicier et de se croire investi à ce titre
de la mission de sauver le monde dont on a la charge, ce qui implique également
de châtier des coupables supposés être à l’origine de tous les maux. Grande
spécialiste de l’Amérique latine, Renée Fregosi a forgé ce terme en référence
au Péronisme Argentin.
jeudi 7 mai 2015
Vous avez dit « repli sur soi » ? partie 2 (billet invité)
Billet invité de Marc Rameaux, qui vient de publier « Portrait
de l’homme moderne », suite de la
1ère partie
1
L’usurpation économique
Le néo-libéral s’auto-décerne des
brevets de « réalisme » et « d’efficacité économique », à
travers notamment la notion de libre concurrence. Il n’admettra
éventuellement de freins aux forces du marché que celles qui viseraient à en
tempérer les dégâts humains, comme celui qui lâcherait une aumône lui donnant
bonne conscience, confortant un peu plus dans son esprit sa position de
« réaliste » par rapport à des « sentimentaux ».
C’est pourtant lui – comme le
note Georges Soros – qui peut être qualifié de naïf et d’irréaliste. Le
discours de la concurrence « pure et parfaite » n’est jamais tenu par
de véritables hommes d’entreprise, mais par ceux qui passent leurs temps entre
plateaux télé, presse creuse et cocktails mondains. Et bien entendu par les
membres de la commission européenne, qui parviennent à cumuler la bêtise des
trois précédents.
Ceux qui font le monde de
l’entreprise, qui conçoivent, agissent et produisent, savent comment l’économie
fonctionne véritablement. Et ce n’est en aucun cas le mode de la
« concurrence pure et parfaite ». L’économie de marché fonctionne –
cela est maintenant de plus en plus clair pour les économistes sérieux – selon
le mode de la concurrence monopolistique, un modèle qui n’a rien de
commun avec les rêveries idéologiques des néo-libéraux. En quoi la concurrence
monopolistique consiste-t-elle ? Elle suit un principe très simple, connu
depuis bien plus longtemps que nos économies modernes car il est au fondement
de tout art de la guerre : toute stratégie de combat consiste à obtenir un
temps d’avance sur l’adversaire. Transposée au monde économique, elle conduit
au schéma suivant, exposé par le grand Joseph Schumpeter :
·
Un entrepreneur introduit sur le marché une
innovation (pas seulement une innovation technologique, cela peut être un
nouveau service ou un nouveau canal commercial).
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