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dimanche 26 mai 2024

La macronie, faussaire de statistiques

Normalement, ce sont les régimes autoritaires, ou les démocraties pas entièrement fonctionnelles qui cèdent à ce genre de manœuvre, qui reposent sur un déséquilibre des pouvoirs, un rapport à la réalité très distant, et des médias trop complaisants avec le pouvoir. Malheureusement, c’est une pratique à laquelle l’exécutif cède de plus en plus avec deux nouveaux exemples cette semaine.

 


Maquiller les échecs en succès

 

lundi 20 mai 2024

samedi 5 mars 2016

Libéralisme économique et chômage (réponse à Charles Wyplosz) (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus


« Tu as vu un okoumé à distance, va jusqu'au pied pour l'examiner ».
Proverbe gabonais

Les lieux communs de la pensée libérale ont, décidément  la vie dure. Dans une récente tribune du Figarovox, Charles Wiplosz vantait les vertus du libéralisme économique pour lutter contre le chômage[i], préconisant, disait-il antérieurement, une solution que nul n’avait essayé (du moins en France) : accroître la flexibilité du marché du travail[ii]. Diantre ! Trente ans que l’on en parle, on l’aurait donc rien fait (ou si peu) ? On lui rappellera, dans un premier temps, quelques exemples (parmi d’autres) de mesures prises ces dernières années pour, déjà, accroître la flexibilité du marché du travail :
-        - En 1983, la « gauche » initiait son « tournant de la rigueur » en supprimant l’indexation automatique des salaires sur l’inflation (merci Jacques Delors …)[iii].
-        - En 1986, dès son arrivée au pouvoir, la droite supprima l’autorisation administrative de licenciement pour motif économique.
-        - la loi du 14 juin 2013 a encore accru la souplesse de l’exécution des licenciements[iv].
-        - Et enfin, cerise sur le gâteau, la toute récente loi Macron qui, entre autres, assouplit les conditions de travail de nuit et du dimanche, diminue drastiquement les attributions des pouvoirs prudhommaux et de l’inspection du travail[v], la loi El Khomri se préparant à en remettre une couche, et non des moindres.

samedi 3 octobre 2015

Un autre regard sur la crise à Air France




Derrière les apparences


Mais cette présentation des choses est un peu courte. Déjà, raisonner en heure de vol est aussi partiel que partial. Les syndicats contestent les chiffres de la direction, qu’ils comparent aux autres grandes compagnies européennes. Il est bien évident que les compagnies à bas coûts ont sans doute pu embaucher à bas prix avec un chômage aussi élevé… D’ailleurs la compétition n’est pas loyale, notamment avec les compagnies du Golfe, qui bénéficient d’avantages colossaux et auquel le gouvernement continue pourtant d’accorder de nouveaux créneaux en France… En outre, on peut comprendre que les syndicats contestent ces nouveaux efforts alors que la compagnie s’est redressée, au point qu’elle va dégager 300 millions de profits en 2015. Enfin, il est étonnant que l’on oublie l’opposition des PNC…

Une logique détestable

mercredi 3 juin 2015

Le chômage bat des records : continuons dans la même direction !

Lundi, le ministère du travail a annoncé une nouvelle flambée du chômage : 26 200 demandeurs d’emplois de catégorie A de plus, pour un total de 3,536 millions en métropole, soit 641 200 de plus depuis l’élection de François Hollande. La réaction du gouvernement ? Poursuivre sa politique…



L’échec sur toute la ligne

Et dire que François Hollande souhaitait vite inverser la courbe du chômage ! Alors qu’il vient de fêter ses trois ans de mandats, et qu’il a bien imprudemment annoncé qu’il ne pourrait pas se représenter si la courbe du chômage ne baissait pas, le chômage continue de battre record sur record, mois après mois. Pourtant, ce n’est pas faute de s’être demené puisque le gouvernement a mis en place des emplois d’avenir pour les jeunes et les contraits de génération, pour un total de près de 200 000 depuis 2012. Et n’oubliant pas les entreprises, il a mis plus de 6 milliards sur la table pour baisser le prix du travail avec le CICE et va en mettre 40 avec le pacte de compétitivité et il libéralise le droit du travail.



Déjà, devant la baisse continue des investissements, le gouvernement avait bricolé une énième niche fiscale pour pousser les entreprises à investir. Mais la hausse continue du chômage a poussé le ministre du travail à réagir en annonçant la création de 100 000 emplois aidés supplémentaires, une pratique utilisée par tous les gouvernements ou presque depuis 35 ans, avec le succès que l’on sait… Et parallèlement, la baisse du prix du travail se poursuivra, ainsi que l’agenda de libéralisation. La recette de l’échec, à moins que les vents plus porteurs de la conjoncture (euro, pétrole et taux d’intérêts au plus bas) ne permettent une inversion de la courbe, comme cela s’était passé de mai 2005 à février 2008.

Quand le cerveau est éteint

lundi 15 décembre 2014

Salaires : quand le Monde déborde le Medef par la droite


Voici le genre d’article qui symbolise la perdition absolue dans laquelle le débat public se trouve aujourd’hui. Voilà que Le Monde voit dans la hausse de 1,4% des salaires, un signe de nos rigidités ! Pour un peu, ils appelleraient à une baisse du SMIC de 30%, comme The Economist !



L’économie pour les nuls

Il faut croire que depuis la mort de Margaret Thatcher, son esprit hante une partie des élites intellectuelles dites de gauche. J’ai fait des copies écran de cet article au cas où le Monde finirait par se rendre compte de l’énormité de ce papier. Difficile de trouver plus antisocial. Décidemment, ce qu’on appelle la gauche, quand elle est libérale et libertaire, semble avoir une capacité assez étonnante à défendre des idées profondément anti-progressistes. Le Monde rend compte d’une statistique révélant que le salaire moyen de base a progressé de 1,4% sur un an, soit 1,2 point de plus que l’inflation osant affirmer que « malgré la crise, la dynamique des salaires réels ne se dément pas ».



Déjà, passons sur le fait qu’une progression de 1,2% marque une quelconque dynamique. Puis, ces chiffres ne portent que sur les entreprises de plus de 10 salariés et excluent agriculture et emplois publics… Enfin, tout journaliste économique devrait savoir qu’une moyenne peut être trompeuse. Aux Etats-Unis, de 2009 à 2012, les revenus ont progressé en moyenne de 6,1%, mais cette hausse n’a été que de 0,4% si on exclut ceux du 1% le plus riche, et ils ont même baissé pour 90% de la population ! Idem sur l’indice d’inflation qui n’est pas le même pour tout le monde. On aimerait aussi que le Monde rappelle la baisse record du pouvoir d’achat en 2012, ce qui relativise ce maigre gain théorique.

Thatcher, sort de ce journal !

samedi 29 novembre 2014

L’effarant rapport Pisani-Ferry / Enderlein qui recommande la baisse du pouvoir d’achat


Deux économistes, allemand et français, ont proposé un agenda de sortie de crise. Leur recette miracle : un blocage des salaires, qu’il camoufle sous le terme convergence ! Une proposition qui est un contre-sens économique et qui en dit long sur les errements intellectuels de notre époque.



Un contre-sens économique

S’ils ont raison de souligner qu’il est essentiel de lutter contre le chômage, qui atteint 15% de la population active en France, partir du postulat que la recette allemande du début des années 2000 pourrait marcher aujourd’hui est absurde. D’abord, il ne faut pas oublier que la potion amère du chancelier Schröder avait alors fait de l’Allemagne le pays malade de l’Europe, avec une croissance très faible, et qu’il a produit une baisse de 15% du pouvoir d’achat pour un tiers de la population, une forte hausse de la pauvreté (plus élevée qu’en France encore aujourd’hui malgré le différentiel de chômage).

Mais surtout, la potion amère allemande a été rendue possible par sa spécialisation industrielle et l’explosion de ses exportations, mais aussi par le fait que les autres pays européens ne menaient pas la même politique, ce qui a maintenu ses débouchés, et a compensé la faiblesse de la demande intérieure par ses exportations. Tout le problème est que ce raisonnement, appliqué à l’échelle du continent européen, comme il l’est depuis 2010, tue la croissance au lieu de la relancer. Face à une crise de la demande, une politique de l’offre généralisée est vouée à l’échec car elle pèse sur la demande.

La social-démocratie à la dérive

samedi 15 novembre 2014

Le rebond dérisoire de la croissance


Hier, l’INSEE a annoncé que la croissance a rebondi de 0,3% au troisième trimestre, sécurisant le nouvel objectif de croissance de 0,4% sur l’ensemble de l’année du gouvernement. Mais derrière les grands titres autour d’un résultat médiocre, la réalité est encore plus inquiétante.



Stocks au vert, investissements et commerce au rouge

Certes, à 0,3%, la croissance de ce trimestre dépasse le cap du 1% en rythme annuel. Mais bien des détails amènent à relativiser ce chiffre. D’abord, le chiffre du précédent trimestre a été révisé à la baisse, puisqu’au lieu d’être stable, le PIB a reculé de 0,1% au second trimestre, ce qui signifie que la croissance n’a été que de 0,2% en 6 mois… Ensuite, le détail des statistiques est encore plus inquiétant. En effet, la croissance totale de 0,3 points est la somme d’une contribution positive de 0,3 point de la consommation et de 0,3 point des stocks et d’une contribution négative de 0,2 point du commerce et de 0,1 point des investissements !

En clair, à stocks constant, nous n’aurions pas eu de croissance ! Et comme l’histoire le montre, quand les stocks montent un trimestre, ils ont tendance à baisser le trimestre suivant, surtout au  3ème et au 4ème trimestre. Et cela ne doit pas faire oublier une nouvelle contribution négative du commerce extérieur avec une augmentation des importations supérieure à celle des exportations (+1,1% contre +0,5%), signe d’autant plus inquiétant que c’est le troisième trimestre consécutif de dégradation… Toujours aussi inquiétant, la nouvelle baisse des investissements, qui reculent de 0,6%, pour le 4ème trimestre consécutif, ce qui augure mal de l’avenir.

Un échec malheureusement prévisible

mercredi 29 octobre 2014

Bilan économique et social de François Hollande à mi-mandat (billet invité)


Billet invité de l’œil de Brutus.


Nul besoin d’ergoter pendant des lustres sur le bilan de François Hollande en termes de résultats économiques : ceux-ci sont à la mesure d’un chômage qui crève tous les plafonds et d’une croissance qui reste désespérément atone à tel point que les défauts d’investissements d’aujourd’hui commencent par mettre gravement en péril la France de demain[i]. Mais, contrairement aux mensonges du gouvernement sur le sujet ce bilan n’est pas un simple effet de cycle économique ou la simple résultante d’une situation catastrophique laissée par la majorité précédente. Il est aussi indubitablement lié aux mesures prises par François Hollande et sa clique : une thérapie de choc néolibérale qui ferait se pâmer d’envie une Margaret Thatcher en goguette ou un Chicago boys friedmanien en mal de reconnaissance. Car lorsqu’en période de récession, l’on massacre à ce point l’économique et le social, il ne faut guère s’attendre à ce que ménages et entreprises (celles tenues par de véritables entrepreneurs, non les vampires multinationaux) retrouvent le goût de l’initiative, de la dépense et de l’investissement, éléments pourtant indispensables à la création d’emplois. Et lorsque l’on met une telle morgue, une telle arrogance et un tel acharnement à détruire les structures économico-sociales[ii] d’un peuple, il ne faut pas s’étonner, qu’un jour ou l’autre, il vous le fasse payer.
Petite recueil (non exhaustif) donc, des mesures économico-sociales prise par la « gauche de droite » la plus décomplexée que la France ait jamais connue[iii] :

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samedi 18 octobre 2014

Concurrence et compétitivité : 4 lieux communs revisités (billet invité)


Billet invité de Marc Rameaux


1       Les deux principes de l’économie de marché

Toute économie de marché est fondée sur deux principes, l’un sans cesse brandi et loué par les néo-libéraux, l’autre beaucoup moins connu et mis en avant, qui en est pourtant le véritable moteur.
Ce n’est que de la tension entre ces deux principes, d’ailleurs contradictoires, que provient toute création de richesse et toute économie bien gérée.
La méconnaissance de ces deux forces contraires et de leur tension dynamique pour animer le moteur économique est la misère du néo-libéralisme, qui lui préfère la vénération abêtissante d’une seule idée.
Il est vrai que se prosterner indéfiniment devant un principe unique doit avoir pour eux quelque chose de rassurant, à la mesure de la capacité et de la force de leur esprit. Afin de déjouer la bêtise de ces dévots, explorons ce qu’est la véritable tension créatrice de l’économie.

1.1     Le premier principe : la libre concurrence

vendredi 19 septembre 2014

La critique révélatrice du Monde contre la grève des pilotes d'Air France


Bien sûr, il sera difficile de faire pleurer sur le sort des pilotes d'Air France, mais le papier du Monde « La grèves des pilotes d'Air France ne se justifie pas », par son caractère sans nuance et même assez biaisé, en dit long sur l'état d'esprit qui règne dans ce quotidien et sur l'évolution récente du débat public.



Une présentation biaisée du débat

Pour le Monde, la messe est dite : les pilotes d'Air France voleraient 20 à 25% de moins que ceux de British Airways ou Lufthansa et leurs salaires seraient 40% plus élevés que ceux de Transavia, la filiale bas coûts d'Air France. Pour un peu, il appelerait à tailler dans le gras... Sauf que, contrairement à de nombreux papiers publiés dans la rubrique souvent intéressante des Décodeurs, la présentation des faits est un peu courte. Un papier du Nouvel Observateur, que l'on n'imagine pas spécialement favorable aux pilotes d'Air France, explique que le niveau des salaires n'est pas si éloigné et que l'écart sur la moyenne vient du fait que les pilotes d'Air France sont beaucoup plus expérimentés.

En outre, l'argumentation du Monde est assez limite : il n'est pas compliqué pour une compagnie de créer une petite filiale à bas coûts qui paie ses salariés moins pour dire ensuite aux autres qu'il faut baisser leur salaire ! Et même s'il est évident que les pilotes d'Air France gagnent plus que 98% de la population, on peut se demander s'il ne s'agit pas d'une des professions qui mérite le plus une forte rémunération étant donné leurs responsabilités, la vie de leurs passagers, et que la formation pour devenir pilote est, heureusement, très dure et complète. Et, plus que le niveau absolu, il serait intéressant de mesurer l'évolution des salaires depuis 30 ans, qui n'a sans doute rien à voir avec ce qui s'est passé dans le monde de la finance ou du sport professionnel, qui ne me semblent pas mériter davantage que les pilotes...

Une course vers le moins disant qui ne peut être arrêtée ?

mercredi 17 septembre 2014

Valls, l'équilibriste qui marche sur un fil qui mène vers le vide


Hier, le Premier Ministre a prononcé un nouveau discours de politique générale et a obtenu le soutien de 269 députés. Même si le fond reste le même, sur la forme, Manuel Valls modère un peu son enthousiasme eurolibéral, sans doute un hommage à la synthèse chère à son chef…



Quelques gages donnés à son aile gauche

Le discours d’hier aurait sans aucun doute pu être écrit ou dit par François Hollande, tant il représente son goût de la synthèse avec le maintien sans nuance du cap politique qui consiste à tout miser sur une illusoire baisse du prix du travail de 40 milliards, tout en donnant quelques gages à l’aile gauche du PS, qui doit aussi avaler la réduction des déficits publics, le blocage du SMIC et d’autres mesures antisociales. Manuel Valls a ainsi procédé à quelques annonces destinées à tempérer les ardeurs sécessionnistes des frondeurs. Après avoir baissé les impôts de 4 millions de ménages en 2014, 6 millions en profiteront en 2015. Le minimum vieillesse est revalorisé de… 1% et les 35 heures sont sanctifiées.

Encore mieux, après avoir été applaudi debout aux universités d’été du Medef, il lui a envoyé une mise en garde contre la « provocation » et la « surenchère ». Bourde de Pierre Gattaz qui, suite aux déclarations d’amour d’août s’est laissé emporter par son enthousiasme naissant, ou chorégraphie qui arrange l’un et l’autre ? Enfin, il a soutenu que « la France décidait elle seule de ce qu’elle devrait faire » en matière de budget, une contradiction totale avec le TSCG, cette camisole budgétaire signée en début de mandat. Bref, nous sommes dans la situation paradoxale où, alors qu’il donne quelques petits gages à son aile gauche, celle-ci s’abstient lors du vote de confiance au gouvernement.

Le néolibéralisme, version gauche

samedi 13 septembre 2014

Cette petite musique néolibérale qui s’impose


Il fallait vraiment écouter l’interview de Christian Noyer sur Europe 1 jeudi matin. On y trouvait un condensé de toutes les idées préconçues néolibérales, défendues avec le sérieux donné par le statut de gouverneur de la Banque de France. Un discours malheureusement dans le vent.


Austérité, recul de l’Etat et compétitivité

La lecture de la crise actuelle par le gouverneur de la Banque de France est d’une simplicité biblique. Notre pays pêcherait par le poids de ses taxes et impôts, qui pénaliserait sa compétitivité. Il a également appelé à réduire le déficit budgétaire en « coupant hardiment dans les dépenses ». Même s’il ne l’a pas cité, on devinait derrière tout son discours une forme de fascination pour le modèle allemand. Mais cette fascination semble avoir également provoqué un arrêt du cerveau. En effet, couper vigoureusement dans les dépenses publiques ne ferait que plonger le pays dans une récession violente, comme on l’a vu à Madrid ou Athènes (avec plus de 25% de chômeurs), comme même le FMI le reconnaît.

La course à la compétitivité est également absurde dans un monde où il est possible de trouver des salariés que l’on paie 100 euros par mois en Europe de l’Est, en Afrique du Nord ou en Asie. Jusqu’où faudrait-il baisser les salaires et la protection sociale pour être enfin considéré comme compétitif dans ce monde mondialisé qu’il ne remet pas en question ? Naturellement, Christian Noyer n’a donné aucune preuve qui démontrerait que l’Etat français dépenserait tant que cela. Manque de chance : nous manquons de professeurs dans le primaire et ils sont moins payés que la moyenne de l’OCDE… Il est malheureux que Jean-Pierre Elkabbach n’ait pas cherché à remettre en question ses propos.

Le néolibéralisme gagne une bataille ?

vendredi 29 août 2014

Pourquoi François Hollande persiste dans l’erreur ?


Cela pourrait passer pour un paradoxe, et pas le moindre : alors qu’il est en échec, dans l’opinion comme dans les faits (avec de très mauvais résultats économiques), François Hollande persiste sur sa politique et vient de nommer un gouvernement qui lève toute ambiguité sur sa ligne eurolibérale. Pourquoi ?



Une politique vouée à l’échec

Les raisons de l’échec de la politique menée par la majorité actuelle sont nombreuses. La première, sans nul doute, a été la volonté de réduire trop vite les déficits du fait de la crise de la zone euro (premier problème posé par la monnaie unique). En augmentant les impôts, comme Nicolas Sarkozy avant elle, la croissance a été étouffée, même le FMI le reconnaissant aujourd’hui que la réduction des déficits pèse sur le niveau de la croissance. Les hausses d’impôts ont réduit la demande. Mais ce n’est pas tout. La cherté de l’euro pénalise l’industrie, d’autant plus que nous avons ouverts nos frontières avec un niveau de salaire et de protection sociale bien supérieur à la moyenne. Et avec l’euro, nous avons aussi renoncé au levier monétaire, utilisé par les banques centrales de nombreux autres pays.
Compétitivité

Plus globalement, la mondialisation actuelle donne le pouvoir aux multinationales et aux actionnaires, d’où les profits énormes réalisés, la désertion fiscale et une forme de racket des actionnaires, par de nombreux mécanismes, comme les rachats d’action (pour lesquels certaines entreprises empruntent). Plutôt que de remettre en cause le contexte, les « socialistes » tentent de s’y adapter. Et comme le prix du travail est plus élevé en France qu’ailleurs, ils veulent le réduire de 40 milliards. Mais ce raisonnement est absurde. Parce qu’il est gagé sur 50 milliards de baisse de dépenses publiques, il hypothèque la croissance des prochaines années. Et les baisses du prix du travail en France sont totalement dérisoires quand il existe en Asie, en Afrique du Nord ou en Europe de l’Est des pays où le salaire mensuel tourne autour de 100 euros par mois. La course à la compétitivité est une impasse suicidaire.

Pourquoi Hollande persiste ?

lundi 16 juin 2014

Alerte à la déflation sur l’Europe





La déflation en marche dans le Sud

Si l’inflation moyenne de la zone euro est tombée à 0,5%, contrairement à d’habitude, c’est l’Allemagne qui fait monter la moyenne globale, puisque certains pays sont rentrés dans une phase de baisse des prix. En Grèce, où ils baissent depuis un an, la chute des prix a atteint un nouveau sommet en mai, pas moins de 2% sur un an (ce qui signifie aussi que le poids de la dette augmenterait mécaniquement de 2% en un an, même avec un déficit nul). La baisse des prix semblent se généraliser à la majorité des secteurs, à quelques exceptions près (tabac, alcool, santé).  Et les prix ont également baissé de 0,2% en mars en Espagne, une première depuis 2009 et ils baissent au Portugal depuis février.

Bref, le processus déflationniste est bien entamé dans une partie de la zone euro, et notamment dans sa 4ème économie, sachant que l’Italie n’en est pas très loin. Ceci est une conséquence directe de la monnaie unique puisqu’auparavant, en cas de déficit de compétitivité, un pays pouvait dévaluer, mais aujourd’hui il faut jouer sur le niveau des salaires, comme l’ont montré ces pays qui ont baissé leur SMIC. Certes, cela permet de rééquilibrer la balance commerciale, mais en jouant principalement sur la baisse des importations et en produisant un cataclysme social, illustré par un taux de chômage au-delà de 25% et une descente aux enfers d’une majorité de la population, que l’histoire jugera durement.

La France est-elle à l’abri ?


samedi 3 mai 2014

Gagner la guerre des mots contre le néolibéralisme


Après avoir étudié la guerre des mots que nous devons mener pour s’opposer à la signature du traité transatlantique, il ressort également de ce traité tous les poncifs néolibéraux pour défendre le laisser-faire et le laisser-passer, auxquels il faut également faire un sort.



Maquiller la jungle

Libéralisation : c’est un des termes les plus employés pour défendre les politiques économiques menées depuis quarante ans. Mais derrière ce terme, se cache en réalité la promotion de la loi de la jungle, la loi du plus fort, une anarchie néolibérale, que les démocraties ne pourraient plus maîtriser. En réalité, il s’agit d’une forme de retour à l’état de nature, une déconstruction de ce qui fait l’humanité. Car il s’agit d’une vision extrême de la liberté, jamais encombrée par les principes d’égalité et de fraternité notamment.

Une plus grande ouverture : voici un mot utile pour les néolibéraux. Qui peut vouloir être pour la fermeture plutôt que l’ouverture ? Un bon moyen de biaiser les débats. Mais en réalité, dans le traité transatlantique, il s’agit en fait d’une moindre protection, et du règne de l’argent, du laisser-faire et du laisser-passer

Intégration économique : forcément, dire que l’on va autoriser la vente du bœuf aux hormones étasunien en Europe n’est pas très motivant. La normalisation des normes est un terme trop technique, un peu effrayant. Les néolibéraux ont donc trouvé le terme d’intégration, porteur de valeurs positives, pour maquiller les desseins du traité transatlantique. Et si on disait restriction de notre possibilité de choisir ce que nous mangeons et consommons ? L’intégration devient alors beaucoup moins souhaitable.

Sur les grands débats du moment

jeudi 1 mai 2014

Vote du plan d’austérité : pari gagné pour Valls, mais perdu pour la France




L’aile gauche du PS joue au bon flic

C’est un commentateur du blog, rebondissant sur un papier, qui m’a suggéré cette image, assez juste. Car au final, les abstentionnistes ont suffisamment montré leur différence pour pouvoir dire qu’ils ne sont pas pleinement solidaires du plan d’austérité. Mais ils ne sont pas allés assez loin (voter contre) pour se fâcher contre l’appareil socialiste et mettre en danger leur investiture et à risque l’approbation du texte. En fait, alors que le gouvernement exécute, comme il le peut après la campagne, les basses œuvres néolibérales, l’aile gauche regarde, compatissante, le peuple français en lui disant qu’elle n’est pas complètement d’accord. Mais elle a laissé passer le texte (l’abstention étant ici plus un « oui mais » qu’autre chose) contre des modifications à la marge (environ 1% du montant du plan).

En promettant de taper 1% moins fort, Manuel Valls a ainsi obtenu que son aile gauche ne se mette pas en travers de son chemin, ce qui en dit long sur les convictions réelles de cette « aile gauche ». On peut même se demander si la tragi-comédie des derniers jours n’a pas été orchestrée par Matignon et l’Elysée tant cela les sert tous. Cela montre que la majorité s’étend des frontières du centrisme à celles du FG. Cela donne une caution sociale aux abstentionnistes et, en modifiant un peu son plan, une touche d’humanisme à Valls. D’ailleurs, l’UMP était bien gêné aux entournures, l’appel à un plan deux fois et demi plus important, de 130 milliards (financé on ne sait comment dans le détail) ayant été publiquement refusé par deux figures du mouvement, François Baroin et NKM. Le PS fonce au centre toute !

Un très mauvais plan