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mercredi 8 août 2018

Hannah Arendt : La crise de l’éducation (billet invité)



Après une pause (salutaire) de presque un an, je reprends les publications sur l’œil de Brutus. Comme je l’annonçais, je m’éloigne du suivi de l’actualité politique dont l’extrême médiocrité a fini par lasser mon goût de l’écriture. Je reprends donc la suite, entamée en septembre 2016, de la recension de l’un des ouvrages majeurs d’Hannah Arendt : La Crise de la culture. Nous avions déjà vu les quatre premiers chapitres : La tradition et l’âge moderne, Le concept d’histoire, Qu’est-ce que l’autorité ? et Qu’est-ce que la liberté ?. Le  cinquième chapitre, sans doute le plus important de l’ouvrage, est consacré à l’éducation. Se basant sur les évolutions de l’éducation dans l’Amérique des années 1950, Hannah Arendt anticipe, avec une clairvoyance impressionnante, l’impact de la rupture avec toutes formes de traditions (sur ce sujet, relire le chapitre 1) sur l’éducation, et surtout sur la déconstruction de l’éducation. Nous sommes en 1961 ; et déjà, Hannah Arendt pressent la dégénérescence de la modernité en une postmodernité (même si elle n’emploie pas le terme) à l’intérieur de  laquelle le règne de l’individu-roi (et par voie de conséquence de l’enfant-roi) atomise tout fonctionnement social et, à contrecourant de ses objectifs proclamés, aboutit à un entremêlement de tyrannies : celle du petit Moi[i], celle de la (supposée) majorité du camp du Bien et celle des minorités agissantes. Cette anticipation est d’une telle actualité vis-à-vis du système éducatif français d’aujourd’hui que je laisse, pour l’essentiel, le lecteur avec des citations intégrales, généralement peu commentées.

mardi 17 décembre 2013

Le Monde rejoint The Economist pour dénoncer le niveau du SMIC





Le grand assaut contre le SMIC

C’est sous la forme d’un dessin innocent que Le Monde avance son agenda néolibéral : deux personnes qui commentent deux graphiques, l’un indiquant une hausse du salaire moyen, l’autre la hausse du nombre de chômeurs, faisaint le lien que tous les néolibéraux font, à savoir que des salaires trop élevés entraineraient une augmentation du nombre de chômeurs. L’article souligne que les salaires ont augmenté en moyenne de 1,6% sur un an et les prix de 0,7%. Le directeur de Rexecode affirme qu’alors que le PIB a augmenté de 9,7% entre 2007 et 2013 et le salaire par tête a progressé de 13,6%.

Dans un argumentaire digne du patronat le moins social, le Monde poursuit en valorisant la baisse des salaires de 10% de 2010 à 2012 en Espagne, « recul salué par le chef du gouvernement espagol ». On se demande comment la journaliste ne voit pas l’immense contradiction qu’il y a à évoquer l’Espagne comme un bon exemple. L’Espagne et la Grèce ont baissé leurs salaires, mais elles ont le taux de chômage le plus élevé, alors qu’elles avaient déjà des salaires assez faibles pour l’Europe de l’ouest. S’il y avait un lien, le chômage devrait être plus bas que la moyenne à Madrid et Athènes.

En outre, la journaliste donne l’impression que le pouvoir d’achat progresse alors que cela est faux. D’abord, elle ne prend pas en compte la hausse des impôts, qui réduit le revenu disponible. Puis, elle oublie qu’une moyenne peut être illusoire et tirée par les plus hauts revenus : le salaire médian baisse en France depuis le milieu des années 2000, dans un phénomène proche de celui à l’œuvre aux Etats-Unis. Enfin, le directeur de Rexecode prend des chiffres hors inflation, une présentation biaisée.

La gauche social-traître

samedi 28 mai 2016

L’effarant portrait de femmes voilées du Monde

Il y a une semaine, le magazine hebdomadaire du Monde a publié un long article de 7 pages « Derrière le voile » affirmant décrire le « quotidien de jeunes femmes Françaises (…) qui ont choisi de porter le hijab ». Un portrait à sens unique, complaisant, et sans le moindre recul journalistique.



Quand le Monde milite pour le port du voile

C’est peu de dire que la présentation faite par le Monde des jeunes femmes qui portent le voile est partiale. Sur plus de 300 lignes de textes, une dizaine seulement évoquent le cas de jeunes filles poussées à porter le voile par leurs parents. Et encore, la première dit le porter « avec conviction » et l’autre y voit une raison légitime et culturelle… Les 97% de texte restant sont à sens unique, décrivant ainsi des jeunes femmes bien dans leur peau, ouvertes, pleinement dans leur époque : « prises en tenailles entre les rigoristes qui leur reprochent une approche occidentale de l’islam et les laïcards qui les décrivent comme des femmes soumises, les jeunes femmes croisées ce jour-là aux Halles semblent s’être construites une identité apaisée, française et musulmane (…), libre et voilée ».


Déjà, dans cette conclusion, le Monde ose faire un parallèle effarant entre les rigoristes islamistes et les laïcards ! Que l’on sache, les seconds ne produisent pas aujourd’hui de terroristes meurtriers… Il est tout de même assez incroyable de verser dans une forme de xénophobie aussi crue à l’égard de ceux qui pensent que le port du voile n’est pas compatible avec les valeurs de la République, dont tant ne peuvent pas être soupçonnés du moindre racisme. Cette inversion des valeurs est stupéfiante et conduit à un article sans le moindre recul, beaucoup trop à sens unique pour être crédible. En quoi les jeunes femmes qui vont aux Halles tout en portant le voile sont-elles représentatives des jeunes femmes qui portent le voile ? N’est-ce pas totalement partiel, outre le fait d’être partial ?



Le Monde aurait du rencontrer des femmes que l’on force ou que l’on a forcée à porter un voile contre leur volonté. Et il est assez effarant de ne pas remettre en cause le discours de jeunes femmes qui affirment que la religion musulmane impose le voile, alors qu’il me semble que la question n’est pas aussi tranchée, ainsi que le démontrent les photos d’Iran ou d’Afghanistan dans les années 1970. Dans le monde imaginé par le Monde, il n’y a pas de nuance. Les méchants, se sont ceux qui critiquent les jeunes qui choisissent de porter le voile (puisqu’elles le font toutes librement). Pas la moindre réflexion sur le rôle de ce voile dans la société, sur l’évolution des sociétés où il s’est imposé, ni encore sur ce que représente le projet de vie de la France, dont il faut bien reconnaître qu’il semble opposé au voile.

Encore une fois, le Monde révèle sa superficialité, le caractère aussi partiel que partial de ses « analyses ». Pourtant, le sujet est intéressant. Et même s’il décrit une réalité qui existe, il en passe sous silence une autre et passe totalement à côté du débat légitime sur les fondements de notre République.

mardi 5 juillet 2016

Le véritable clivage du Brexit (billet invité)

Billet invité de Marc Rameaux, auteur de « L’homme moderne »


Le souffle de l’apocalypse tant annoncée par les thuriféraires de l’UE étant retombé en une semaine, et le résultat étant ce qu’il est malgré les menaces dignes du « Parrain » de la part du président de la commission, beaucoup de commentateurs ont cherché à comprendre quelles lignes sociales le Brexit avait tracées.

Gaspard Koenig en a entrepris une première « analyse » dans le Figaro Vox, dont la tonalité confine bien davantage au mépris et à la haine profonde qu’à la volonté de comprendre. 

samedi 21 juin 2014

A lire : dossier spécial du Monde diplomatique sur le traité transatlantique (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus

Dans son édition de juin 2014, Le Monde diplomatique dresse un dossier très complet sur les débats relatifs au TTIP[i]. Je ne saurai qu’en conseiller la lecture, et pour se faire dresse ci-dessous les éléments qui m’ont paru les plus saillants[ii].


Les principales menaces du TTIP[iii]

-        Toute régulation de la finance deviendra quasi-impossible et le TTIP devrait amener à l’abrogation des quelques réglementations (déjà bien minimes) mises en place depuis 2008. Ainsi, « les négociateurs américains, conseillés par des banquiers de Wall Street, ont proposé d’ajouter au traité des règles contraires aux dispositions américaines visant à interdire les produits dérivés toxiques, à limiter la taille des banques dites too big to fail »[iv].

-        Au nom de la liberté de commerce, les normes sanitaires pourraient être revues à la baisse, ce qui induirait, par exemple, la « libre » commercialisation de viande touchée par la « vache folle » ou de lait contaminé[v].

-   

vendredi 19 septembre 2014

La critique révélatrice du Monde contre la grève des pilotes d'Air France


Bien sûr, il sera difficile de faire pleurer sur le sort des pilotes d'Air France, mais le papier du Monde « La grèves des pilotes d'Air France ne se justifie pas », par son caractère sans nuance et même assez biaisé, en dit long sur l'état d'esprit qui règne dans ce quotidien et sur l'évolution récente du débat public.



Une présentation biaisée du débat

Pour le Monde, la messe est dite : les pilotes d'Air France voleraient 20 à 25% de moins que ceux de British Airways ou Lufthansa et leurs salaires seraient 40% plus élevés que ceux de Transavia, la filiale bas coûts d'Air France. Pour un peu, il appelerait à tailler dans le gras... Sauf que, contrairement à de nombreux papiers publiés dans la rubrique souvent intéressante des Décodeurs, la présentation des faits est un peu courte. Un papier du Nouvel Observateur, que l'on n'imagine pas spécialement favorable aux pilotes d'Air France, explique que le niveau des salaires n'est pas si éloigné et que l'écart sur la moyenne vient du fait que les pilotes d'Air France sont beaucoup plus expérimentés.

En outre, l'argumentation du Monde est assez limite : il n'est pas compliqué pour une compagnie de créer une petite filiale à bas coûts qui paie ses salariés moins pour dire ensuite aux autres qu'il faut baisser leur salaire ! Et même s'il est évident que les pilotes d'Air France gagnent plus que 98% de la population, on peut se demander s'il ne s'agit pas d'une des professions qui mérite le plus une forte rémunération étant donné leurs responsabilités, la vie de leurs passagers, et que la formation pour devenir pilote est, heureusement, très dure et complète. Et, plus que le niveau absolu, il serait intéressant de mesurer l'évolution des salaires depuis 30 ans, qui n'a sans doute rien à voir avec ce qui s'est passé dans le monde de la finance ou du sport professionnel, qui ne me semblent pas mériter davantage que les pilotes...

Une course vers le moins disant qui ne peut être arrêtée ?

lundi 23 avril 2018

Le dérisoire buzz protectionniste de Donald Trump

Le président des Etats-Unis n’a pas été un héros de télé-réalité pour rien. Il aime ce qui fait parler, agiter l’écume, sans se soucier le moins du monde du fond des choses. Après deux ans de bruits protectionnistes, la comparaison avec la réalité des mesures prises, notamment sur l’acier, par-delà les annonces bruyantes, montre qu’en matière de protectionnisme aussi, Trump n’est pas à prendre au sérieux.


La politique économiques, façon clash et buzz

dimanche 21 décembre 2014

Cannabis : le triste et prévisible renoncement du Monde


C’est l’effarant cadeau de Noël du journal qui se veut la référence du journalisme en France : un éditorial soutenant la légalisation du cannabis, avec tout un dossier pour soutenir cette position. Bizarremment, le Monde fait largement l’impasse sur les études scientifiques qui en démontrent tous les dangers



Une aberration pour la santé publique

Le Monde profite du dossier de Terra Nova pour défendre la légalisation du cannabis. Pourtant, il dit que « la consommation précoce et, plus encore, régulière de cannabis est dangereuse, tout particulièrement pour les jeunes ; selon toutes les études scientifiques récentes, elle provoque un ralentissement du développement intellectuel et accentue les risques de troubles psychiques ». Mais ceci ne pèse pas lourd face à l’argent que l’état pourrait gagner en légalisant ce commerce et face à la forte consommation que la pénalisation n’a pas réussie à réduire. En revanche, il est honteux que les décodeurs n’évoquent pas la question de la santé dans son papier « Pourquoi la répression n’est sans doute plus la solution ».

Pourtant, ce n’est pas comme si le Monde n’en avait pas parlé. En septembre 2012, il titrait « Cannabis chez les adolescents : le QI en fumée », au sujet d’une étude démontrant, sur une durée de 20 ans, que la consommation de cannabis pouvait provoquer une baisse du Quotient Intellectuel de 8 points ! Pire, les troubles de la mémoire et de l’attention perdurent si l’on a commencé à l’adolescence. Outre la dépendance, la liste des effets est effrayante : problème de mémoire (jusqu’à une perte de 50% de la mémoire immédiate pour les gros consommateurs), d’attention, augmentation de 50 à 200% des maladies mentales et troubles comme la schizophrénie ou les psychoses, et réduction du cortex.

La démission habillée en laisser-faire

mercredi 23 mars 2016

Le patriotisme est un humanisme (billet invité)

Billet invité de Marc Rameaux, auteur de « L’homme moderne »


Patriote. Combien de fois le mot ne fut-il pas maudit dans les dernières décennies, stigmatisé, rabroué, accusé de tous les maux, considéré comme cause de toutes les violences, en regard d’un monde idéal et moderne qui s’en serait débarrassé.

La place que le monde post-moderne lui a assignée était d’être ad vitam aeternam le troisième pilier de la devise de Vichy. La cocarde ne pouvait plus être l’insigne des hommes épris de liberté, en lutte contre l’injustice et l’arbitraire, mais au mieux la marque de nostalgies surannées et douteuses, au pire le fait de fascistes et d’esprits étroits.

jeudi 9 mars 2017

Qui est M. Emmanuel Macron… (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus



Il ne m’est gère courant de reproduire dans son intégralité un article provenant d’une autre source, mais celui qui suit paraît tellement bien illustrer la personnalité qui se cache derrière le sourire du sieur Macron qu’il m’a semblé indispensable de le transmettre dans son intégralité.

vendredi 18 mai 2012

Grèce : la bêtise effarante du Monde


C’est dans un éditorial stupéfiant de bêtise que Le Monde a essayé une nouvelle fois de faire peur au sujet de la probable sortie de la Grèce de la monnaie unique. Comment ce journal, qui se dit de référence, peut se laisser aller à une telle démagogie ?

Une mauvaise foi extraordinaire

Le dernier paragraphe affirme « Pour les Grecs, ce (la sortie de l’euro) serait une tragédie pire encore que celle qu’ils vivent. Ils n’ont guère à attendre du retour à la drachme, qui, même dévaluée de 50%, n’améliorerait pas leurs comptes extérieurs pour une raison simple : la Grèce n’a rien à exporter. Le niveau de vie ne tomberait pas de 10 à 20% comme aujourd’hui, mais de 50%. Le pays a besoin d’investissements pas d’une dévaluation compétitive ».

Le Monde aurait voulu illustrer mon papier de mardi sur la gauche sectaire qu’il n’aurait pas fait autrement. Voici un journal supposé sérieux qui commet un éditorial digne d’un gamin euro béat qui ne connaîtrait rien à l’économie. Le quotidien vespéral affirme donc qu’une dévaluation de 50% de la drachme provoquerait une baisse du pouvoir d’achat de 50%, ce qui serait le cas si la Grèce importait 100% de son PIB. Mais, selon l’OCDE, les importations pèsent 20% du PIB.

Bien sûr, le pouvoir d’achat baisserait de 50% sur les importations, mais rapporté à la structure économique du pays, cela représente une perte de 10% du pouvoir d’achat. En outre, si la Grèce importe deux fois plus qu’elle n’exporte, cela indique tout de même que le pays a des choses à exporter justement (10% de son PIB), dont les ventes s’envoleraient en cas de dévaluation de la drachme. Idem pour le tourisme (16% du PIB), qui profiterait très largement d’une sortie de l’euro.

Une mauvaise analyse du problème

vendredi 15 août 2014

La voix de la France et la Bosnie oubliée (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus
« Ô drapeau de Wagram ! ô pays de Voltaire !
Puissance, liberté, vieil honneur militaire,
Principes, droits, pensée, ils font en ce moment
De toute cette gloire un vaste abaissement. »
Victor Hugo, Les Châtiments.




Il y a quelques jours, Laurent Pinsolle publiait un article sur l’état actuel de la Libye et les conséquences du droit d’ingérence. C’est également l’occasion de se remémorer un autre territoire, complètement oublié des médias : la Bosnie-Herzégovine.

Un pays à la dérive

En 1995, les accords de Dayton mettent fin (provisoirement : 4 ans plus tard aura lieu la guerre du Kosovo) à la guerre issue de la dislocation de l’ex-Yougoslavie. Ils instituent de fait un Etat pluriethnique, composé d’une fédération d’Etat, eux-mêmes basés sur l’homogénéité ethnique. Ces mêmes accords instituent de manière transitoire un poste de Haut représentant en Bosnie-Herzégovine, placé sous l’autorité du Conseil de sécurité des Nations Unies. Sauf que presque 20 ans plus tard, la « transition » perdure et la fonction de Haut représentant est toujours en place. Celui-ci a même, en violation des accords initiaux, considérablement accru ses pouvoirs puisqu’il cumule l’ensemble des prérogatives exécutives, se transformant de facto en techno-autocrate. Il peut ainsi annuler n’importe quelle décision prise par les instances politiques bosniennes ou imposer les siennes. Ce dont il ne se prive pas. Le « Prince » a ainsi, unilatéralement, décidé de la mise en place de plaques d’immatriculation communes, d’un passeport unique, d’une monnaie alignée sur l’Euro, d’une loi sur la citoyenneté, des couleurs du drapeau ou encore de révocations de plusieurs responsables locaux pourtant démocratiquement élus. La guerre menée au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes a donc, paradoxalement, accouchée d’un régime politique (ou plutôt apolitique, puisque pris étymologiquement le mot « politique » n’a ici plus de sens) complètement autocratique, soumis au fait du « Prince », sorte de « bien aimé leader » de la communauté internationale, étranger au pays de surcroit (le titulaire actuel, Valentin Inzko, est autrichien ; son prédécesseur, Miroslav Lajcak était slovaque). A côté de cela, la Russie de Vladimir Poutine passe pour une douce démocratie.

Par ailleurs, la terre d’origine de Zlatan Ibrahimovic reste soumise à de très fortes tensions, pas seulement ethniques (les Serbes réclament toujours leur rattachement à la Serbie voisine et les nationalistes croates sont en constante progression) mais aussi sociales : dans l’indifférence presque complète de nos médias nationaux des manifestations, parfois très violentes et durement réprimées, se succèdent depuis le début de l’année. Le système électoral mis en place est foncièrement discriminatoire puisqu’il contraint les candidats à déclarer leur appartenance ethnique (bosniaque, croate ou serbe), au point d’en attirer les foudres de la Cour européenne des Droits de l’Homme[i]. Le chômage demeure très élevé (27% en 2013) et la corruption endémique, seules les perfusions financières de l’Union européenne et du FMI évitent probablement l’effondrement.
Presque 20 ans après, l’échec de la « communauté internationale » est patent.

Un dangereux précédent

mercredi 17 septembre 2014

Médias : ces assistés qui s’ignorent (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus.

La presse grand public sonne en cœur, ou presque, pour lutter contre la dépense publique et l’assistanat. On retrouve ainsi ci-dessous un florilège de ces unes les plus tapageuses :


La presse dite « de gauche », si elle procède, sur ce sujet, moins par unes tapageuses, n’est pas un reste. Le Monde (15/10/2011) s’interroge ainsi : « La France est-elle un pays d’assisté ? », la tournure de la question laissant sous-entendre la réponse. Le 5 avril dernier, il en appelait encore à lutter contre la dette publique. Dans Les Inrockuptibles (16 novembre 2011), Serge July plaide pour une rigueur « de gauche »[i]. Vincent Giret lui emboîte le pas dans les colonnes de Libération le 6 décembre 2011[ii]. L’inénarrable Christophe Barbier espérait (L’Express, 04/11/2011) un « bon président » qui prendrait des « mesures précises, douloureuses et efficaces » pour « ne plus attendre de l’ « Etat Mama » les soins et les consolations ». On n’oubliera pas, bien sûr, l’inévitable, Alain Minc, présent à tour de rôle dans à peu près tous les médias : « Je crois qu’on est désormais dans un nouveau paradigme qui est le suivant : la vertu budgétaire crée la confiance, la confiance crée la consommation et l’investissement. La consommation et l’investissement créent la croissance. Aujourd’hui, le paradigme c’est : “Vertu budgétaire, confiance, croissance”. Et donc, de ce point de vue, les gestes faits pour établir la confiance vis-à-vis des marchés sont le meilleur encouragement à la croissance, bien plus que ne l’était autrefois quelques milliards dépensés »[iii]. Nicolas Baverez, incontournable au Point, mais précédemment à l’Express, pousse, lui, le bouchon encore plus loin : « Autant il est apprécié pour aller dans le Luberon, autant, pour les couches les plus modestes, le temps libre, c’est l’alcoolisme, le développement de la violence, la délinquance, des faits malheureusement prouvés par les études »[iv].
Bien évidemment, ces éditocrates ne relèvent que rarement parmi tous ces « assistés » qu’ils vilipendent à loisir, la moitié d’entre eux, par exemple, ne réclame pas le RSA quand ils y sont éligibles[v].

lundi 15 décembre 2014

Salaires : quand le Monde déborde le Medef par la droite


Voici le genre d’article qui symbolise la perdition absolue dans laquelle le débat public se trouve aujourd’hui. Voilà que Le Monde voit dans la hausse de 1,4% des salaires, un signe de nos rigidités ! Pour un peu, ils appelleraient à une baisse du SMIC de 30%, comme The Economist !



L’économie pour les nuls

Il faut croire que depuis la mort de Margaret Thatcher, son esprit hante une partie des élites intellectuelles dites de gauche. J’ai fait des copies écran de cet article au cas où le Monde finirait par se rendre compte de l’énormité de ce papier. Difficile de trouver plus antisocial. Décidemment, ce qu’on appelle la gauche, quand elle est libérale et libertaire, semble avoir une capacité assez étonnante à défendre des idées profondément anti-progressistes. Le Monde rend compte d’une statistique révélant que le salaire moyen de base a progressé de 1,4% sur un an, soit 1,2 point de plus que l’inflation osant affirmer que « malgré la crise, la dynamique des salaires réels ne se dément pas ».



Déjà, passons sur le fait qu’une progression de 1,2% marque une quelconque dynamique. Puis, ces chiffres ne portent que sur les entreprises de plus de 10 salariés et excluent agriculture et emplois publics… Enfin, tout journaliste économique devrait savoir qu’une moyenne peut être trompeuse. Aux Etats-Unis, de 2009 à 2012, les revenus ont progressé en moyenne de 6,1%, mais cette hausse n’a été que de 0,4% si on exclut ceux du 1% le plus riche, et ils ont même baissé pour 90% de la population ! Idem sur l’indice d’inflation qui n’est pas le même pour tout le monde. On aimerait aussi que le Monde rappelle la baisse record du pouvoir d’achat en 2012, ce qui relativise ce maigre gain théorique.

Thatcher, sort de ce journal !

samedi 23 janvier 2021

Les illusions de l’investiture de Biden

L’investiture officielle de Biden a été largement saluée par les grands média, communiant dans un sentiment de passage du mal au bien, après les quatre années de l’extravagante présidence Trump. Mais le regard porté sur cette nouvelle administration, portée aux nues sans nuance, risque de provoquer de graves déconvenues dans les prochaines années, tant ses carences sont grandes.

 


Le président idéal pour le clan Trump

 

vendredi 16 janvier 2015

Euro, tribunaux d'arbitrage : les choix de mots révélateurs du Monde


Dans le débat public, le choix des mots que l’on utilise a une influence considérable. On peut penser que davantage de personnes sont favorables à une monnaie forte plutôt qu’une monnaie faible. La rhétorique du Monde sur l’euro et les tribunaux d’arbitrage privés est très révélatrice.



Juste prix ou faiblesse ?

La nette baisse de l’euro depuis le milieu d’année dernière déclenche des analyses très biaisées de la part des média qui soutiennent mordicus la monnaie unique européenne. Pourtant, à 1,17 dollar, elle est revenue à son cours d’introduction et à un niveau proche du cours auquel les économistes estiment qu’elle devrait être cotée. Malheureusement, depuis trente ans en France, nous sommes pollués par les partisans maladifs et fanatiques d’une monnaie chère pour qui toute baisse de la parité de la monnaie équivaut aux sept plaies d’Egypte. Le Monde propose un décryptage des conséquences de la baisse de l’euro qui équivaudrait à « un transfert de la valeur des consommateurs vers les exportateurs ».

On est dans la ligne d’Axel de Tarlé, sur Europe 1, qui pointait la hausse du prix du tourisme aux Etats-Unis, oubliant que cela n’est accessible qu’à une infime minorité, et des téléphones ou de l’essence (non vérifiés à date). Il faut rappeler ici que cette baisse de l’euro ne provoque une hausse des prix d’importations qui ne représentent que 8% du PIB environ. Pas de quoi fouetter un chat ! En outre, le consommateur est aussi un producteur qui profitera du léger rééquilibrage de notre commerce que provoquent ces mouvements monétaires. Il est absurde d’opposer consommateurs et exportateurs, à moins d’être un missionnaire de la monnaie chère, utile pour qui voyage souvent à l’étranger…

Peur (irrationnelle) ou opposition (démocratique)

lundi 7 janvier 2019

samedi 26 octobre 2019

Recomposition – Le populisme comme nouvelle force politique (4/4) (billet invité)

Billet invité de Marc Rameaux, qui a publié « Portrait de l’homme moderne », suite de la 1ère partie, de la 2ème partie et de la 3ème partie

 


Qui s’est livré à la démagogie ?


Une notion nous sera utile pour analyser les démagogies modernes, celle forgée par la philosophe Renée Fregosi sous le nom de « justicialisme ».

Le justicialisme désigne l’attitude d’endosser un habit de justicier et de se croire investi à ce titre de la mission de sauver le monde dont on a la charge, ce qui implique également de châtier des coupables supposés être à l’origine de tous les maux. Grande spécialiste de l’Amérique latine, Renée Fregosi a forgé ce terme en référence au Péronisme Argentin.

jeudi 7 mai 2015

Vous avez dit « repli sur soi » ? partie 2 (billet invité)

Billet invité de Marc Rameaux, qui vient de publier « Portrait de l’homme moderne », suite de la 1ère partie

L’usurpation économique


Le néo-libéral s’auto-décerne des brevets de « réalisme » et « d’efficacité économique », à travers notamment la notion de libre concurrence. Il n’admettra éventuellement de freins aux forces du marché que celles qui viseraient à en tempérer les dégâts humains, comme celui qui lâcherait une aumône lui donnant bonne conscience, confortant un peu plus dans son esprit sa position de « réaliste » par rapport à des « sentimentaux ».

C’est pourtant lui – comme le note Georges Soros – qui peut être qualifié de naïf et d’irréaliste. Le discours de la concurrence « pure et parfaite » n’est jamais tenu par de véritables hommes d’entreprise, mais par ceux qui passent leurs temps entre plateaux télé, presse creuse et cocktails mondains. Et bien entendu par les membres de la commission européenne, qui parviennent à cumuler la bêtise des trois précédents.

Ceux qui font le monde de l’entreprise, qui conçoivent, agissent et produisent, savent comment l’économie fonctionne véritablement. Et ce n’est en aucun cas le mode de la « concurrence pure et parfaite ». L’économie de marché fonctionne – cela est maintenant de plus en plus clair pour les économistes sérieux – selon le mode de la concurrence monopolistique, un modèle qui n’a rien de commun avec les rêveries idéologiques des néo-libéraux. En quoi la concurrence monopolistique consiste-t-elle ? Elle suit un principe très simple, connu depuis bien plus longtemps que nos économies modernes car il est au fondement de tout art de la guerre : toute stratégie de combat consiste à obtenir un temps d’avance sur l’adversaire. Transposée au monde économique, elle conduit au schéma suivant, exposé par le grand Joseph Schumpeter :
·       Un entrepreneur introduit sur le marché une innovation (pas seulement une innovation technologique, cela peut être un nouveau service ou un nouveau canal commercial).